17 mars 2015 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration conjointe de MM. François Hollande, Président de la République, et Anibal Cavaco Silva, président du Portugal, sur les relations franco-portugaises, à Paris le 17 mars 2015.


LE PRESIDENT : Mesdames, messieurs,
J'ai été très heureux d'accueillir le Président portugais CAVACO SILVA. Cela faisait dix ans qu'il n'y avait pas eu un déplacement officiel d'un Président portugais en France. Nous sommes donc encore plus sensibles à cette visite et elle témoigne de la relation de confiance et d'amitié qui existe entre nos deux pays.
J'ai moi-même participé le 4 mars au Sommet de Madrid, consacré à un sujet qui tient beaucoup à cur du Portugal, de l'Espagne et de la France, les interconnexions. Le Premier ministre portugais M. PASSOS COELHO, M. Mariano RAJOY, ainsi que le Président de la Commission européenne M. JUNCKER y participaient.
Le Premier ministre français, M. Manuel VALLS, se rendra lui-même à Lisbonne les 9 et 10 avril pour établir une feuille de route pour les coopérations à engager entre nos deux pays.
Je reviens sur les liens qui nous unissent, qui sont d'abord des liens humains puisque la communauté d'origine portugaise compte environ 600 000 personnes. La France est la première destination des étudiants portugais, qui souhaitent venir ici apprendre en français et dans un pays ami. Nous avons aussi 500 entreprises françaises qui sont présentes au Portugal et des échanges économiques très importants. Enfin, nous voulons poursuivre nos coopérations culturelles et linguistiques et nous veillons, le Président portugais et moi-même, à ce que nous puissions unir nos efforts pour rassembler encore davantage les communautés francophones et lusophones.
La France est le troisième fournisseur, le deuxième client du Portugal. Nous avons voulu que la visite du Président puisse être essentiellement consacrée au développement de nos échanges économiques. Je rappelle qu'il y a des entreprises françaises qui ont réussi des investissements tout à fait considérables, je pense à VINCI qui aujourd'hui est gestionnaire des aéroports au Portugal. Je pense aussi à des entreprises portugaises, nous en parlions avec le Président, qui maintenant sont installées en France et y développent leurs activités.
Nous avons parlé de l'Europe, qui est sur le chemin de la reprise. C'est vrai au Portugal qui a connu une période très difficile avec une austérité très lourde à vivre. Mais aujourd'hui nous sommes sur un chemin de croissance, avec d'ailleurs des résultats économiques pour le Portugal tout à fait significatifs. Nous voulons ensemble développer cette perspective de croissance et nous attacher à ce que le plan JUNCKER puisse produire tous ses effets dans nos deux pays. J'ai cité les interconnexions, c'est une illustration £ nous voulons que l'investissement, qu'il soit public ou privé, puisse être davantage soutenu en Europe pour atteindre des objectifs de croissance. C'est la raison pour laquelle j'avais annoncé il y a quelques jours que la France contribuerait à hauteur de 8 milliards d'euros pour venir en complément du plan JUNCKER.
Nous avons aussi évoqué la question de la sécurité de l'Europe. Je remercie le Président du Portugal, les autorités portugaises pour les appuis que ce pays ami nous a manifestés aussi bien pour le Mali, que pour la Centrafrique. Je sais ce que cela représente.
Nous avons aussi évoqué la Libye qui connait une situation extrêmement préoccupante de division, de trafic, de mouvements migratoires, et nous appelons de nos vux une fois encore une solution politique qui permet à la communauté internationale d'agir avec plus de force et d'efficacité.
Nous avons aussi parlé de la lutte contre le terrorisme et nous avons défini ensemble les moyens de conjurer ces risques notamment sur les activités de renseignement, sur la coopération en matière de déplacement. Je remercie le Portugal pour son soutien notamment dans les épreuves qui ont frappé la France.
Enfin, le Portugal est très attaché, comme la France, à ce que la Conférence sur le climat réussisse. J'ai moi-même dit combien aujourd'hui les catastrophes se multipliant, nous étions conscients de nos responsabilités. Je ne doute pas que, notamment lors du Conseil européen qui va avoir lieu jeudi et vendredi, nous aurons à cur de donner la contribution la plus probante pour démontrer notre volonté de réussir l'accord sur le climat. Je remercie encore le Président CAVACO SILVA et je lui dis que nous avons été très honorés par sa présence, ici, en France.
Président CAVACO SILVA : C'est pour moi un honneur tout particulier de pouvoir rencontrer le président HOLLANDE ici à l'Elysée dans le cadre de mon séjour à Paris.
Cette rencontre à haut niveau contribue à renforcer les relations entre le Portugal et la France. Nous avons eu l'occasion de passer en revue les différents sujets de l'agenda bilatéral européen et international.
