14 février 2013 - Seul le prononcé fait foi
Conférence de presse de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations franco-indiennes, à New Delhi le 14 février 2013.
LE PRESIDENT : « Je suis au terme de la première journée de ma visite dEtat en Inde. Je voulais remercier les autorités indiennes le président de la République, le Premier ministre et toutes les personnalités que jai rencontrées pour leur accueil.
Cest vrai que je tenais à faire cette première visite dEtat en Asie, comme président de la République, en Inde pour plusieurs raisons. La première, elle tient à lHistoire. Entre la France et lInde, il y a une relation qui puise au plus loin de nos cultures respectives. Ces dernières années ou ces dernières décennies, chaque fois que lInde a eu besoin de la France, la France a été là. Je noublie pas non plus que dans les conflits, hélas, qui nous ont opposés au cours du XXème siècle à une autre partie du monde, lInde était également à nos côtés.
LHistoire, cest aussi davoir affirmé les mêmes principes, pendant ces dernières années, et au-delà des alternances en Inde comme en France. Ces principes, cest lindépendance. Cest également la démocratie. Ai-je besoin de rappeler que lInde est la plus grande démocratie du monde ? Non pas seulement par sa démographie, mais par sa diversité, par sa qualité du débat, par la liberté de la presse. LInde fait valoir les principes de démocratie.
Je voulais venir en Inde, comme président de la République, pour cette visite dEtat, parce que je voulais aussi minscrire dans le partenariat stratégique qui a été défini en 1998. Cest là qua été posé lacte fondamental qui nous lie encore aujourdhui. A travers ce partenariat, cest le pilier de la Défense qui a été posé £ cest aussi le nucléaire civil, même si depuis déjà plusieurs années, la France avait tout fait pour que lInde puisse accéder à cette technologie £ cest également la volonté commune de lutter contre les menaces et notamment le terrorisme qui peuvent frapper le monde £ et puis, il y a également le partenariat autour du spatial qui fait que les satellites indiens sont lancés par la France.
Je voulais venir en Inde, aussi, parce quil y a à élargir ce partenariat, à faire en sorte que nous puissions construire une relation qui soit la plus complète possible et notamment sur le plan économique. Jai considéré que même si nous étions un investisseur important en Inde, nous nétions que le neuvième £ même si nous avons des échanges commerciaux tout à fait significatifs, ils étaient loin des objectifs qui avaient été un moment avancés de 12 milliards deuros, nous nen sommes quà à peine huit.
Jai voulu aussi que tous les domaines puissent être abordés : pas simplement la Défense, même si nous avons un certain nombre de perspectives notamment à travers lavion Rafale £ mais également le nucléaire civil car nous voulons prendre part au défi indien pour maîtriser jusquau bout cette technologie. Mais également des domaines comme le transport, comme lenvironnement, comme les services publics Bref, nous voulons prendre toute notre place dans léconomie indienne et je veux aussi lancer un appel aux entreprises indiennes pour quelles viennent investir en France.
Je voulais aussi que nous puissions aborder des sujets qui ne lavaient pas été suffisamment jusquà présent, comme lenseignement supérieur, léducation, la coopération scientifique Plusieurs accords seront signés ou sont sur le point de lêtre entre universités françaises et universités indiennes, entre laboratoires scientifiques.
Sur le plan culturel, il y aura un évènement très important au prochain festival de Cannes puisquil sera célébré le centenaire du cinéma indien. Nous nous retrouverons dailleurs sur une même conception de la culture, cest-à-dire fondée sur la diversité, lexception culturelle, la protection des uvres de lesprit, des auteurs. Cest parce que nous avons justement ces principes communs, ces valeurs communes que nous sommes dans un partenariat exceptionnel.
Pour terminer, je veux remercier lInde pour le soutien quelle nous a apporté sur lintervention au Mali. Il ne sagissait pas dune action isolée de la France, il sagissait dune opération, décidée dans le cadre des Nations Unies, pour lutter contre le terrorisme à la demande dun pays ami, le Mali. LInde la parfaitement compris et lInde nous a encore rappelé combien nous devons lutter contre le terrorisme et combien nous devrions être encore davantage solidaires par rapport à ces menaces.
Pour en terminer, je veux aussi souligner le fait que lInde et la France, dans les grandes instances internationales, défendent les mêmes positions. Cest la raison pour laquelle jai rappelé que la France soutenait la candidature de lInde comme membre permanent du Conseil de sécurité.
De la même manière, je souhaite que lInde et lEurope puissent coopérer davantage. Cest pourquoi la France soutient la négociation commerciale qui va souvrir entre lInde et lEurope. Voilà, Mesdames et Messieurs, quel est le sens de ma visite : lHistoire, la complémentarité, les valeurs communes mais également une volonté dinscrire la relation entre la France et lInde dans lavenir et à prendre dans tous les domaines quil soit possible de nouvelles initiatives pour marquer cette relation exceptionnelle.
Je peux répondre à vos questions.
QUESTION : « Vous avez dit aux chefs dentreprises indiens que vous faciliterez limplantation des entreprises indiennes en France. Comment comptez-vous faire concrètement ? Pour quelles raisons un investisseur indien choisirait la France plutôt quun autre pays européen ?
