20 octobre 1981 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion de la réception de la colonie française à la Résidence de France, Mexico, mardi 20 octobre 1981

Mesdames et messieurs bonsoir,
- Je vois que vous êtes nombreux et je vous en remercie. Dans un moment j'essaierai de rencontrer le plus grand nombre possible d'entre vous en pénétrant dans vos rangs serrés. Et c'est surtout de ces conversations particulières qui seront naturellement brèves, faute de temps, que j'attends le meilleur de notre rencontre. Qu'est-ce que c'est qu'un discours ? Je n'ai pas envie d'en faire un d'abord. Ensuite qu'est-ce que je vous dirai, des banalités ? Sauf ce qui sera, si j'ose dire un apport purement personnel d'un homme qui est Président de la République française, qui se réjouit de rencontrer, si loin de son pays, d'autres Français. D'autres Français qui sont là, les uns depuis très longtemps, les autres qui sont de passage, enfin pour un bail assez restreint, mais qui les uns et les autres, on me le dit en-tout-cas, s'attachent vite à ce pays, à la fois par les civilitudes culturelles, l'intérêts qui remonte à si loin, des cultures qui se sont succédées, l'histoire de ce pays, sa chaleur, son caractère. Tout cela fait que des similitudes, des échanges, se produisent, qui font que les Français qui vivent au Mexique, dans l'ensemble, peut-être existent-ils des déceptions, peut-être certainement des solitudes, mais malgré tout les Français du Mexique sont contents d'être des Français du Mexique. Tous ceux que j'ai rencontrés ont représenté pour moi un apport, m'ont appris quelque chose. Vous les sentez vivre peut-être aussi, j'espère que c'est plus commun qu'il ne semble, une communauté de Français dont on me disait à l'instant qu'elle était très unie, qu'on aimait bien se retrouver entre soi et que l'on surmontait les inévitables contradictions de toutes communautés, Française y compris.\
Mais vous êtes loin de chez nous, je le disais pour commencer, chacun d'entre vous vient d'un coin de notre France, sans doute même pour ceux d'entre vous les plus anciens, qui ont pris racine dans ce pays, reste une large part de soi qui reste très attachés à la patrie, à nos patries, à l'intérieur même de la France que de traditions, que de cultures, que de langages, qui n'ôtent rien à l'unité nationale profonde au-delà même des choix politiques, des choix religieux, des choix philosophiques. Il est très agréable pour moi pendant quelques moments, ici ou là, de retrouver la France en personne sur ce bout de terre française avec des Français, c'est ce que je suis venu chercher en vous rencontrant pour quelques instants dans cette soirée. J'ai aussi à vous remercier ou à remercier la plupart d'entre vous pour avoir bien voulu, ce n'est pas toujours facile, être les témoins de notre pays, dans un grand pays ami mais qui souvent dans ses profondeurs nous ignore où l'on a besoin de faire avancer l'idée de la France, faire connaître ce que nous sommes et ce que nous pouvons.\
Je suis sensible au fait que vous soyez nos représentants. Il y a certes les représentants officiels de la France autour de notre ambassadeur, autour de Mme BERNARD qui nous reçoit ici, ce dont je la remercie. Mais il y a tous ceux qui sans être officiels, dont on ne connaît peut-être pas le nom, qui sont là, qui ne cherchent pas à sortir d'un certain anonymat, mais qui sont quand même contents de se sentir français dans leur ambassade, de pouvoir se rencontrer et qui savent bien que par eux-mêmes, par leur façon de faire, leur attitude, leur capacité professionnelle, ils seront toujours jugés comme des Français et qu'ils ont quand même à apporter quelque chose à notre pays, à faire qu'on nous juge bien, du moins le mieux possible. C'est une grande compétition, vous savez que la réalité internationale. Pour être les meilleurs, ce n'est pas facile, vous pouvez le mesurer tous les jours. Seulement ici on a pour soi beaucoup de choses, notre langue, notre culture, nos traditions, nos ambitions. Tout cela réuni fait que, je crois vraiment, non seulement au destin de la France, cela va de soi, mais à sa capacité de rayonner loin d'elle. En l'occurrence c'est grâceè-à vous, merci, je n'ai rien d'autre à vous dire sinon, si vous voulez bien me faire un peu de passage... je pourrai descendre et remonter tout en passant encore quelques quarts d'heures avec vous. Merci.
- Nous avons quand même un cérémonial. Ce cérémonial va nous immobiliser quelques instants, c'est celui qui va nous rassembler dans le silence autour de notre hymne national. Vive la République, vive la France, tout cela est contenu dans les paroles que chacun d'entre vous chantera dans son coeur. Merci.
- Je vous présente également ma femme qui fera comme moi et circulera parmi vous.\