Nos relations avec la France sont des relations anciennes, très solides, des relations amicales. La France est traditionnellement un de nos principaux partenaires économiques. Ces dernières années, nos relations se sont encore renforcées étant donné que la France est à l'heure actuelle le deuxième partenaire commercial et d'investissement au Portugal, juste derrière l'Espagne.
Il me semble cependant qu'il est possible de renforcer encore ce potentiel qui existe grâce aux excellentes relations politiques existantes entre nos deux pays. Le Portugal est très engagé dans ce sens, et c'est pour cette raison que ce matin j'ai rencontré des hommes d'affaires français qui connaissent très bien le Portugal et qui peuvent témoigner de la compétitivité de notre pays.
Nous reconnaissons le rôle très important et dynamique développé par la communauté portugaise et j'aimerais remercier les autorités françaises pour l'hospitalité qu'elles ont toujours montrée vis-à-vis des Portugais qui ont cherché la France pour y vivre et pour y travailler.
Nous avons constaté dans le cadre de notre rencontre qu'il y a d'innombrables questions européennes et internationales dans lesquelles un dialogue et une concertation intenses entre nous existent : tout ce qui concerne la sécurité intérieure et les frontières de l'Union européenne, la relance de la croissance économique en Europe, le développement de politiques dans le domaine des investissements structurels, et aussi dans la construction d'un marché unique de l'énergie.
En ce qui concerne ce dernier point, le marché unique de l'énergie, je ne peux pas passer sous silence le rôle du Président HOLLANDE que je tiens à remercier infiniment pour tous ses efforts afin de débloquer la question des interconnexions électriques et gazières entre la péninsule ibérique et l'Europe.
Le sommet qui s'est tenu à Madrid récemment a été très important. Le Président HOLLANDE, le Premier ministre portugais ainsi que Premier ministre espagnol et le Président de la Commission européenne y ont participé. Dans le contexte européen nous avons encore parlé des réformes appliquées au Portugal, suite à notre programme d'ajustement, et aussi des réformes qui sont menées courageusement en France.
Nous nous réjouissons des résultats positifs de l'économie française, un taux de croissance positif, ce que nous vérifions actuellement au Portugal aussi, ce qui est très positif pour nos deux pays mais aussi pour toute l'Union européenne.
En 2014, nous avons vraiment connu un tournant, nous avons retrouvé la croissance économique et nous espérons qu'elle va se confirmer à l'avenir.
Nos efforts individuels sont importants mais ils ne sont pas suffisants pour atteindre des résultats satisfaisants en zone euro, et pour réduire le taux de chômage qui est atterrant dans l'Union européenne, 26 millions de chômeurs. Il nous faut une concertation renforcée entre nous qui nous permette de corriger les déséquilibres dans une Europe qui est encore trop hétérogène. Nous avons besoin d'une Europe plus inclusive et plus coordonnée.
Nous avons encore discuté des thèmes d'actualité qui intéressent le Portugal et la France ainsi que l'Union européenne.
Nous reconnaissons une fois de plus l'importance de la coordination et de l'articulation que nous pouvons développer entre nos deux pays. Je pense notamment à Daech, aux menaces qui en résultent pour la paix et la sécurité internationale. Mais aussi la menace pour les valeurs de liberté, tolérance, démocratie ou des droits de l'Homme.
Nous avons aussi évoqué la sécurité et les efforts que nous menons contre le terrorisme, nous avons évoqué la Libye dont la situation nous préoccupe. Nous avons aussi cité l'Afrique et notamment les pays lusophones, l'Angola, le Mozambique, mais aussi la contribution du Portugal pour les opérations des Nations Unies et de l'Union européenne au Mali, dans le Golfe de Guinée et en République Centrafricaine.
Je ne pouvais pas ignorer le rôle primordial du Président HOLLANDE et de la Chancelière Angela MERKEL pour aboutir aux accords de Minsk. Nous prierons pour que toutes les parties maintenant respectent ces accords.
Toutes ces questions exigent une coordination au niveau de l'Union européenne et il est très utile de développer un dialogue et une concertation entre nos deux pays. Il me semble que l'entente politique excellente entre nos deux pays a des avantages qui sont évidents mais pas uniquement au niveau bilatéral. Je crois que nous pourrons développer encore plus ces potentialités dans le cadre européen et dans d'autres forums aussi.
Pour terminer je voulais tout simplement vous dire que cette rencontre a confirmé la forte volonté de nos deux pays d'approfondir les relations entre le Portugal et la France. Je souhaitais remercier une fois de plus le Président HOLLANDE pour l'occasion qui nous a été donnée de nous rencontrer aujourd'hui. De mon point de vue, cette rencontre a été fructueuse, j'espère qu'elle l'a été aussi pour la France. Nos relations entre le Portugal et la France sont spéciales, nous souhaitons qu'elles continuent, qu'elles soient toujours des relations spéciales à l'avenir. Une fois de plus M. le Président, je vous remercie de cette rencontre.