2 août 2013 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, notamment sur la politique du gouvernement, à Périgueux le 2 août 2013.

Monsieur le Maire,
Cher Michel MOYRAND,
Monsieur le président du Conseil régional,
Cher Alain ROUSSET,
Mesdames et Messieurs les élus,
Javais plusieurs raisons de venir ici à Périgueux aujourdhui. Dabord, pour être dans la lignée de mes prédécesseurs. Savoir que POINCARE est venu mobligeait. Et que MITTERRAND avait pu en 1984 faire part de ses convictions et lutter contre les passions et les pressions me conduisait à minspirer de son exemple.
Mais ce nétait pas la raison principale de ma venue. Je devais réparer un engagement que je navais pas tenu, un des rares que je nai pas tenu. Et il me reste encore quatre ans pour réussir à avoir la confirmation des promesses que jai pu faire auprès des Français.
Mais javais dit à Michel MOYRAND que je viendrais inaugurer sa mairie et le jour quil avait choisi, malgré toutes ses précautions, ne correspondait pas aux exigences de mon emploi du temps. Aujourdhui, cest donc une deuxième inauguration que je veux faire de cette mairie, de cet Hôtel de Ville. Je connaissais lancienne mairie qui va donc être loffice du tourisme. Bel emplacement !
Je vois là un investissement important pour la ville qui correspond aussi à la volonté de la municipalité de mieux servir la population dans un cadre et avec des moyens qui peuvent permettre de répondre aux formalités indispensables pour nos concitoyens.
Je viens également dans le département de la Dordogne avec le nouveau ministre de lEcologie et le ministre de lAgriculture qui a été amené à se rendre en Ille-et-Vilaine pour, hélas, une cérémonie à la mémoire de Jean-Michel LEMETAYER qui fut président de la FNSEA.
Et je viens ici pour reconnaître ce quest lactivité agricole, ce quelle peut faire pour léconomie de notre pays à travers des références qui sont autant dexemples. Dabord, nous sommes allés avec Germinal PEIRO, député de la circonscription, dans une exploitation ou plus exactement dans un bâtiment qui regroupe les productions de 40 agriculteurs qui sont engagés dans ce que lon appelle le « circuit court ». Lorsque lon évoque le « circuit court », il y a toujours une forme de préjugé qui voudrait que ce ne soit pas finalement de léconomie marchande et que cela répondrait à des préoccupations essentiellement écologiques ou destinées aux touristes. Cela nest pas le cas.
Bien sûr que les touristes peuvent y trouver leur part. Mais les agriculteurs mont dit que cétait la plus mauvaise période parce quils ne pouvaient pas fournir autant quil était demandé. Bien sûr quil y a une préoccupation environnementale puisque cela réduit les durées, les temps de transport et donc la consommation de carbone. Mais cest surtout pour générer de lemploi supplémentaire.
Vous savez que toute laction conduite par le gouvernement, cest dinverser la courbe du chômage, de créer de lactivité, de créer de lemploi. Lagriculture peut créer de lemploi. Dabord, pour les agriculteurs eux-mêmes mais aussi pour tous ceux qui travaillent autour, avec lagriculture. Et en faisant ces choix de distribution, cest à la fois une exigence demploi et une exigence de pouvoir dachat. Puisque cela permet aux consommateurs dacheter moins cher et, paradoxalement, aux producteurs de vendre plus cher que dans les circuits traditionnels.
Nous sommes allés ensuite dans une exploitation qui a servi de siège à une CUMA. Je rends hommage à cet esprit coopératif qui a réalisé un atelier, je nose pas dire une usine, mais en tout cas un équipement de méthanisation. Il y a 100 ateliers de méthanisation aujourdhui en France. Il y en a, me disait-on, 7 000 en Allemagne. Nous voyons donc le retard qui a été pris. 100 en France, 7 000 en Allemagne. Beaucoup sont faites dans la région. Je veux saluer ici la politique du Conseil régional.
Jai donc décidé avec le ministre de lAgriculture que nous ferions 1 000 ateliers de méthanisation dans les trois prochaines années. Ce qui supposera une simplification des procédures. Le ministre de lEcologie en est chargé, avec un financement qui devra être spécifique. La Banque publique dinvestissement, la Banque européenne dinvestissement pourront être sollicitées et, avoir un encouragement avec les collectivités locales pour mener à bien ces projets.
Je suis à Périgueux également pour le festival du mime. Jimagine ce que pourront être les commentaires de nos amis de la presse qui sont toujours à laffût de deux sujets : les vacances et lexpression, la parole. Ici, nous ne sommes donc pas en vacances et il ny aura pas de paroles sauf celles que je viens de prononcer. Mais à partir de la fin de ce discours nous serons dans le geste. Je veux donc saluer cette initiative qui a été prise il y a 30 ans.
Michel MOYRAND a rappelé que cétait le mime MARCEAU qui en avait eu lidée. Mime MARCEAU que certains ont pu connaître, qui avait été, vous me lavez rappelé, ici, accueilli, que dis-je, recueilli pendant la guerre. Et qui avait voulu finalement remercier les Périgourdins en créant ce festival. Le maire de lépoque Yves GUENA avait compris lintérêt de ce projet, lavait soutenu. Il a pris, sous votre direction, une autre dimension en mettant maintenant un festival des arts de la rue qui se verront reconnaître à travers aussi un institut qui sera créé ici à Périgueux et qui aura le caractère de scène nationale. La ministre de la Culture vous ayant reconnu ce label qui vous permettra daccéder à des financements et à une reconnaissance.
