20 mars 1987 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, lors de l'inauguration du réseau cablé de Rennes, sur le développement de la télédistribution et de la télédiffusion au niveau local et européen, vendredi 20 mars 1987.

Monsieur le maire,
- Mesdames,
- Messieurs,
- On le rappelait à l'instant, Rennes est l'une des métropoles où je me suis rendu le plus souvent depuis 1981 et combien de fois mes pas m'ont-ils conduit en Bretagne depuis ma jeunesse !
- C'est une région dont le développement au cours de ces trente dernières années, a été considérable. Elle est devenue la première région agricole d'Europe. Une décentralisation industrielle audacieuse a été opérée : se sont implantées des entreprises remarquables et de premier rang £ le réseau routier s'est équipé, a d'abord permis aux différentes parties de la Bretagne de commencer à communiquer entre elles, et le raccordement avec l'ensemble du pays permet, aujourd'hui, de penser que la Bretagne a cessé ou doit vite cesser d'être une région enfermée.
- Certes, ces progrès immenses ont été parfois accompagnés de déclin. Je ne peux pas ignorer les difficultés qui assaillent les ateliers de réparation navale. Je me souviens de la crise du téléphone, et je sais bien que sont assez nombreuses les catégories d'agriculteurs qui doivent affronter, dans des conditions parfois difficiles, la concurrence européenne. Il n'empêche que, quand ont fait le bilan, on constate que la Bretagne est un pays en expansion et que cela n'est pas par hasard. C'est dû à plusieurs causes qu'il faut comprendre et dont il faudra tirer leçon. J'ai parlé de la décentralisation, la responsabilité s'est diffusée et la Bretagne a produit, dans chacun de ses départements, des hommes et des femmes parfaitement capables d'assumer le destin breton, bien entendu, dans le -cadre de la nation. Ensuite, a joué le rôle de la puissance publique, de l'Etat qui a été constamment présent pour initier, pour faciliter les élans, pour accompagner les efforts, le cas échéant pour des financements complémentaires - parfois même des financements principaux.
- Ce à quoi nous assistons aujourd'hui est bien l'exemple d'une coopération réussie entre tous les éléments : la ville, le département, la région, l'Etat, les entreprises, les initiatives privées de toutes sortes, les talents, les créateurs, les chercheurs, tout le monde a mis la main à la pâte et nous voilà, qui nous réjouissons ensemble d'être associés par cette présence d'un bout d'après-midi à une grande réussite nationale.\
Je relèverai aussi que parmi les raisons de ces succès, il y a la continuité £ une continuité souvent mise à mal ou que l'on prétend trop souvent rompre et qui ne l'est pas lorsqu'il s'agit de l'essentiel, cette continuité qui a vu la Bretagne, pays pauvre il n'y a pas si longtemps, devenir ce pays important, cette première région agricole que j'évoquais il y a un instant. Tout cela, en l'espace d'une génération. C'est dû à beaucoup d'éléments. Mais la continuité n'est pas le dernier d'entre eux. Ce qui était entrepris en 1960 a été continué en 1969, poursuivi en 1980, parachevé dans certains domaines en 1982, 1983, 1985 et continue - et continuera - d'être un souci majeur du pays représenté à la fois par les élus locaux, les responsables des entreprises locaux, les élus nationaux, le gouvernement et l'ensemble des grandes entreprises qui tiennent le rang de la France dans le monde. Puis, enfin, il ne faut pas oublier un élément capital, ce sont les Bretons. Sans les Bretons, qu'aurait-on fait ? Ils ont démontré au travers de leurs luttes, souvent, des luttes difficiles, qu'ils étaient capables de s'organiser, d'inventer, d'imaginer, de fournir des travailleurs d'élite, des cadres exceptionnels, des chefs d'entreprise. Bref, ce sont des gens capables de conquête. Ils ont été obligés souvent d'affronter durement des périls et des difficultés, il en reste le meilleur. C'est donc un acte de foi dans la Bretagne et dans cette ville de Rennes, monsieur le maire `Edmond Hervé`, il faut que vous voyez dans notre présence à nous tous ici, à tous ceux qui s'intéressent à cette cérémonie à l'extérieur de cette salle, un acte de foi dans la Bretagne, je dis par là-même, un acte de foi dans la France.\
Lorsque j'étais venu, récemment, je me souviens d'avoir précisément visité un certain nombre de centres de recherche ou d'entreprises, comme on dit performantes - bien que je n'aime pas beaucoup ce terme, mais il est compris de tout le monde - je me souviens d'avoir visité l'entreprise électronique SOFREL qui donnait beaucoup d'espérances à l'époque, plus tard qui se sont confirmées. J'ai visité, trop rapidement sans doute, mais suffisamment pour en garder le souvenir, garder la trace, le Centre Commun d'Etudes de Télédiffusion et de Télécommunication - CCETT - dont vous disiez, je crois, tout à l'heure, que son influence a été déterminante dans la suite des événements que nous célébrons aujourd'hui.
