5 mai 2017 - Seul le prononcé fait foi

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Interview de M. François Hollande, Président de la République, sur l'élection présidentielle, à Toulouse le 5 mai 2017.


Intervenant : Bonjour monsieur le Président. Le monde nous regarde, c'est ce que vous avez essayé de nous expliquer.
LE PRESIDENT : Oui. La France est un grand pays, la France est regardée, attendue, toujours. C'est finalement le rôle qu'elle occupe dans le monde et encore davantage aujourd'hui parce que c'est un choix que vont faire les Français qui va avoir des conséquences pour l'Europe chacun l'imagine selon la réponse qui sera apportée, et pour le monde.
Parce que tout ce que j'ai fait depuis cinq ans, et mes prédécesseurs avaient eu également cette ambition, c'est de porter la France dans la responsabilité qui est la sienne partout dans le monde.
Une France ouverte, une France solidaire, une France active, une France qui n'a peur de rien. Le monde veut savoir ce que les Françaises et les Français veulent faire non seulement de leur pays, mais veulent faire de la France cette belle Nation qui pèse dans les choix du monde.
Intervenante : L'industrie aéronautique, c'est le meilleur argument contre une sortie de l'Europe ?
LE PRESIDENT : Pour ceux qui y travaillent, je pense que c'est un bel exemple, car l'industrie aéronautique est bien sûr beaucoup implantée en Occitanie, mais aussi dans d'autres régions de France. Mais AIRBUS est une entreprise européenne et nous n'aurions pas cette vitalité de l'aéronautique française s'il n'y avait pas cet ensemble qui s'est créé depuis des années et qui fait que nous sommes parmi les meilleurs dans le monde pour les avions.
Si nous nous refermions, si nous nous séparions de nos partenaires, que deviendrait l'industrie aéronautique française ? Elle ne pourrait pas vivre. Nous avons donc fait un choix -il y a déjà longtemps, j'allais dire même après la seconde guerre mondiale, au-delà même du marché intérieur, au-delà même de l'euro- qui a été de bâtir des champions européens, AIRBUS en est un exemple, pour que nous puissions être plus forts encore dans le monde. Aujourd'hui se défaire de l'Europe -les Britanniques vont en faire l'expérience c'est finalement s'affaiblir dans son propre pays £ et cela je ne le veux pas.
Intervenant : Monsieur le président êtes vous véritablement inquiet pour la France ? Est-ce que vous avez des regrets ?
LE PRESIDENT : On a toujours des regrets. Mon regret, c'est que le Front national soit à ce niveau, soit présent au second tour, même s'il n'a pas fait beaucoup plus qu'en 2012 il a fait suffisamment pour être au second tour. Quand je vois la campagne qui est celle de l'entre-deux tours, quand je pense à ce débat qui a été pénible à suivre et qu'il l'a été avec une suite d'insultes, quand je vois combien le niveau de la responsabilité politique est tombé ces derniers jours, ces dernières semaines, oui j'ai ce regret de ne pas avoir convaincu les Français de ne pas faire ce choix, même s'ils ne l'ont pas fait puissamment. Le conseil que je leur donnerai, c'est de ne pas le faire du tout à l'occasion du second tour de l'élection présidentielle. Je ne blâme pas les électeurs mais je me dis que nous devons encore, dans ces derniers jours -c'est ce que je fais- les convaincre. Les convaincre non pas pour un avantage personnel, je n'ai aucun avantage personnel, je ne cherche rien pour moi-même. Ce qui m'anime, c'est l'intérêt de mon pays, c'est pour cela que je dois encore m'exprimer. Merci.
Vous savez, on n'est pas là pour faire des pronostics. Ce qui va compter, c'est le score, c'est le résultat, c'est l'ampleur. Il faut donc qu'il y ait le niveau le plus élevé pour Emmanuel MACRON et donc forcément le plus bas pour l'extrême droite.
Intervenants : Merci beaucoup.