Là-aussi, la culture je me suis exprimé sur ce sujet à Arles il y a quelques jours est à la fois un facteur de partage, démotion, de plaisir, de joie mais également un levier pour la création demploi et dactivité. Les emplois que vous avez pu créer pour cette saison, les touristes qui vont venir, lensemble de ceux qui concourent à ces prestations, cest de lemploi.
Vous avez voulu enfin insister sur les emplois davenir et je peux ici vous annoncer que nous sommes maintenant à lobjectif. A la fin du mois de juillet, il y aura 45 000 emplois davenir. Et le ministre du Travail et de lEmploi, Michel SAPIN, me disait que nous sommes dans un rythme accéléré de création des emplois davenir. Ce qui me permet dannoncer quà la fin de lannée nous aurons bien les 100 000 emplois davenir.
Sil y avait une raison de plus pour justifier ma présence ici en Dordogne, cest que votre département je veux saluer ici Monsieur le préfet, tous les élus qui y ont contribué, les grandes et même les petites associations qui y ont participé, voire quelques entreprises du secteur marchand vous êtes en avance même par rapport à vos objectifs et il est possible que nous soyons amenés et jen serais heureux de réattribuer des emplois davenir pour le département tant vous avez dépassé les espérances que vous aviez en début de cette année.
Voilà, Mesdames et Messieurs, le sens de ma visite. Il y a aussi une part démotion ou damitié parce que venant en Dordogne, je ne suis pas loin de la Corrèze mais je ne suis pas en Corrèze ! Je suis venu tellement souvent ici dans votre département. Je nétais pas président de la République mais je noublie pas que jai fait une réunion publique cela devait être la dernière de la campagne du second tour ici à Périgueux. Mais je ne viens pas faire une nouvelle campagne, je veux rassurer ici ceux qui pourraient sinterroger, il ny a pas de motifs à ce déplacement de cet ordre. Mais cest vrai que je noublie jamais ces moments où nous nous sommes retrouvés même si aujourdhui je suis le Président de tous les Français, cest-à-dire aussi de celles et ceux qui nétaient pas à nos réunions, qui nont pas voté pour le candidat que jétais et qui veulent la réussite de la France.
Cest le devoir qui est le mien. Ce nest pas simplement de respecter des promesses, tenir des engagements, cest important dêtre fidèle à mes convictions sûrement mais cest datteindre lobjectif qui vaut pour tous les Français, cest-à-dire à la fois celui de limmédiat, créer de lemploi, de lactivité, de la richesse, faire en sorte que nous puissions vivre dans un cadre plus harmonieux.
Cest le sens de la politique de lécologie. Etre capable de fournir des produits de qualité, cétait le sens de ce que nous avons promu, aujourdhui, autour de lagriculture, et du rappel que jai fait du moratoire concernant les OGM. Je sais que vous y étiez très attentifs. Jai même, ici, parce que je savais que cette question serait posée, réaffirmé que nous tiendrions donc sur le rattrapage pour les retraites agricoles et notamment pour les conjoints et pour les aides familiales.
Le devoir qui est le mien, au-delà de ces mesures que nous venons de prendre, pour la justice, pour lactivité économique, pour lemploi, pour le cadre de vie, cest de tracer le chemin pour la France.
Javais dit « la France dans dix ans ». Certains auraient fait déjà des anticipations ! Les décisions que nous prenons aujourdhui ne valent pas que pour les mois ou les années qui viennent. Elles doivent permettre de faire que notre pays vive mieux à lhorizon de ces dix prochaines années. Et sil y a un doute, il existe ce doute, je le ressens, dans le pays, cest de savoir si nous serons toujours un grand pays, si nous avons un destin, si nous avons une perspective, quelle sera notre place dans le monde. Pour que nous en soyons convaincus, il faut prendre des décisions aujourdhui qui vaudront pour longtemps.
Ce sera aussi pour la rentrée les choix que nous aurons à faire pour lavenir de notre protection sociale, pour les retraites, pour léducation - pas simplement pour la rentrée scolaire pour la politique de la ville. Demain, je serai à Auch, certains se disent à Auch il ny a pas de quartiers en difficulté. Et pourtant, nous avons retenu justement cette ville on aurait pu en retenir dautres, une dans la région limousine Guéret, une des plus petites préfectures de France en taille de population mais qui connaît aussi des problèmes de quartiers. Nous avons donc à donner cette cohésion à notre pays et cest tout le sens de laction que je conduis et que je voulais ici vous traduire en des mots simples.
Je sais que, à Périgueux, on a le sens de lhistoire, parce que vous êtes une ville qui a un grand passé £ mais aussi de ce que peut représenter lavenir de la nation parce que vous accueillez de nombreux touristes étrangers qui vous disent, peut-être mieux que dautres, combien ils apprécient notre pays, combien ils lattendent, combien ils lespèrent.
Cest la responsabilité qui est aussi la nôtre, faire que notre pays reste une grande nation pour influencer le cours du monde. Nous en avons la volonté et nous aurons, je crois, le résultat le moment venu.
Merci à Périgueux de maccueillir et je vais maintenant faire les gestes qui me permettront dêtre mieux compris dans la rue. Merci.