8 juillet 2013 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, en hommage à Alain Mimoun, champion olympique de course de fond, à Paris le 8 juillet 2013.
Mesdames, Messieurs,
Alain MIMOUN vient de nous quitter. Cétait un combattant courageux, un sportif exceptionnel et un patriote fervent.
Alain MIMOUN était né à Telagh, dans le nord de lAlgérie, le 1er janvier 1921.
Alain MIMOUN est mort à Champigny, dans le Val-de-Marne, le 27 juin 2013.
Entre ces deux dates, sétend une longue et belle vie faite dendurance, de sacrifices, et de victoires.
La première de ces victoires fut modeste, cétait de décrocher le certificat détudes primaires, le titre de gloire des enfants de la troisième République. Il lobtint avec la mention « bien », et son ambition alors était de devenir instituteur. Mais la bourse qui aurait pu financer ses études lui fut refusée. Ce fut pour Alain MIMOUN une blessure. Mais loin de se détourner de la France, il décida de la servir pour être pleinement reconnu par elle.
Il sengagea donc à 19 ans dans larmée.
Il se bat alors sur le front belge, où il est témoin de « létrange défaite » de 1940. Il intègre le régiment de sapeurs-démineurs en Algérie et participe pendant six mois, de novembre 1942 à mai 1943, au combat contre lAfrika Korps de ROMMEL. Il aurait pu sarrêter là. Cétait déjà une belle et grande victoire. Mais non, il rejoint lItalie comme caporal dans le corps expéditionnaire du maréchal JUIN. Il prend part à la bataille de Monte Cassino, en janvier 1944 il est grièvement blessé à la jambe, au point que les médecins sinterrogent, lamputation est envisagée. La vie dAlain MIMOUN se joue là. Il se relève, se soigne et repart au combat. Il manque le débarquement en Normandie, quimporte, il sera de celui de Provence jusquà la victoire finale.
A la Libération, il court pour un autre destin. Depuis ce jour de 1947 où Alain MIMOUN est devenu champion de France de course de fond, il collectionne les titres nationaux et mondiaux, jusquaux Jeux olympiques de Melbourne en 1956 où il remporte la médaille dor du marathon.
Ces succès, il les doit à des vertus qui ont fait la personnalité dAlain MIMOUN et qui peuvent encore aujourdhui, plus que jamais, avoir valeur dexemple.
La première de ces vertus cest la persévérance. Alain MIMOUN aimait comparer sa carrière à « un château » : « Ma médaille dargent, disait-il, à Londres en 1948, ce sont les fondations £ mes deux médailles dHelsinki, en 1950, ce sont les murs £ ma médaille dor de Melbourne, cest le toit ». La maison est finie.
La seconde de ces vertus cest la volonté. Lathlétisme, il lavait découvert fortuitement, à larmée. Mais, par la suite, il na plus laissé aucune place au hasard. Chaque matin, pendant des heures, il sentraînait. Chaque soir, il mesurait le chemin parcouru. Il courait et il courait encore. Il sobstinait, parce que tout ce qui nétait pas excellence lui paraissait médiocrité. Il ne sarrêtait jamais. Il y a à peine 10 ans, à loccasion des championnats du monde dathlétisme, certains le voyaient à 82 ans, faire le tour du stade de France, chaussé de ses mocassins de ville Rien ne lui faisait peur. Il courait. Il courait encore.
Alain MIMOUN, cétait le courage. Il a souvent raconté à ses proches la course mythique de Melbourne. Il sélançait contre le champion ZATOPEK. Peu de commentateurs lui accordaient la moindre chance de victoire. Mais lui, il y croyait. Il y croyait non seulement au premier kilomètre, le plus facile, mais au trentième, déjà loin du départ, toujours loin de larrivée. Il courait sous une chaleur de 40 degrés, ses jambes lui faisaient mal et il ne trouvait plus son souffle alors il sécria dans une voix intérieure « Fainéant, tu ne vas pas lâcher maintenant ! ». Alors il a couru et a gagné.
