30 octobre 1984 - Seul le prononcé fait foi

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Conférence de presse conjointe de M. François Mitterrand, Président de la République, et du chancelier Kohl, à l'issue du Sommet franco-allemand à Bad Kreuznach, mardi 30 octobre 1984.

LE PRESIDENT.- L'essentiel vient d'être dit. La relation qui vient d'être faite par M. le Chancelier correspond tout à fait à l'-état de nos conversations. Nombreuses sont les décisions qui permettront d'orienter la recherche et la production des éléments de technologie avancée dans de nombreux domaines. Certains d'entre eux vous ont été précisés, je n'y reviens pas. J'énumère simplement dans le domaine spatial civil, Ariane 5, le moteur HM 60. De nombreuses participations militaires, le satellite tout-temps, les télécommunications, le radio-téléphone numérique, le vidéotex, la monétique. Sur le -plan culturel le séminaire prévu pour le début 1985 est intéressant pour les télévisions, pour tous les moyens modernes, comme le satellite, comme pour le livre.
- Dans d'autres domaines vous savez ce qu'il en est : pour la disparition des contrôles aux frontières £ pour la façon d'aborder les problèmes européens, en-particulier les points de vue très proches sinon similaires entre l'Allemagne et la France £ pour la discipline budgétaire de la communauté £ pour la coordination réelle des vues allemandes et françaises sur la convention de Lomé. Mais je ne reprendrai pas les thèmes traités par le Chancelier sur les grands aspects de politique extérieure, dans les relations est - ouest, dans le développement de l'Europe. Nous avons le sentiment d'avancer, y compris dans l'approche franco - allemande, des problèmes de la Communauté et de l'élargissement. Nous sommes d'accord pour que tout soit fait de part et d'autre en vue d'aboutir à ce que l'élargissement soit réel le 1er janvier 1986, et pour que dans un délai bref, disons trois mois, on soit en mesure de connaître au sein de la Communauté les projets de renforcement de l'union politique de l'Europe. Voilà les domaines principaux qui ont été traités au-cours de conversations tout-à-fait fécondes et sur lesquelles vous pourriez, mesdames et messieurs, maintenant nous poser vos questions.
- Je ne dirai qu'un mot pour remercier maintenant le Chancelier et les autorités allemandes des conditions dans lesquelles a été organisée cette conférence dans cette petite ville, avec le charme et les souvenirs historiques qui s'y rapportent. Et les remerciements que la délégation française doit au peuple allemand dans ses différentes représentations, à tous les échelons. Nous aurons d'ailleurs l'occasion de reprendre certains éléments de ces conversations très prochainement, le chancelier Kohl et moi.\
QUESTION.- (inaudible)
- LE PRESIDENT.- C'est un pronostic, le Président des Etats-Unis est là depuis quatre ans, on vient de le rappeler. Nous connaissons sa politique. Il est évident que s'il est réélu il aura le champ plus libre encore, mais il n'y a pas lieu de penser que la situation pourrait se compliquer entre les Etats-Unis d'Amérique et les pays d'Europe. En tout cas, la volonté de l'Europe à devenir elle-même, quel que soit le Président des Etats-Unis et quelle que soit son opinion, devra s'affirmer.\
QUESTION.- (inaudible)
- La liste des décisions est très longue, elle comporte trois pages. Je vous l'ai épargnée, mais il vous sera aisé de vous la faire communiquer. Quant aux réalisations, je crois que ce que l'on peut dire c'est que les décisions sont prises. Les conditions techniques sont évidemment soumises à la discussion, par exemple sur le satellite. Ce qu'il faut, c'est que le satellite militaire soit réalisé dans les conditions de la meilleure qualité possible et de la technologie la plus avancée. C'est précisément ce dont il est question et les deux délégations ne sont absolument pas en désaccord. Tout simplement nous ne sommes pas ici les techniciens qualifiés pour déterminer la meilleure façon de faire. Mais nous sommes absolument déterminés à attendre de ces experts et de ces spécialistes qu'ils nous fournissent un programme, et je n'oublie pas dans cette affaire les experts financiers, étant entendu que la direction qui leur est donnée, est d'aboutir. Naturellement, entre deux pays comme les nôtres, comme dans toutes négociations, il faut discuter pied à pied de chacun des éléments industriels, techniques et militaires. Donc je crois pouvoir dire que cette rencontre de Bad Kreuznach s'inscrit vraiment dans la ligne fixée, avec des progrès sensibles. Je pense au radio-téléphone. Je pense que c'est quelque chose de très important. Je pense aussi que les orientations prises sur Ariane, et sur le moteur, sont des choses qui marquent véritablement une coopération franco - allemande là où se situe le progrès, là où doit se situer ce qu'on doit appeler le -rapport des forces, pour ceux qui ont l'ambition d'avoir une réalité politique sur le globe. Je crois qu'il y a progrès. Il y a des périodes dans lesquelles on annonce, et puis il y a celles dans lesquelles on réalise. Les réalisations sont toujours plus lentes. C'est vrai, mais si la ligne, elle, est fixée, je pense que l'on n'y reviendra pas.\
`Suite réponse sur la coopération franco - allemande`
- En ce qui concerne la décision de donner un nouvel élan au projet politique pour l'Europe dans un délai aussi restreint que possible, nous avons d'autrees partenaires, et puis il ne faut pas considérer comme effacées les décisions appliquées. On avait parlé d'ouvrir les frontières, disons d'avoir des frontières libres entre l'Allemagne et la France. Ne croyez pas que ce soit si simple à mettre en oeuvre. Cela a été réalisé et les décisions qui ont été prises et qui viennent de vous être communiquées je crois dans un document, et qui marquent que le système de contrôle sera groupé pour douze postes frontières supplémentaires £ qu'un relèvement des franchises sera appliqué aux devises et aux marchandises pour les particuliers £ la suppression des contrôles pour les camions et les autobus £ le renforcement de la coopération entre les services de justice et de police £ l'harmonisation des dispositions concernant les visas. Tout cela rentre dans les faits, naturellement, et permettez-moi de vous dire que cela pourrait servir de très intéressant exemple aux autres pays.\