22 avril 1988 - Seul le prononcé fait foi

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Intervention de M. François Mitterrand, Président de la République et candidat à l'élection présidentielle de 1988, à Antenne 2, FR3 et France-Inter le 22 avril 1988.

Mes chers compatriotes, voici maintenant sept ans que vous m'avez confié la plus haute responsabilité de la France. Rien n'a été facile. De l'extérieur nous sont venus le désordre, la crise économique, le terrorisme. Nous en avons souffert, il a fallu serrer les dents.
- Mais en dépit d'une population moins nombreuse que celle de beaucoup d'autres, notre pays est resté, et il reste l'un des premiers du monde. Le cinquième par la vitalité de son économie. Le quatrième par la valeur de ses échanges. Le troisième par ses moyens de défense. Le deuxième par ses exportations agricoles. Certes, rien ne serait acquis si nous relâchions notre effort face à nos concurrents, et c'est bien là que se trouve l'enjeu principal de l'élection présidentielle.
- La première condition à remplir pour assurer notre avenir, c'est d'avoir en nous-mêmes la force, le dynamisme et l'esprit créateur, l'esprit d'initiative dont notre peuple a fait preuve, si souvent, dans son histoire. Nous avons besoin aujourd'hui de mieux former notre jeunesse aux technologies et aux métiers qui l'attendent. La priorité ira donc à l'éducation nationale, à l'enseignement professionnel, à la recherche scientifique. Nous avons besoin d'enfants et donc d'entourer la famille, de lui donner les moyens de vivre et de grandir, de rendre possible surtout pour les femmes la liberté de choix entre l'exercice d'une profession et l'éducation des enfants.\
Nous avons besoin de solidarité. C'est dans la solidarité, la protection et la justice sociale, dans l'égalité des chances, dans le refus des privilèges que nous forgerons la cohésion nationale hors de laquelle il n'y aura pas de progrès économiques durables. Des millions et des millions de Français vivent difficilement. D'autres sont pratiquement exclus de notre société. Les travailleurs aux bas salaires, beaucoup d'exploitants agricoles, de travailleurs indépendants et combien de personnes seules, ne s'en tirent pas ! Oui, nous avons besoin d'un immense effort collectif pour que justice soit rendue à chacun. Je pense là particulièrement aux population d'outre-mer. Ne cherchez pas ailleurs la cause profonde de conflits parfois dramatiques et sanglants qui surgissent chaque fois que la solidarité nationale cède le pas aux intérêts particuliers. Nous avons besoin d'union. Une fois passée la campagne électorale, nous aurons à mettre la France unie en marche pour affirmer, notre présence en Europe et dans le monde. Je suis socialiste, vous le savez, et je reste fidèle aux choix fondamentaux qu'implique cette conviction. Mais j'estime conforme à mon idéal l'appel que je vous adresse afin que nous soyons capables à nous tous de gagner pour la France.
- A diverses reprises, au cours de ces 7 ans, je me suis efforcé d'empêcher nos débats politiques de tourner à l'affrontement dangereux et j'y suis parvenu grâce à vous. C'est dans cet esprit que je m'engage à poursuivre ma tâche.\