Quelque chose le portait, quelque chose de plus puissant que tout, cétait lamour de la France. « Je rêvais, disait-il, de voir le drapeau français au milieu du stade, je rêvais dentendre la Marseillaise, cétait mon obsession. ».
Alain MIMOUN, né en Algérie, avait choisi la France. Il était imprégné de son histoire.
La France, pour Alain MIMOUN, cétait un choix, une passion, une fierté, un idéal.
La France, pour Alain MIMOUN, cétait de hautes figures. Cétait le chevalier BAYARD, dont un portrait ornait sa maison de Champigny. Cétait le général de GAULLE, qui fut sa référence, et qui lui avait dit un jour : « Mimoun, vous et moi, nous avons un point commun : nous durons ». Il a duré jusquà aujourdhui. Une haute figure, cétait aussi Jacques CHIRAC, avec lequel il partageait, au-delà des idées, un territoire, une terre, un département, la Corrèze.
Son épouse, Germaine, venait de Tulle, une belle ville. Ensemble, ils sétaient installés à Bugeat, sur le plateau de Millevaches où Alain MIMOUN courait bien sûr, mais où il avait contribué au développement dun Centre pour sportifs qui porte aujourdhui son nom. Cest là, à Bugeat, quil reposera aux côtés de Germaine, disparue il y a trois mois.
Alain MIMOUN était un grand champion mais aussi un homme simple, doué de la véritable humilité, celle qui est plus forte que lorgueil.
La vie dAlain MIMOUN est une leçon. Il a vaincu les fatalités, il a dépassé ses propres limites. Il savait souffrir pour laccomplissement de lui-même et la réussite de son pays.
Aujourdhui, devant sa famille, devant ses proches, devant ses amis sportifs, devant aussi le régiment dans lequel il a servi, cest toute la France qui rend hommage à Alain MIMOUN, à celui qui a couru tout au long de son existence sur des champs de bataille pour porter nos couleurs, sur les pistes des stades pour faire retentir la Marseillaise.
Pour Alain MIMOUN qui a couru, cherchant la gloire pour son pays, un pays quil aimait plus que tout. Un pays qui lui exprime par ma voix aujourdhui sa plus sincère reconnaissance.Vive la République et vive la France !
Alain MIMOUN vient de nous quitter. Cétait un combattant courageux, un sportif exceptionnel et un patriote fervent.
Alain MIMOUN était né à Telagh, dans le nord de lAlgérie, le 1er janvier 1921.
Alain MIMOUN est mort à Champigny, dans le Val-de-Marne, le 27 juin 2013.
Entre ces deux dates, sétend une longue et belle vie faite dendurance, de sacrifices, et de victoires.
La première de ces victoires fut modeste, cétait de décrocher le certificat détudes primaires, le titre de gloire des enfants de la troisième République. Il lobtint avec la mention « bien », et son ambition alors était de devenir instituteur. Mais la bourse qui aurait pu financer ses études lui fut refusée. Ce fut pour Alain MIMOUN une blessure. Mais loin de se détourner de la France, il décida de la servir pour être pleinement reconnu par elle.
Il sengagea donc à 19 ans dans larmée.
Il se bat alors sur le front belge, où il est témoin de « létrange défaite » de 1940. Il intègre le régiment de sapeurs-démineurs en Algérie et participe pendant six mois, de novembre 1942 à mai 1943, au combat contre lAfrika Korps de ROMMEL. Il aurait pu sarrêter là. Cétait déjà une belle et grande victoire. Mais non, il rejoint lItalie comme caporal dans le corps expéditionnaire du maréchal JUIN. Il prend part à la bataille de Monte Cassino, en janvier 1944 il est grièvement blessé à la jambe, au point que les médecins sinterrogent, lamputation est envisagée. La vie dAlain MIMOUN se joue là. Il se relève, se soigne et repart au combat. Il manque le débarquement en Normandie, quimporte, il sera de celui de Provence jusquà la victoire finale.
A la Libération, il court pour un autre destin. Depuis ce jour de 1947 où Alain MIMOUN est devenu champion de France de course de fond, il collectionne les titres nationaux et mondiaux, jusquaux Jeux olympiques de Melbourne en 1956 où il remporte la médaille dor du marathon.