- Monsieur Poivre d'Arvor, puis vous-même, vous avez cité des étapes. C'est en 1973 que votre ville, Rennes, a été choisie parmi l'une des sept villes pilotes qui devaient permettre, selon même la définition, d'expérimenter, d'aller à l'avant, d'être celles qui, à l'avant-garde, seraient en mesure de faire la démonstration de notre capacité collective. La preuve est venue, puisque douze ans plus tard, en 1985, la convention était signée entre la ville et le ministère des postes et télécommunications pour créer un réseau de vidéocommunication. 1985 ! Et nous sommes en 1987 avec, au mois de mars, l'ouverture officielle de ce système, de ce réseau en fibre optique. Les chiffres sont variables, ceux qui m'ont été fournis du moins, comme cela arrive souvent quand on s'adresse aux experts, et disons que le chiffre moyen est d'environ 23600 prises qui peuvent être désormais raccordées. Ce qui fait que, toujours à bref délai, 23600 foyers - donc beaucoup plus de personnes encore - seront dotés de ce système, en attendant la suite dont je parlerai dans un moment.
- A Rennes, mesdames et messieurs qui êtes Rennais - soyez-en fiers - à Rennes, vous appartiendrez à la première grande métropole régionale câblée. C'est-à-dire que vous disposerez de services qui paraissent encore extraordinaires ou inédits pour ceux qui n'ont pas coutume de vivre dans les milieux de la technique, mais qui paraîtront aussi naturels et aussi évidents que la distribution d'eau et d'électricité pour les générations suivantes. Mais vous êtes les premiers, ensuite cela ira beaucoup plus vite que lors des générations précédentes : phénomène d'accélération. D'autant plus que d'autres villes que la vôtre, d'autres ensembles sont déjà appliqués aux mêmes efforts.
- Je crois que vous avez invité les maires des cités qui se trouvent comme vous-mêmes au premier rang des villes pionnières. Je ne peux pas les citer toutes, je ne les connaîtrais pas de mémoire. J'ai simplement noté au passage qu'il y avait Mantes, Saint-Germain - je pense à la région parisienne - qu'il y avait dans d'autres endroits, Toulon ou Cannes, qu'il y avait Marseille, qu'il y aura bientôt Bordeaux, Toulouse, une partie de la région lyonnaise, de grands quartiers de Paris, que sais-je encore. Que ceux que je n'ai pas cités ne m'en veuillent pas. J'aurais pu ajouter, parce que je les connais quand même, mais la liste serait fastidieuse, j'aurais pu ajouter Nantes, simplement pour faire preuve de bon voisinage. Eh bien ! l'ensemble de ces villes et surtout de leurs magistrats municipaux ont fait preuve d'une belle audace, d'un esprit d'-entreprise qui doit être noté. Indistinctement, je les en remercie. Ils démontrent que la France dispose d'assez de femmes et d'hommes capables de progrès pour promouvoir un pays comme le nôtre, qui saura rester jeune en dépit de tous les propos pessimistes que j'entends trop souvent.\
Dans l'immédiat, on vient de le voir, de le constater, vous allez pouvoir recevoir d'autres chaînes que les six chaînes nationales, dans la mesure - monsieur l'interlocuteur de tout-à-l'heure, dont je ne connais pas le nom, nous l'a dit - où elles parviennent jusqu'ici. Ce n'est, je crois, le cas ni de la six, ni de la cinq. Et puis quand on n'est pas abonné à Canal Plus, on a peu de chances de le recevoir.
- Mais, il y a les trois autres. Et quand je pense précisément à ce débat fort important, parce qu'il touche à l'essentiel de la démocratie, de la liberté, la multiplicité, le pluralisme, c'est un sujet sur lequel on aura toutjours raison d'insister davantage, - de ce point de vue, je ne suis pas le dernier - eh bien, ce débat paraît dérisoire tout d'un coup, lorsque l'on aperçoit qu'à Rennes, on pourra disposer de quatorze chaînes de télévision, et, qu'un quinzième canal permettra de voir les quatorze autres. En attendant la suite, on l'a rappelé il y a un moment, les six ou les sept autres que me présentait un Président de grande société, les six ou sept autres qui vont venir de partout, de l'Allemagne, d'Angleterre, d'Italie, Monte-Carlo, Luxembourg, un canal pour les jeunes `Canal J`, on a vu tout cela, mais je tiens à le répéter de façon à ce que notre pensée soit tout à fait cohérente, la chaîne pour la jeunesse, la chaîne rennaise, celle qui me recevait tout à l'heure, celle qui nous reçoit et à laquelle je souhaite bonne chance.
