24 février 2016 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations franco-argentines, à Buenos Aires le 24 février 2016.

Monsieur le Président, cher ami,
Madame, Mesdames et Messieurs qui représentez l'amitié entre l'Argentine et la France, je suis très sensible à l'accueil que vous me réservez ainsi qu'à la délégation qui m'accompagne.
Trois de mes prédécesseurs étaient venus, Charles de GAULLE, François MITTERRAND et Jacques CHIRAC. Tous, d'une certaine façon, ont éprouvé le même sentiment, c'est-à-dire d'être ici en Argentine dans une terre familière. Il faut dire que le théâtre Colon a des airs de l'Opéra de Paris, que la Plaza Francia à Buenos Aires rassemble deux Marianne : la Marianne argentine et la Marianne française, pour porter ensemble le flambeau de la liberté. Il y a aussi votre Libertador, le Général SAN MARTIN qui, après avoir donné à l'Argentine son indépendance, a voulu vivre en France pour saluer ses deux patries.
Tout au long du 19ème siècle et du 20ème siècle, il y a eu beaucoup de Français qui sont venus en Argentine, des Basques, des Béarnais, des Aveyronnais, assez peu de Normands, mais tous voulaient vivre, en Argentine, une nouvelle vie. Lorsque la dictature a frappé ici en Argentine, la France a ouvert ses bras à ceux qui fuyaient l'oppression. Il y a eu, dans cette occasion dramatique, des liens qui se sont tissés et notamment au plan culturel. Julio CORTAZAR voulut, en 1981, acquérir en plus de la nationalité argentine, la nationalité française comme pour montrer sa volonté de résistance à l'oppression. C'est François MITTERRAND qui avait signé, il venait d'être élu à la présidence de la République française, le décret de naturalisation.
Le maître Jorge BORGES fit un merveilleux poème qu'il avait dédié à la France et c'était l'une des plus belles déclarations d'amour que notre pays a pu recevoir. Nous partageons nos peintres, nos musiciens, nos metteurs en scène, nos artistes, nos sportifs et quand ils remportent des succès, c'est-à-dire presque toujours, nous considérons que nous pouvons les partager. Ce qui fait que lorsque vous gagnez une coupe du monde de football, c'est comme si nous la remportions nous aussi et lorsque nous gagnons une coupe du monde, pour l'instant nous n'en avons gagné qu'une, vous y contribuez.
Aujourd'hui, ma visite correspond à la fois à votre bicentenaire, mais aussi à votre accession à la présidence de la République Argentine. Nous voulons ouvrir ensemble une nouvelle étape de notre relation. Je suis accompagné par de nombreux chefs d'entreprise qui se sont tous félicités du nouveau cap que vous avez fixé et des réformes que vous avez engagées. Nous avons défini ensemble, Monsieur le Président, une feuille de route qui nous permettra de développer des partenariats dans de nombreux domaines, l'énergie, le spatial, l'aéronautique, les nouvelles technologies.
Vous avez aussi voulu et je vous en remercie, être pleinement engagé dans le résultat de la COP21 auquel vous avez contribué dès votre élection. Ce que je veux ici vous promettre c'est de vous accompagner autant qu'il sera possible, de faciliter les relations entre l'Argentine et la communauté financière internationale, d'appuyer votre adhésion à l'OCDE et également faire en sorte que nous puissions multiplier les investissements.
Nous avons également cette volonté de multiplier les échanges culturels, scientifiques, universitaires et nous avons signé des accords entre nos établissements d'enseignement supérieur, nos établissements de recherche. Vous êtes le pays qui accueille le plus de scientifiques français et nous sommes fiers d'être votre premier partenaire dans ce domaine.
Comme Jorge BORGES, vous aimez la France et nous sommes forcément touchés par cette affection. Parfois nous, les Français, nous nous posons la question de savoir pourquoi nous sommes tant aimés, alors que nous-mêmes, nous nous interrogeons. La langue française, cette langue que nous partageons est une part de l'explication, parce qu'elle nous permet cette communauté de culture, ce partage, cette diversité. La France n'a jamais conçu la culture comme étant une appartenance à une nationalité, mais tout simplement une adhésion à l'universel.
L'histoire de nos deux pays est marquée par une même volonté d'indépendance et de résistance. Résistance à toutes les épreuves, vous en avez connu, nous aussi, encore l'année dernière avec les attaques terroristes. Mais nous savons que nous pouvons les surmonter parce qu'il y a en nous une force qui s'appelle la liberté. Alors soyez sûr que vous êtes aimés des Français, vous les Argentins.
Si Jorge BORGES disait qu'il n'avait jamais cessé d'être en France même à Buenos Aires, nous, lorsque nous sommes à Paris, il y a encore des accents de musiques qui nous viennent d'Argentine. Alors, je veux ici vous dire toute l'amitié que nous partageons et à mon tour, lever mon verre à l'Argentine, à la France et à l'amitié entre nos deux pays.
Merci.