3 janvier 1990 - Seul le prononcé fait foi
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, lors de la présentation des voeux du corps diplomatique, notamment sur la démocratisation de l'Europe de l'Est, la construction européenne et le conflit du Liban, Paris, le 3 janvier 1990.
Monsieur le Nonce,
- Mesdames,
- Messieurs,
- Je voudrais vous remercier des voeux que vous venez d'exprimer à l'intention de mon pays et de moi-même. Et je vous demande de bien vouloir transmettre à sa Sainteté le Pape Jean-Paul II les voeux, qu'à mon tour, je forme pour sa personne.
- En parlant de l'année qui vient de s'écouler en France, vous nous avez fait, monsieur le Nonce, l'amitié d'évoquer la commémoration du Bicentenaire de la Révolution française et c'est vrai que nous l'avons célébré à Paris en y associant des personnes d'horizon et de nationalités diverses en hommage aux hommes qui, il y a deux cents ans, avaient proclamé l'universalité de leurs principes et de leur combat pour la liberté.
- Mesdames et messieurs ce qui a fait de l'année qui vient de s'écouler une année exceptionnelle, peut-être la plus importante depuis la fin de la seconde guerre mondiale c'est la façon dont le message révolutionnaire a de nouveau retenti dans le monde et singulièrement en Europe. Des mots que l'on croyait usés ou qui avaient été dévoyés : Liberté, Démocratie, ont servi de guide aux peuples qui ont pris en mains leur destin. Et jusqu'à la tragédie roumaine, tragédie cependant porteuse d'espoir, on a pu penser que cette révolution immense s'achèverait sans recours à la violence.
- A tous ceux qui ont transformé la face de l'Europe, ceux qui en ont pris l'initiative, il convient de rendre, dès maintenant, l'hommage qui leur est dû avant que l'Histoire ne leur réserve une place éminente. Les peuples, de ce que l'on appelait l'Europe de l'Est, redeviennent tout simplement les peuples de l'Europe. Ils peuvent être fiers d'eux-mêmes.
- L'espoir qu'ont fait naître les événements de cette année 1989, ne va certes pas sans interrogation. Que va devenir notre continent l'Europe ? Je ne vois pas d'autres méthodes que de laisser s'exprimer les populations des pays que l'Histoire avait brutalement séparés. Elles ont assez attendu, elles ont payé assez cher le droit de se prononcer dans la voie d'élections libres, pour le reste, toutes les évolutions sont possibles pourvu qu'elles se fassent dans le respect mutuel. Mais nous avons en Europe suffisamment souffert les uns aux côtés des autres, les uns contre les autres, pour que cette souffrance passée nous unisse aujourd'hui au lieu de nous séparer.\
La contemplation des antagonismes anciens ne peut suffire de guide, il est d'autres points de repères. Et la Communauté économique européenne est un de ces repères, elle qui n'a jamais été conçue comme une ou un ensemble de nations mais qui précisément s'est d'emblée, donné comme projet d'enlever aux nationalismes ce qu'ils avaient d'excessif ou de destructeur pour garder ce qu'ils ont de fécond. Cette Communauté dont les fondateurs savaient que l'Europe ne se réduisait pas à sa partie occidentale. Je crois pouvoir dire pour l'avoir récemment présidée que la Communauté est restée fidèle à sa vocation initiale. J'avais réaffirmé, le mois dernier à Strasbourg, à la fois la volonté de la Communauté de poursuivre l'intégration à Douze, en se donnant les moyens et le calendrier pour le faire et son ouverture sur le reste de l'Europe.
- De ce point de vue, chacun le sait, l'année qui commence sera d'une grande importance pour notre continent tout entier et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour y renforcer l'inspiration et la liberté et y assurer un développement économique au service des plus déshérités.