- Mais, plus tard, - et le plus tard, c'est quand ? juillet, si ce n'est pas juillet, c'est novembre, si ce n'est pas novembre, c'est 1988. En 1988, il ne se passera pas que ce qu'on croit qu'il se passera : il se passera aussi beaucoup de choses, notamment dans un domaine très intéressant, on verra se multiplier les programmes de formation, de recherche, les accès aux vidéothèques, la possibilité pour chaque famille, que chaque individu, chaque personne, soit en mesure de fabriquer elle-même son programme, de corriger les défaillances des quinze ou des vingt-cinq chaînes reçues pour y mettre son grain de sel pour dire "moi, ce n'est pas cela qui me plaît, c'est autre chose", et l'obtenir, simplement à la demande.\
Et puis, que d'expériences de démocratie locale ! J'entendais ce qui était dit à l'instant sur cet écran : oui, on va pouvoir communiquer de quartier à quartier. On va pouvoir savoir ce qui se passe dans le quartier voisin. Moi, je me souviens que j'étais maire d'une toute petite ville : 3000 habitants. A priori, tout le monde se connait dans une ville de 3000 habitants, surtout quant on y habite de génération en génération. Et, un jour, je vais voir un de mes amis qui habitait d'un côté du boulevard. Et, de l'autre côté du boulevard, un petit peu plus loin, à trois cents mètres, j'avais fait construire un ensemble, un stade, une maison de la jeunesse, un collège £ c'était plutôt intéressant. Et je lui dis : "quand même, le quartier, ça change". Il dit : "oui, il y a beaucoup de travaux, il y a pas mal d'encombrements actuellement". Je lui dis : "non, vous avez remarqué ce côté désagréable, mais, il y a aussi maintenant beaucoup de bâtiments, ça se modernise". Il me dit : "excusez-moi, vous avez raison de m'en parler, il faudra que j'y songe, j'irai visiter çà un jour". C'est-à-dire, qu'à 300 mètres, il n'était jamais allé voir ce qui se développait dans le nouveau Château-Chinon. Pardonnez-moi d'avoir parlé de Château-Chinon, mais à Rennes qui est une grande ville, cette ignorance étonnante, cette sorte de paresse que l'on a, même à Paris à changer de quartier, vous la connaissez vous même sans doute. Entre le lieu du travail et le lieu d'habitation, qu'est-ce que l'on fait de plus ? Oui, on va au stade, on va au concert de musique, on vient quelquefois au "Triangle", bon, mais, on ne se connait pas.
- Et moi j'attends de ces nouveaux moyens de communication une faculté nouvelle, indispensable dans notre société. Communiquer veut dire : se connaître. Est-ce que vous croyez, mesdames et messieurs, que les Français se connaissent entre eux ? En tout cas, est-ce que vous croyez qu'ils se connaissent assez ? Ils se méconnaissent le plus souvent. S'il se connaissaient mieux, leur volonté nationale - sur les domaines qui importent pour le destin commun - serait certainement mieux comprise.
- Il ne faut donc pas attendre de ces machines nouvelles uniquement des merveilles, mais parmi ce que l'on est en droit d'espérer, une capacité de formation, d'information et de renaissance d'une volonté nationale mieux comprise grâce à cette capacité d'échange. Il y a quelques idées fortes qui se dégagent de tout ce à quoi nous assistons depuis quelques heures.\
`suite sur les télévisions privées`
- La première question qui m'a été posée par M. Poivre d'Arvor c'était celle qui a été posée aussi à ses trois interlocuteurs. C'était : "est-ce que ce n'est pas une liberté nouvelle, est-ce que vous craignez ou est-ce que vous en espérez quelque chose de bien pour vous ?". On peut répondre oui, on peut répondre non £ depuis l'antiquité on le sait bien. Eh bien moi, comme Président de la République, c'est vrai, j'ai incité le gouvernement à élargir ces espaces de liberté.
