25 juin 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations économiques entre la France et la Chine, à Paris le 25 juin 2013.

Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Madame la représentante spéciale, chère Martine AUBRY,
Mesdames, Messieurs,
Je vous reçois aujourdhui à Paris avec beaucoup de plaisir, cest-à-dire vous chefs dentreprise venus de Chine qui nous faites lhonneur de venir dans notre pays pour en apprécier, non pas simplement la qualité de vie, mais aussi la technologie et les potentialités dinvestissements.
Notre rencontre daujourdhui sinscrit dans la démarche que jai engagée à Pékin avec le Président Xi JINPING pour amplifier les échanges entre nos deux pays et, plus largement, entre lAsie et lEurope. Cette conférence, celle de votre club, China Entrepreneur, est lexemple même de ce que nous voulons faire ensemble entreprises chinoises et entreprises françaises pour le bienfait et lintérêt de nos deux pays.
LEurope est le premier partenaire commercial de la Chine. La première destination des exportations asiatiques. Mais lEurope nest pas encore le lieu où les investissements chinois sont les plus importants. La Chine est devenue, après trente années dune exceptionnelle croissance, la deuxième économie de la planète. Nous la considérons comme telle. Europe et Chine, nous sommes donc liés les uns les autres.
LEurope a besoin de la Chine pour sa propre croissance et la Chine a besoin de lEurope pour le développement de ses entreprises. Elle a besoin de lEurope pour un accès aux technologies de demain. Elle a besoin de leuro pour la diversification de ses réserves de change. Le rééquilibrage actuel de la croissance chinoise en faveur de la demande intérieure comme les mesures qui ont été prises en direction dune plus grande flexibilité de son régime de change vont dans lintérêt de la Chine et de lEurope.
Pour ce qui concerne dailleurs le régime de change, nous sommes prêts, ici en France, avec la place financière de Paris, à jouer un rôle central dans le processus dinternationalisation du yuan pour permettre une meilleure utilisation de cette monnaie dans le règlement des transactions internationales. Il y aura, dailleurs, dans quelques jours, un accord entre la Banque de France et la Banque de Chine. Je sais que les discussions sont bien engagées, aussi, avec la Banque centrale européenne.
Il y a un déséquilibre commercial qui existe entre la France et la Chine. Nous devons travailler ensemble pour le résorber. La Chine nentend pas être un pays qui veut des excédents et, je le dis ici, la France nentend pas être un pays qui veut des déficits. Nous sommes donc prêts à nous entendre sur cette base. La solution ne sera jamais le protectionnisme ou la guerre des monnaies. Nous devons donc identifier ensemble, et cest le but de cette rencontre, les secteurs dans lesquels nos entreprises peuvent travailler ensemble.
Nous avons identifié plusieurs domaines.
Lagroalimentaire, dabord. Nous développons la présence en Chine des entreprises françaises dans bien des domaines et je sais que Mme Martine AUBRY y travaille notamment dans les domaines de la boulangerie, de la confiserie ou encore de la charcuterie Nous avons même décidé linstallation dune école française de formation en cuisine en Chine. La marque des produits français dans ces domaines, cest la qualité, la sécurité et cest ce que la Chine recherche.
Nous sommes aussi prêts, en France, à accueillir, jen ai parlé avec un certain nombre de chefs dentreprises, des capitaux chinois pour investir dans ce secteur de lagroalimentaire et pour créer une alliance, une coopération, un partenariat dans ce domaine qui est promis à de nouveaux développements.
Dans la santé, nous avons créé, à linitiative de la France, un club dentreprises chinoises et françaises à loccasion de ma visite à Pékin. Il rassemble des grands groupes et des PME. Je me félicite de voir quune maternité franco-chinoise est aussi sur le point de voir le jour à Shanghai. La France est aux côtés de la Chine pour la modernisation de ses hôpitaux.
Nous avons des centres de recherche chinois et français qui ne demandent quà travailler ensemble. Nous avons des technologies qui peuvent également se rassembler autour de projets communs. La médecine chinoise fait également lobjet dattentions particulières, ici en France, dans les hôpitaux à Paris. A partir de ces volontés communes de recherche dans le domaine de la médecine, nous pouvons donc aussi attirer les entreprises pour léconomie de la santé.