- Vous me pardonnerez si je me suis attardé un moment sur cette partie du monde, cela est compréhensible. Mais il n'y a pas que là que l'Histoire et que l'espoir se soient levés. Des élections ont eu lieu dans des pays qui en avaient été privés depuis longtemps. L'intolérance recule pour céder la place à la compréhension. Et la leçon que nous en tirons est que l'oppression n'a de triomphe que momentané même si ce moment peut paraître intolérablement long. Elle ne peut rien, en tous cas, contre la conscience et la mémoire.\
J'espère que l'année qui vient apportera enfin une solution aux drames qui continuent à déchirer des pays dont certains sont particulièrement chers à la France. Je pense au Liban, là nous nous sommes efforcés, sans relâche, de l'aider. Nous nous tenons toujours à ses côtés dans sa quête difficile de réconciliation nationale et de restauration de l'indépendance. Nous sommes à ses côtés et nous aimerions pouvoir contribuer davantage.\
Je terminerai cette allocution par le voeux suivant : s'il est vrai que commence une ère nouvelle, une ère de paix, je souhaite qu'elle permette de lutter enfin avec l'ampleur et l'énergie nécessaires contre ce que j'appellerai nos vrais ennemis. J'en cite : la destruction de la nature, de l'environnement, le trafic de drogue, la pauvreté croissante de milliards d'êtres humains. Tout cela permet de nous fixer des objectifs qui, croyez-moi, auront de quoi nous absorber, auront de quoi absorber l'attention de la communauté internationale qu'ici vous représentez. Il faut avoir une claire conscience des enjeux et pour cela il ne faut pas perdre de temps, il faut agir dès maintenant.
- Monsieur le Nonce, mesdames et messieurs, j'ai plaisir à fêter avec vous l'année nouvelle. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir transmettre aux chefs d'Etat de vos pays, les sentiments que nous avons pour eux, les voeux de santé et de réussite dans l'intérêt de leur peuple dès lors que ces intérêts coïncident avec ceux du progrès, de la paix et de la liberté.
- Et vous, vous tous ici, en commençant par vous, monsieur le Nonce, je vous exprime, à nouveau, des voeux de prospérité, de bonheur personnel, professionnel, patriotique aussi, voeux que je veux reporter sur les peuples dont vous êtes l'expression.\
- Mesdames,
- Messieurs,
- Je voudrais vous remercier des voeux que vous venez d'exprimer à l'intention de mon pays et de moi-même. Et je vous demande de bien vouloir transmettre à sa Sainteté le Pape Jean-Paul II les voeux, qu'à mon tour, je forme pour sa personne.
- En parlant de l'année qui vient de s'écouler en France, vous nous avez fait, monsieur le Nonce, l'amitié d'évoquer la commémoration du Bicentenaire de la Révolution française et c'est vrai que nous l'avons célébré à Paris en y associant des personnes d'horizon et de nationalités diverses en hommage aux hommes qui, il y a deux cents ans, avaient proclamé l'universalité de leurs principes et de leur combat pour la liberté.
- Mesdames et messieurs ce qui a fait de l'année qui vient de s'écouler une année exceptionnelle, peut-être la plus importante depuis la fin de la seconde guerre mondiale c'est la façon dont le message révolutionnaire a de nouveau retenti dans le monde et singulièrement en Europe. Des mots que l'on croyait usés ou qui avaient été dévoyés : Liberté, Démocratie, ont servi de guide aux peuples qui ont pris en mains leur destin. Et jusqu'à la tragédie roumaine, tragédie cependant porteuse d'espoir, on a pu penser que cette révolution immense s'achèverait sans recours à la violence.
- A tous ceux qui ont transformé la face de l'Europe, ceux qui en ont pris l'initiative, il convient de rendre, dès maintenant, l'hommage qui leur est dû avant que l'Histoire ne leur réserve une place éminente. Les peuples, de ce que l'on appelait l'Europe de l'Est, redeviennent tout simplement les peuples de l'Europe. Ils peuvent être fiers d'eux-mêmes.
