24 avril 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration conjointe de MM. François Hollande, Président de la République, et Joseph Muscat, Premier ministre de la République de Malte, notamment sur les relations franco-maltaises et sur la construction européenne, à Paris le 24 avril 2013.


LE PRESIDENT : « Mesdames, Messieurs, jai reçu cet après-midi Joseph MUSCAT, le Premier ministre de Malte. Jen ai été très honoré puisque cest la première visite quil effectue depuis quil est élu. Il la faite en France. Cest très bien quil en soit ainsi.
Nous avons évoqué nos relations bilatérales qui se situent, à la fois, sur les plans économique, touristique, culturel
Nous avons surtout parlé dEurope, parce que, Joseph et moi-même, nous portons les mêmes idées pour lavenir de lEurope. Une Europe plus stable : nous avons travaillé, depuis plusieurs mois, dans cette perspective. Cest fait, avec une zone euro qui est maintenant préservée dans son intégrité.
Nous voulons une Europe qui permette à des pays qui ont des efforts à consentir pour réduire leurs déficits, de pouvoir atteindre leurs objectifs. Mais dans un délai qui soit raisonnable et avec une trajectoire qui soit réaliste pour atteindre, précisément, ces objectifs de réduction de déficits que lon appelle structurels, cest-à-dire hors les effets de la conjoncture.
Nous nous sommes retrouvés également en plein accord sur lUnion bancaire, cest-à-dire sur les étapes qui doivent nous conduire, à lhorizon 2014, à une supervision, une capacité de résoudre les crises bancaires et, au terme de ce processus, une possibilité de recapitaliser les éventuelles banques qui feraient face à des difficultés. Pour nous, le respect de ce calendrier, sans réviser dailleurs les traités est important. Parce que cela rassure les épargnants et parce que cela permet, aussi, aux investisseurs davoir confiance dans notre système bancaire.
Nous avons également évoqué la Méditerranée puisque Malte avait reçu ce que lon appelle le Sommet 5+5, cest-à-dire les pays du sud de lEurope et les pays du nord de lAfrique. Ce Sommet avait dailleurs été très intéressant. Je sais que le Premier ministre aura vocation à poursuivre ce dialogue dans ce cadre-là. La France sera partie prenante.
Nous avons bien sûr parlé de la Libye, où notre ambassade a été attaquée par une offensive terroriste, cest-à-dire un attentat. Le ministre français des Affaires étrangères sy est rendu. Nous savons tous les efforts que fait le gouvernement libyen. Mais nous avons lobligation de lutter contre le terrorisme partout. Là encore, nous devons apporter à la Libye notre soutien politique cest déjà fait , notre capacité de développement, mais également toutes les conditions pour assurer sa propre sécurité. Parce que sil ny a pas la sécurité, il ne pourra pas y avoir le développement et nous-mêmes nous ne pourrons pas développer comme nous lentendons nos activités.
Voilà pourquoi cette rencontre était importante pour parler de nos deux pays, pour parler de lEurope et pour parler de la Méditerranée ».
Joseph MUSCAT (traduction) : « Merci François. Si vous me le permettez, quelques commentaires supplémentaires, en particulier sur la croissance économique.
Il est important de continuer à réduire les déficits mais dans le cadre dun programme raisonnable pour les Etats membres. Je suis très heureux que le Conseil et la Commission soutiennent actuellement cette position de bon sens. Nous en parlerons en mai et plus encore au mois de juin à Bruxelles. Nous échangerons sur cette même vision qui est plus réaliste que celle daujourdhui.
Je renouvelle mon invitation à Monsieur le Président, pour une visite dEtat à Malte dès que possible. En effet, jaimerais insister sur le fait que nous percevons la France comme étant véritablement un partenaire crucial et nous souhaitons encore renforcer nos relations. »
QUESTION : « Monsieur le Président, concernant lattentat en Libye, où en est-on de lenquête ? Des revendications, des soupçons ? »
LE PRESIDENT : « Il est encore trop tôt pour tirer toutes les conclusions.
Dabord nos deux blessés ont été rapatriés ce matin. Ils sont actuellement soignés dans un hôpital militaire et pour nous cest, pour linstant, lessentiel.
Pour le reste, ce qui nous a considérablement inquiétés nous en avons parlé avec le Premier ministre cest que cet attentat ait pu avoir lieu à Tripoli, ce qui prouve que les terroristes ont pu aller jusque-là. Avec le gouvernement libyen, et en pleine coopération avec lui, nous avons envoyé des équipes pour comprendre exactement ce qui sétait produit et quels pourraient être les auteurs de cet attentat ».
QUESTION : « Pas de revendication ? »
LE PRESIDENT : « Pour linstant, non ».
QUESTION : (inaudible)
LE PRESIDENT : « Il y a deux questions dans ce que vous dites.
La première question, cest comment nous regardons le système bancaire de Malte : comme un système bancaire bien régulé, sans risque apparent, et qui le Premier ministre la confirmé veut prendre pleinement sa part dans lUnion bancaire. Il ny a aucune comparaison à faire avec dautres pays, si cest ce que votre question sous-entend.
Deuxièmement, comme la très bien dit le Premier ministre, Malte est un paradis mais pas un paradis fiscal ! C'est-à-dire quil y a des conditions fiscales qui sont différentes des autres pays. Je souhaite quà terme il puisse y avoir une harmonisation. Mais nous sommes dans léchange dinformations, dans la volonté commune quil puisse y avoir une capacité pour les Etats à lutter contre la fraude fiscale ».
QUESTION : (inaudible)
LE PRESIDENT : « Si nous pouvons donner lexemple, cest toujours une fierté. Mais je parle là du mariage. Sur la question de limmigration, nous en avons parlé et nous avons convenu que nos deux ministres de lIntérieur travailleraient et que ce que lon appelle FRONTEX serait mobilisé pour, justement, permettre daider Malte à régler ce problème dimmigration venant des pays qui sont soumis à la guerre ou soumis à des convulsions. Je pense à la Somalie, à lErythrée et bien sûr la Libye ».
Joseph MUSCAT (traduction) : « Jaimerais ajouter quelques dernières observations à celles faites par le Président HOLLANDE concernant limmigration. Effectivement, les règles dengagement de FRONTEX existent, mais nous considérons quelles ne sont pas suffisantes pour permettre à Malte daccueillir une mission FRONTEX. Pour nous, la règle-clé devrait donc être que les immigrants soient accueillis dans le port le plus proche, un port sûr, bien entendu. Nous lavons évoquée avec le Président HOLLANDE. Nous avons parlé déchanges supplémentaires sur ce sujet et de la possibilité, pour nos deux ministres, déchanger également là-dessus.
Concernant le mariage homosexuel ou lunion civile, nous avons un mandat clair. Nous sommes heureux de pouvoir y travailler dans les mois qui viennent. Il y aura une certaine résistance, certes, mais nous avançons dans la bonne direction.
Permettez-moi de revenir au sujet de léconomie, je remercie le Président de sa compréhension de notre système, des remarques quil a faites, notamment sur labsence de comparaison possible avec dautres pays. Notre système est stable, il est sûr. Je suis heureux davoir pu lévoquer avec le Président, à la fois, à loccasion de notre entretien et maintenant en public.
Oui, Malte est un paradis ! Un paradis culturel, un paradis touristique, un paradis économique mais Malte nest pas un paradis fiscal. En effet, nous avons, il y a bien longtemps déjà, revu nos règles en la matière. Il ny a pas de secret bancaire à Malte ».