Ces succès, il les doit à des vertus qui ont fait la personnalité dAlain MIMOUN et qui peuvent encore aujourdhui, plus que jamais, avoir valeur dexemple.
La première de ces vertus cest la persévérance. Alain MIMOUN aimait comparer sa carrière à « un château » : « Ma médaille dargent, disait-il, à Londres en 1948, ce sont les fondations £ mes deux médailles dHelsinki, en 1950, ce sont les murs £ ma médaille dor de Melbourne, cest le toit ». La maison est finie.
La seconde de ces vertus cest la volonté. Lathlétisme, il lavait découvert fortuitement, à larmée. Mais, par la suite, il na plus laissé aucune place au hasard. Chaque matin, pendant des heures, il sentraînait. Chaque soir, il mesurait le chemin parcouru. Il courait et il courait encore. Il sobstinait, parce que tout ce qui nétait pas excellence lui paraissait médiocrité. Il ne sarrêtait jamais. Il y a à peine 10 ans, à loccasion des championnats du monde dathlétisme, certains le voyaient à 82 ans, faire le tour du stade de France, chaussé de ses mocassins de ville Rien ne lui faisait peur. Il courait. Il courait encore.
Alain MIMOUN, cétait le courage. Il a souvent raconté à ses proches la course mythique de Melbourne. Il sélançait contre le champion ZATOPEK. Peu de commentateurs lui accordaient la moindre chance de victoire. Mais lui, il y croyait. Il y croyait non seulement au premier kilomètre, le plus facile, mais au trentième, déjà loin du départ, toujours loin de larrivée. Il courait sous une chaleur de 40 degrés, ses jambes lui faisaient mal et il ne trouvait plus son souffle alors il sécria dans une voix intérieure « Fainéant, tu ne vas pas lâcher maintenant ! ». Alors il a couru et a gagné.
Quelque chose le portait, quelque chose de plus puissant que tout, cétait lamour de la France. « Je rêvais, disait-il, de voir le drapeau français au milieu du stade, je rêvais dentendre la Marseillaise, cétait mon obsession. ».
Alain MIMOUN, né en Algérie, avait choisi la France. Il était imprégné de son histoire.
La France, pour Alain MIMOUN, cétait un choix, une passion, une fierté, un idéal.
La France, pour Alain MIMOUN, cétait de hautes figures. Cétait le chevalier BAYARD, dont un portrait ornait sa maison de Champigny. Cétait le général de GAULLE, qui fut sa référence, et qui lui avait dit un jour : « Mimoun, vous et moi, nous avons un point commun : nous durons ». Il a duré jusquà aujourdhui. Une haute figure, cétait aussi Jacques CHIRAC, avec lequel il partageait, au-delà des idées, un territoire, une terre, un département, la Corrèze.
Son épouse, Germaine, venait de Tulle, une belle ville. Ensemble, ils sétaient installés à Bugeat, sur le plateau de Millevaches où Alain MIMOUN courait bien sûr, mais où il avait contribué au développement dun Centre pour sportifs qui porte aujourdhui son nom. Cest là, à Bugeat, quil reposera aux côtés de Germaine, disparue il y a trois mois.
Alain MIMOUN était un grand champion mais aussi un homme simple, doué de la véritable humilité, celle qui est plus forte que lorgueil.
La vie dAlain MIMOUN est une leçon. Il a vaincu les fatalités, il a dépassé ses propres limites. Il savait souffrir pour laccomplissement de lui-même et la réussite de son pays.
Aujourdhui, devant sa famille, devant ses proches, devant ses amis sportifs, devant aussi le régiment dans lequel il a servi, cest toute la France qui rend hommage à Alain MIMOUN, à celui qui a couru tout au long de son existence sur des champs de bataille pour porter nos couleurs, sur les pistes des stades pour faire retentir la Marseillaise.
Pour Alain MIMOUN qui a couru, cherchant la gloire pour son pays, un pays quil aimait plus que tout. Un pays qui lui exprime par ma voix aujourdhui sa plus sincère reconnaissance.Vive la République et vive la France !