Dans le développement urbain, cest-à-dire dans la ville de demain, nous pouvons entreprises françaises et entreprises chinoises proposer une offre globale allant des transports jusquà la gestion des déchets. Lannée prochaine, le China Entrepreneur Club organisera un sommet international sur le développement durable. Je souhaite que les entreprises françaises puissent y participer pleinement et occuper une place éminente.
Je veux en effet créer toutes les conditions pour que les entreprises chinoises puissent davantage investir en Europe et particulièrement en France. Cest le sens de laccord sur les investissements en cours de discussion entre lUnion européenne et la Chine. Je sais que la ministre du Commerce extérieur y veille. Cest aussi le sens des mesures qui sont prises par le ministre de lEconomie et des Finances pour faciliter les investissements chinois en France et par le ministre de lIntérieur pour supprimer tous les contrôles, toutes les procédures qui parfois freinent la venue dentrepreneurs ou de chercheurs ou de jeunes en France venant de Chine.
Nous devons également ouvrir nos marchés dans un esprit de réciprocité. Je veux être clair sur cette question puisquil y a un certain nombre de polémiques sur les panneaux solaires ou sur le vin. La France a toujours été favorable à ce que ces différends se règlent par la négociation et dans un esprit dapaisement.
Nous devons tout faire pour que les conditions dune concurrence loyale soient réunies, mais surtout éviter des mesures unilatérales, du protectionnisme ou la fermeture des marchés. Cela ne serait ni bon pour lEurope, ni bon pour la Chine. Je fais confiance à cet esprit de coopération qui nous anime avec les autorités chinoises pour que nous trouvions les bonnes solutions, sans quil y ait besoin de stigmatiser qui que ce soit.
Pour ce qui concerne les investissements, la France a également des efforts à faire pour sa propre compétitivité, pour son attractivité. Elle est disponible pour accueillir davantage dinvestissements venant de Chine, créateurs de croissance et demploi. La France investit en Chine, la Chine peut investir en France ! Nous avons fait un certain nombre de choix, de compétitivité, de réforme du marché du travail.
Je sais que les entreprises chinoises sont attentives à la responsabilité sociale des entreprises. Je sais même que vous avez pris Jean-Jacques ROUSSEAU comme référence. Je le disais tout à lheure, cest bien la première fois que Jean-Jacques ROUSSEAU va être un acteur du développement économique. Lui-même nen avait pas conscience, mais sans doute avait-il compris, avant dautres, que léquilibre entre le social et léconomie permettait la performance
Pour ce qui concerne le financement de léconomie, nous veillons avec la Banque publique dinvestissement, qui est à la disposition de tous les entrepreneurs à pouvoir accompagner le développement en fonds propres, en trésorerie, en exploitation pour être les plus compétitifs.
Je disais, nous voulons attirer plus dinvestissements chinois en France parce que nous voulons là aussi un rééquilibrage. Il y a beaucoup dinvestissements français en Chine. Nous navons rien à craindre je lai dit à Pékin des investissements chinois en France, à la condition quils soient favorables à lemploi et à lactivité. Il ny a, de ce point de vue, aucune appréhension dans la société française.
Certes, nous voulons rééquilibrer les échanges commerciaux, réduire le déficit que nous avons entre la France et la Chine Mais chaque fois quil y a un investissement qui vient en France, venant de Chine, pour améliorer la situation de lemploi, pour conforter une entreprise, pour accompagner son développement, pour la mettre sur lensemble des marchés à léchelle du monde, nous y sommes favorables.
Je rappelle dailleurs que la France est lun des pays les plus attractifs au monde : 20 000 entreprises étrangères investissent £ 700 décisions nouvelles dinvestissement sont prises chaque année. La France est la première destination en Europe pour les investissements chinois créateurs demplois et je souhaite que cela puisse samplifier.
