2 septembre 2016 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les priorités de la construction européenne, à Evian-les-Bains le 2 septembre 2016.


Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux d'accueillir la Chancelière Angela MERKEL dans ce site magnifique, ici à Evian.
Evian est une ville qui a toujours été marquée par la relation entre la France et l'Allemagne puisque c'est dans cet hôtel et dans cette ville que depuis plus de 25 ans, il y a des chefs d'entreprise, des acteurs sociaux, économiques français et allemands, qui se retrouvent ici, pour réfléchir sur ce que doit être l'amitié entre nos deux pays, sur la force que nos économies peuvent avoir ensemble et sur les réformes que nous devons engager et enfin sur la responsabilité de la France et de l'Allemagne dans la construction européenne.
Ces rencontres auxquelles nous avons décidé de participer la Chancelière et moi-même, arrivent à un moment particulièrement crucial pour l'Europe, avec le Brexit, avec également les montées des populismes et les contestations de l'idée-même de l'Europe. Une nouvelle impulsion est donc nécessaire pour l'Union. Et la France et l'Allemagne veulent y prendre pleinement leur place pour prendre leurs responsabilités. Ces rencontres vont nous permettre aussi de dire que l'Europe, ce ne sont pas simplement des institutions, des procédures, des règles, ce sont aussi des volontés de développer nos économies.
Et notamment dans deux grands domaines. le numérique et vous savez qu'avec la Chancelière, nous avons déjà depuis plusieurs années engagé une réflexion avec les entreprises françaises et allemandes pour que nous puissions construire une Europe du numérique, avec une innovation, une recherche qui doivent être menées en commun pour que nous puissions dans la digitalisation, donner aux Européens toutes leurs chances pour être leaders dans le monde.
Le second domaine dans lequel nous avons décidé de travailler, c'est celui de la transition énergétique. La France et l'Allemagne ont participé au succès de la COP et qui d'ailleurs veulent que les pays maintenant européens ratifient, le plus rapidement possible, l'Accord de Paris. Nos deux pays ont été précurseurs. Nous voulons que nous puissions donner à nos entreprises le cadre législatif, réglementaire, fiscal qui soit le meilleur pour que nous puissions être là-encore en état non seulement d'appliquer l'accord mais d'être en avance.
Je le disais, notre réunion ici à Evian se situe à quelques jours du G20, nous y serons dès après-demain. Et en Chine, nous aurons à faire en sorte que les pays les plus importants du monde puissent donner une impulsion là-encore à la croissance, à la régulation, lutter contre un certain nombre de pratiques déloyales, favoriser les échanges et également réfléchir à tout ce qui menace la paix. L'Europe doit aussi être présente -elle le sera- elle le sera par les pays membres du G20, elle le sera par ses institutions mais nous voulons que l'Europe puisse peser sur le destin du monde. C'est pourquoi à Bratislava il y aura cette réunion pour une nouvelle impulsion. Et notre volonté, à la Chancelière et moi-même, c'est qu'il y ait deux grandes priorités pour les mois prochains jusqu'à ce que nous puissions en montrer la concrétisation, peut-être lors de la célébration de l'anniversaire du Traité de Rome.
Ces deux priorités : c'est la sécurité et c'est la prospérité.
L'Europe doit apporter une protection aux Européens : protection des frontières, protection des intérêts fondamentaux, protection aussi par rapport aux risques de terrorisme, ce qui suppose que nous allions au-delà de ce que nous avons à faire pour appliquer l'Accord de Schengen qui nous engage tous. Nous devons aussi avoir une politique de défense et là-encore, nos ministres vont pouvoir dans les prochains jours faire un certain nombre de propositions.
L'autre priorité, c'est la prospérité. Si les Européens eux-mêmes doutent de leur continent, de ses capacités, il ne sera pas possible de les convaincre de faire l'Europe comme nous avons décidé de l'engager. C'est-à-dire avec une volonté et avec une perspective de croissance. La prospérité, c'est de faire en sorte que nous puissions, notamment pour la jeunesse, offrir les conditions de sa formation, de sa qualification. C'est faire qu'il y ait plus d'investissements et qu'il y ait également plus de croissance dans les domaines que nous considérons comme essentiels pour l'avenir de l'Europe.
Tel est le sens de ces rencontres ici, à Evian.