21 juillet 1981 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Mitterrand, Président de la République, lors de la conférence de presse conjointe des chefs d'Etat ou de gouvernement participant au sommet des pays industrialisés, Ottawa, mardi 21 juillet 1981.

Je voudrais adresser mes remerciements à monsieur Pierre Elliot Trudeau, Premier ministre et au gouvernement canadien pour la qualité de leur accueil. Les conditions dans lesquelles s'est déroulé pour nous le sommet d'Ottawa, de Montebello, ont été telles que nous avons pu avancer, travailler et sur certains points, conclure.
- Vous savez tous que la France conduit pour ce qui la concerne une politique originale. Enfin originale par-rapport aux thèmes généralement proposés ici. Cette politique originale, c'est la nôtre, elle a son caractère, des objectifs, et il était important pour nous de constater s'il était possible, et je n'en doutais pas, de conduire cette politique en harmonie avec les autres, c'est-à-dire avec les principaux partenaires, c'est-à-dire ceux qui se trouvent ici, et quelques autres aussi.
- Cela a été possible non seulement parce que chacun y a mis du sien, non seulement parce que chacun a pris conscience de ce qui dans la politique de chacun peut nuire à la politique des autres, et doit donc être écarté, pris conscience de tout ce qui peut servir la réussite commune et doit donc être soutenu, et aussi parce que la France est un pays solidaire.
- La France est un pays solidaire d'abord de ses amis, de ceux que l'histoire et notamment l'histoire de ce dernier demi-siècle qprès bien des crises, des drames, des ruptures et des guerres, ceux que le temps présent a rassemblé autour de quelques choix fondamentaux, dont le premier est celui de la liberté. Liberté sur-le-plan des relations internationales et liberté conception démocratique à l'intérieur de chacun de nos pays.
- Solidaire de nos amis, solidaire aussi de ceux qui sans être présents parmi nous, ont fait cependant l'objet de nombreuses réflexions et de quelques décisions. Je pense en-particulier aux pays du Tiers-monde, plus encore aux pays du Tiers-monde pauvres.\
Dès le point de départ, je tenais à insister sur le fait que nous devions nous concerter pour limiter autant que possible les mouvements erratiques des monnaies, et pour réduire autant que possible les taux élevés d'intérêts.
- Cela n'est pas un problème français, c'est un problème européen, et même c'est un problème mondial, si j'en juge par les conséquences possibles des tensions présentes. Nous pouvez vous reporter aux texte du communiqué et vous verrez que sur ces points, certaines directions ont été prises.
- De la même façon, dès le point de départ, notre position était favorable à tout ce qui permettrait de réduire les protectionnismes, à la condition, bien entendu, qu'au point de départ soit bien connu de chacun d'entre nous l'ensemble des dispositifs existants, qui font qu'ici ou là, les traces de protectionnisme restent exagérément présentes.
- Pour ce qui concerne le commerce avec les pays de l'Est, bien entendu et le communiqué le dit encore, un examen nouveau prochain sera réalisé. Je souhaite ou j'ai souhaité que sur-ce-plan-là et comme sur les autres, un bilan très exact soit fait de l'-état du commerce et des conséquences qui pouvaient être tirées sur-le-plan stratégique, cela figure également dans le communiqué.\
Enfin, je l'ai dit tout à l'heure, une priorité devait être retenue au-cours de ces conversations pour une politique à l'égard du Tiers-monde communément définie comme -rapport Nord-Sud. Non seulement parce que c'est un devoir mais aussi parce que c'est notre intérêt, et qu'il faut se défier de toute attitude qui pourrait paraître, comment dirai-je, parternaliste, c'est dans la mesure où nous parviendrons à multiplier les échanges, sur des bases stables, sur un soutien des matières premières, des cours des matières premières permettant à ces pays de mettre en oeuvre des plans durables de développement que nous parviendrons, nous pays industriels, à remplir notre fonction, et j'observe qu'aussi bien sur-le-plan de ce que nous avons appelé la filiale énergie, que la négociation vers laquelle on se dirige, et nous en reparlerons à Cancun,`conférence Nord-Sud ` Mexique`, aussi bien sur le rôle des institutions financières internationales, des progrès très réels ont été accomplis dans la définition de nos objectifs.\
Enfin, nous avons, bien entendu au cours des réunions informelles parlé des problèmes touchant aux relations internationales sur le plan de l'équilibre des forces. La position de la France a toujours été celle-ci : équilibre d'abord. Cet équilibre doit, bien entendu, commander bien d'autres choses que des rapports de force, mais déterminer en particulier, la nature des négociations qui devront s'ouvrir sans aucun doute, pour permettre de servir le désarmement et l'approche de la paix.
- Enfin, et ce sera ma conclusion, c'est à Paris que se tiendra, je veux dire en France, que se tiendra le prochain sommet £ comme vous le savez sans doute nous étions au terme d'un premier cycle ces deux derniers jours au Canada, c'est donc un nouveau cycle de rencontres qui commence, je suis très heureux qu'il commence dans mon pays. J'y recevrai le mieux possible les partenaires et les amis qui se trouvent ici rassemblés, je continuerai, puisque c'est mon devoir de faire valoir les intérêts propres de mon pays, mais je veillerai surtout au-cours de ce que l'on appelle le sommet des pays industrialisés qu'il permette d'avancer dans la voie où nous sommes déjà largement engagés, de la compréhension des intérêts communs, d'oeuvres communes.\