Nous avons dailleurs de beaux exemples devant nous, dans des domaines très variés : linformatique, avec le groupe chinois Lenovo dont le responsable est ici présent qui emploie 130 personnes à son siège de Paris £ les logiciels avec lalliance entre la société française Atos et le groupe chinois Yonyou £ et enfin le tourisme, puisquil y a eu un succès dun partenariat entre le Club Méditerranée et le groupe Fosun. Savoir que nous pouvons allier lexpérience française en matière de tourisme, lexcellence de nos prestations, la réputation, la marque quest le Club Med avec le potentiel que représente le tourisme venant de pays comme la Chine, cest une alliance formidable à léchelle du monde et qui ne peut que susciter de nouvelles vocations.
Lannée dernière, il y a eu plus de 30 projets nouveaux dinvestissement chinois en France. Cela représentait cest trop peu 1 000 emplois dans des domaines différents comme le prêt-à-porter, un centre de design à Paris £ lagroalimentaire, une usine de production de lait en Bretagne £ de lélectroménager en Rhône-Alpes Vous chefs dentreprises chinois avec les entreprises françaises, vous devez coopérer et investir en France, et nous ferons tout pour quil en soit ainsi.
Il y a un forum des investisseurs chinois qui va se tenir en 2014, à linitiative de lAgence française des investissements internationaux, en collaboration avec la Caisse des dépôts - Laquelle Caisse des dépôts a créé un fond franco-chinois dinvestissement pour les PME. Nous devons donc créer des instruments nouveaux pour que les capitaux chinois puissent aller aussi vers les petites et moyennes entreprises françaises.
Investir en France, cest avoir accès au marché européen. Cest avoir également une coopération de haut niveau en matière technologique. Cest embrasser un savoir-faire, une qualité de main duvre en France. Cest aussi une porte dentrée vers lAfrique et nous sommes prêts à travailler ensemble pour conquérir, entreprises françaises et entreprises chinoises, des marchés tiers.
Je vous remercie donc pour la confiance que vous nous témoignez en venant tenir votre réunion ici en France, après la Belgique. Je salue tous les chefs dentreprises chinois qui nous ont interrogés, questionnés sur la meilleure manière de pouvoir les accueillir. Le mot qui est revenu, le plus savant, cest « gagnant-gagnant ». Cela me parait être un bon slogan pour notre rencontre daujourdhui qui doit être une étape une étape seulement vers dautres partenariats et dautres coopérations.
Je remercie tous ceux qui ont permis la rencontre daujourdhui. Les chefs dentreprises, dabord. Je salue les ministres qui se dévouent pour approfondir encore la relation économique entre la Chine et la France. Je remercie Martine AUBRY pour son rôle de représentante spéciale. Je salue Jean-Pierre RAFFARIN qui, depuis des années, travaille au bénéfice de nos deux pays. Je rappelle quaprès ma propre visite à Pékin, Jean-Marc AYRAULT le Premier ministre se rendra en Chine à lautomne et je recevrai le Président Xi JINPING lannée prochaine pour lanniversaire de la reconnaissance par la France de la Chine populaire.
Mais cest dabord à vous, chefs dentreprise, quil appartient maintenant daller plus loin. Nous pouvons créer le meilleur cadre politique. Nous pouvons avoir le meilleur dialogue avec les autorités chinoises et aujourdhui il est excellent. Nous pouvons avoir cette cérémonie qui va être dune grande ampleur pour lanniversaire de létablissement de nos relations diplomatiques. Mais lamitié na jamais fait la compétitivité, sinon nous aurions un commerce extérieur beaucoup plus excédentaire ! En tous cas, moins déficitaire ! Parce que de lamitié, nous en avons à revendre et même à donner car lamitié ne se commerce pas, ne se négocie pas.
En revanche, si nous voulons avoir un commerce extérieur rééquilibré avec la Chine, si nous voulons avoir des investissements plus nombreux venant de la Chine, nous devons être les plus compétitifs. Nous devons être les plus disposés, les plus adaptés à linvestissement des entreprises chinoises. Cest ce que je voulais rappeler et confirmer ici.
Nous voulons quil y ait un partenariat de haut niveau entre les entreprises privées chinoises et les entreprises françaises. Nous voulons quil y ait davantage dinvestissements pour plus demplois. Nous voulons quil y ait encore davantage de capitaux qui viennent sinvestir en France dans lintérêt de nos deux pays.
Merci de lavoir compris. Je vous souhaite la bienvenue en France.