- Il y avait une conception très ancienne qui était la notion de monopole et même de monopole d'Etat. Depuis le début de la télévision, en particulier, c'était un monopole. Cela a permis d'accomplir de grands progrès mais nous n'étions que dans la première phase d'un développement considérable. Il devenait nécessaire à mes yeux de changer, et pas seulement pour des raisons d'éthique, c'est-à-dire l'idée que je me faisais du développement de notre société et des libertés afférentes à cette société. Il suffisait de regarder un peu devant soi ou d'écouter les bons conseils pour savoir que la technique arrivait vite - elle est là - qui interdirait désormais cette conception jalouse de l'information. Le câble oui, la multiplication des télévisions ou des radios hertziennes oui, tout cela s'est fait. Les satellites, c'est pour très bientôt, les satellites, les canaux de toutes sortes. Elargir les espaces de liberté et faire que chacun qui en a le moyen, - je ne parle pas simplement des moyens financiers, ce serait trop triste, mais qui en a le moyen par le talent ou par la capacité de représentation d'une grande idée nationale - que chacun puisse s'exprimer. Un espace de liberté, où il faut être très vigilant, pour que cette liberté naissante, cette diversité, ce pluralisme naturel ne soient pas tout aussitôt confisqués. C 'est un des terrains où se joue le sort de la démocratie, vous le savez bien.
- La deuxième idée force - mais comme j'ai développé déjà ce thème, je n'y reviendrai pas - c'est le développement des solidarités locales qui représente la deuxième avancée : les espaces de liberté élargis, le développement et l'affermissement des solidarités locales à l'intérieur des quartiers, entre plusieurs quartiers, entre plusieur villes, entre toute la Bretagne, la France tout entière, partout, l'Europe. J'y viendrai dans un moment £ l'Europe et le monde car les satellites circulent dans un espace qui ne connaît pas de frontières.\
La troisième réflexion idée-force qui ressort tout naturellement de la réflexion que propose une cérémonie comme celle-ci, c'est que les nouveaux moyens de formation, d'éducation et de culture qui seront fournis, qui sont déjà fournis par la formidable explosion des moyens audiovisuels va se poursuivre et s'approfondir. Nos concitoyens, nos contemporains sont encore un peu étourdis par cette arrivée de l'image. On n'est pas habitué £ les enfants, si, les enfants de moins de 15 ans : c'est instinctif pour eux £ mais pas les autres. Moi, je me souviens que j'étais ministre de ce que l'on appelait l'information à l'époque, il y a bientôt 40 ans - cela fait antédiluvien - 40 ans dans ma vie c'est long, dans la vie d'une nation c'est court, dans la vie d'une société, c'est plus court encore.
- J'ai assisté à la naissance de la télévision et j'étais le premier responsable politique à nommer un responsable de la télévision. Et, quand j'ai nommé ce responsable en créant un service qui n'était qu'une annexe de la radio diffusion - celles et ceux d'entre vous qui connaissent bien ces problèmes connaissent et vénèrent le nom de Jean Darcy, - celui que j'avais choisi à cet effet et la plupart des grands techniciens et des politiques de l'époque qui étaient encore plus antédiluviens que moi sans doute, disaient : "Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ! C'est absurde, personne n'écoutera jamais cela " Ils en étaient encore aux timides images de la Tour Eiffel et même ce qui était radiophonique apparaissait comme suspect.
- Eh bien, les moyens de la culture, ils vont se transformer. On aime lire, réfléchir, parler en famille, parler entre amis quand on est chez soi où chez ceux que l'on aime. Souhaitons que cette forme de communication ne disparaisse pas. Désormais la force de l'image et du son venus de l'extérieur vont dépasser, dominer ces anciens modes de communications, ou plutôt, ces modes anciens de communication. Cela exprimera mieux ma pensée, mais je suis sûr que l'habitude venue, l'homme, je veux dire l'auditeur, le télespectateur va devenir maître de sa culture et qu'il saura choisir non seulement entre les chaînes, entre les spectacles, entre les arts, entre les distractions mais il saura choisir et maîtriser sa vie pour réserver le temps qu'il faut à ce qui est reçu et à ce qui est réfléchi. J'ai tout naturellement tendance à croire dans les chances de l'homme.\
Puis, il y a les perspectives. Nous sommes vendredi 20 mars et je pense à ce qui va se passer bientôt. J'entendais tout à l'heure les chefs d'entreprises d'Etat ou privées qui sont, disons, ceux qui ont fait aujourd'hui le réseau câblé, ceux qui ont fait véritablement les télécommunications et j'apercevais tout ce qu'on pouvait attendre du surgissement dans notre société de l'industrie du câble, de la fibre optique £ ce n'est peut-être pas le seul moyen, ce n'est pas le seul moyen mais c'est un moyen considérable. Rien qu'ici, les réseaux câblés, messieurs les maires qui m'entendez, qui avez accepté de vous lancer dans cette aventure, cela va représenter 50 projets pour 12 millions de personnes en 1990, dans 2 ans et demi ce sera fait.