- L'espoir qu'ont fait naître les événements de cette année 1989, ne va certes pas sans interrogation. Que va devenir notre continent l'Europe ? Je ne vois pas d'autres méthodes que de laisser s'exprimer les populations des pays que l'Histoire avait brutalement séparés. Elles ont assez attendu, elles ont payé assez cher le droit de se prononcer dans la voie d'élections libres, pour le reste, toutes les évolutions sont possibles pourvu qu'elles se fassent dans le respect mutuel. Mais nous avons en Europe suffisamment souffert les uns aux côtés des autres, les uns contre les autres, pour que cette souffrance passée nous unisse aujourd'hui au lieu de nous séparer.\
La contemplation des antagonismes anciens ne peut suffire de guide, il est d'autres points de repères. Et la Communauté économique européenne est un de ces repères, elle qui n'a jamais été conçue comme une ou un ensemble de nations mais qui précisément s'est d'emblée, donné comme projet d'enlever aux nationalismes ce qu'ils avaient d'excessif ou de destructeur pour garder ce qu'ils ont de fécond. Cette Communauté dont les fondateurs savaient que l'Europe ne se réduisait pas à sa partie occidentale. Je crois pouvoir dire pour l'avoir récemment présidée que la Communauté est restée fidèle à sa vocation initiale. J'avais réaffirmé, le mois dernier à Strasbourg, à la fois la volonté de la Communauté de poursuivre l'intégration à Douze, en se donnant les moyens et le calendrier pour le faire et son ouverture sur le reste de l'Europe.
- De ce point de vue, chacun le sait, l'année qui commence sera d'une grande importance pour notre continent tout entier et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour y renforcer l'inspiration et la liberté et y assurer un développement économique au service des plus déshérités.
- Vous me pardonnerez si je me suis attardé un moment sur cette partie du monde, cela est compréhensible. Mais il n'y a pas que là que l'Histoire et que l'espoir se soient levés. Des élections ont eu lieu dans des pays qui en avaient été privés depuis longtemps. L'intolérance recule pour céder la place à la compréhension. Et la leçon que nous en tirons est que l'oppression n'a de triomphe que momentané même si ce moment peut paraître intolérablement long. Elle ne peut rien, en tous cas, contre la conscience et la mémoire.\
J'espère que l'année qui vient apportera enfin une solution aux drames qui continuent à déchirer des pays dont certains sont particulièrement chers à la France. Je pense au Liban, là nous nous sommes efforcés, sans relâche, de l'aider. Nous nous tenons toujours à ses côtés dans sa quête difficile de réconciliation nationale et de restauration de l'indépendance. Nous sommes à ses côtés et nous aimerions pouvoir contribuer davantage.\
Je terminerai cette allocution par le voeux suivant : s'il est vrai que commence une ère nouvelle, une ère de paix, je souhaite qu'elle permette de lutter enfin avec l'ampleur et l'énergie nécessaires contre ce que j'appellerai nos vrais ennemis. J'en cite : la destruction de la nature, de l'environnement, le trafic de drogue, la pauvreté croissante de milliards d'êtres humains. Tout cela permet de nous fixer des objectifs qui, croyez-moi, auront de quoi nous absorber, auront de quoi absorber l'attention de la communauté internationale qu'ici vous représentez. Il faut avoir une claire conscience des enjeux et pour cela il ne faut pas perdre de temps, il faut agir dès maintenant.
- Monsieur le Nonce, mesdames et messieurs, j'ai plaisir à fêter avec vous l'année nouvelle. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir transmettre aux chefs d'Etat de vos pays, les sentiments que nous avons pour eux, les voeux de santé et de réussite dans l'intérêt de leur peuple dès lors que ces intérêts coïncident avec ceux du progrès, de la paix et de la liberté.
- Et vous, vous tous ici, en commençant par vous, monsieur le Nonce, je vous exprime, à nouveau, des voeux de prospérité, de bonheur personnel, professionnel, patriotique aussi, voeux que je veux reporter sur les peuples dont vous êtes l'expression.\