- Il y a le Minitel, je me souviens aussi des premières expériences, l'annuaire téléphonique c'était à Rennes déjà. Aujourd'hui, vous savez bien que le Minitel dessert 2500000 familles, rend 3000 types de services différents, que se multiplient les transactions et les échanges, c'est un facteur de développement économique, et en même temps cela simplifie les démarches, les démarches familiales, les démarches industrielles, les démarches commerciales, que sais-je encore ?\
Et puis, j'en ai déjà dit un mot à l'instant, les satellites qui n'auront de sens évidemment que si se développent les stations de réception. Les satellites émettent là-haut mais il faut bien qu'il y ait quelqu'un pour recevoir. Tout cela est en train de se faire avec, je le rappellerai à ceux qui s'en inquiétaient tout à l'heure, la possibilité de développer des nouvelles normes d'émission.
- C'est déjà fait pour l'Europe à travers un procédé au nom très compliqué qu'il est inutile de citer, de nouvelles normes d'émission D2-Mac-Paquets, une nouvelle norme d'émission à large bande. Je suis déjà intervenu auprès des instances européennes pour qu'on aille vite, qu'on mette un programme, non pas un programme européen dans le sens d'un programme d'images, au contraire, il faut chercher la mutltiplicité, mais que l'on ait un système commun à toute l'Europe, en tout cas à la Communauté `CEE`. Il va y avoir ce que l'on appelle le système à large bande, cela permettra des retransmissions stéréophoniques et cela permettra nous le disions, un système de traduction simultanée. Ce qui m'inquiète le plus et messieurs les ministre qui m'entendent y ont, je le sais, déjà réfléchi c'est la production des programmes. La France ne produit environ, à l'heure actuelle, n'a prévu de produire que 5000 heures de programme. Pour l'Europe, avec le système qui se met en place, il faudrait 125000 heures. Vous imaginez en même temps la chance pour les producteurs, les réalisateurs, les artistes, les interprètes, les présentateurs, la chance pour la littérature, les créateurs qui désormais ont une capacité de projection colossale pour voir leur pensée, leur écriture, leur oeuvre connue du monde entier si elle en vaut la peine.
- Je souhaite que les pays d'Europe développent d'ici peu de temps, - en même temps que l'agriculture commune, en même temps que la technologie commune, en même temps que ce que l'on appelle l'Europe régionale, c'est-à-dire l'essor des régions les plus pauvres, les communications, le TGV, le tunnel sous la Manche etc...- une sorte d'Eurêka, - vous savez que çà existe Eurêka, cela a réuni déjà des centaines d'entreprises dans toute l'Europe, entre 18 pays d'Europe, - un Eurêka audiovisuel et que l'on se hâte de produire les 125000 qui seront bientôt 200000 heures de programme, et que la production européenne nourrie de diverses cultures, qui proviennent des mêmes sources, puisse vraiment aller, venir sur nos écrans, que l'on puisse connaître notre culture £ nous aurons fait un bond politique considérable dans la construction de l'Europe.
- De ce point de vue c'est assez timide, cela ne se fait guère, alors qu'est-ce qu'on va faire si on ne le fait pas ? Qu'est-ce qu'on va faire ? Eh bien comme pour les reste, on va recevoir les images américaines et japonaises, et bien d'autres encore, qui sont prêtes, elles ! Cet exemple que je prends parce qu'il est de circonstance sur la difficulté qu'a l'Europe de s'affirmer sur le -plan de l'audiovisuel, c'est l'exacte expression de ce qu'elle est si peu capable encore de réaliser dans le domaine général.
- Soyez-en convaincus, mesdames et messieurs, je répète cette phrase, je l'ai déjà dite, je n'aime pas me citer, mais c'est l'expression de ma pensée comme Président de la République française, je souhaite qu'elle soit entendue des Français. La France est notre patrie, l'Europe est notre avenir. Si nous tournons le dos à l'avenir, que deviendra notre Patrie ?\
Voilà, mesdames et messieurs, un certain nombre de réflexions que je souhaitais livrer, en remerciant pour finir M. le maire de Rennes, messieurs les maires des diverses communes qui se sont lancés dans l'aventure des réseaux câblés, en remerciant celles et ceux qui ont pris part à la réussite que nous constatons, je vous remercie également mesdames et messieurs. Que toutes nos pensées se portent vers l'avenir de la France dans une Europe capable de promouvoir nos pensées, nos façons et nos moyens de vivre et de penser. Merci.\