Sur le plan national, Jean-Marc AYRAULT a confirmé que nous ne serions pas à 3% de déficit en 2013. Nest-il pas dangereux de ne pas respecter cet objectif ? Comment lexpliquerez-vous à vos partenaires, en particulier à lAllemagne, pour qui cet objectif reste intangible ? »
LE PRESIDENT : « Je répondrai à cette dernière question en France.
Sur la première, lInde est aujourdhui le treizième investisseur en France, cest à dire que des entreprises indiennes ont déjà décidé de créer de lemploi et de lactivité en France. A mon sens, nous devons encore amplifier ce mouvement. Comment le faire ? En partageant la technologie et en montrant lintérêt pour lInde de venir en France pour accéder au marché européen.
Jévoquais à linstant la négociation commerciale entre lUnion européenne et lInde. Comment ne pas comprendre que lInde aurait tout intérêt, dans le cadre de cette négociation commerciale, à accéder à lensemble du marché européen qui je le rappelle est le premier du monde. LEurope est la première puissance économique et commerciale du monde. Venir en France, cest donc investir pour accéder à lensemble du marché européen.
Nous avons aussi un fort courant dinvestissement étranger en France, depuis des années et qui ne se dément pas, parce que la France a une attractivité. Le rôle qui est le mien est de renforcer cette attractivité, en montrant que sur la question de la main duvre, de lénergie, des services publics, des transports et également des coûts, nous sommes plus compétitifs que dautres ».
QUESTION : « Lors de votre rencontre avec le Premier ministre vous avez fait état de la confiance dans le partenariat avec lInde concernant lindustrie de la Défense. Vous avez parlé de labsence de risques concernant le nucléaire civil. Les industriels français parlent également de leur relative confiance quant au transfert de savoir dans ce pays. La France a aussi engagé des partenariats avec la Chine. Pourquoi cette dernière fait peur là où lInde rassure ? »
LE PRESIDENT : « Vous ne voulez quand même pas que je me fâche, ici, avec la Chine ? Je peux avoir de bons rapports avec lInde sans pour autant en avoir de mauvais avec la Chine je vais bientôt my rendre ! Je rappelle quavec la Chine nous avons aussi une coopération en matière de nucléaire civil.
Mais ici en Inde, vous le disiez, nous avons par exemple sur les matériels de Défense une volonté qui est de fournir notre technologie, dans certaines conditions, sans crainte de lusage qui peut en être fait. Cest-à-dire que nous avons confiance dans lInde qui est une puissance pacifique £ et en même temps qui veut se défendre, qui veut assurer sa sécurité, qui dépense dailleurs une part substantielle de son budget à cette fin. Nous devons donc fournir, comme nous lavons toujours fait dans notre histoire, les meilleurs matériels à notre partenaire indien qui lui-même, dailleurs, fait jouer largement la concurrence, mais qui sait quil y a une relation de confiance entre la France et lInde ».
QUESTION : « Est-ce quil y a une différence entre lInde et la Chine ? »
LE PRESIDENT : « Sur le plan du matériel de défense, oui, parce que nous ne sommes pas dans la même situation ».
QUESTION (traduction) : « Vous êtes connu pour votre probité. Pouvez-vous nous garantir quil ny aura aucun marchandage, aucune corruption, lors de la vente des Rafale ? »
LE PRESIDENT : « Je vous remercie pour avoir salué la probité qui est la nôtre. Mais elle se démontre ! Je peux donc ici prendre lengagement quil ny aura rien qui ne soit contraire aux principes qui nous sont communs, cest-à-dire que le commerce doit être simplement avec des règles commerciales. Cest en fonction de la compétitivité et de lefficacité que les choix doivent être faits. Dans la lutte contre la corruption, nous sommes vigilants, comme lInde lest, parce que cest un principe essentiel.
Pour ce qui concerne la manière avec laquelle je présente une offre commerciale pour parler clair : le Rafale cest au nom de lexcellence de cet appareil que je mexprime. Il se trouve que larmée française dispose de Rafale dont on peut, à plusieurs reprises, se féliciter de sa pleine efficacité. Il ny a pas dautres arguments ».
QUESTION : « Par le passé, lors des visites dEtat, on a été habitué à ce quil y est de nombreuses annonces, de « gros contrats ». Est-ce que vous revendiquez une autre méthode que celles qui ont été mises en uvre par vos prédécesseurs sur ces questions-là ? A propos de contrats et du Rafale, il semble que deux sources au ministère de la Défense indien, évoquent la possibilité de signer un contrat au mois de juillet. Est-ce que cest un scénario qui vous parait possible ? »
LE PRESIDENT : « Il faut toujours juger une politique par ses résultats dans le temps.
Ce que je veux faire à travers ses visites, cest emmener des chefs dentreprises, témoigner de la qualité de nos produits, montrer le sens dun partenariat. Mais je ne me substitue pas aux négociations commerciales. Ce nest pas le rôle de lEtat.
Sur le Rafale, avec le Premier ministre indien, nous avons convenu quil y a avait des progrès, que nous pourrions conclure, mais que cela dépend de la négociation commerciale. Cest à elle de faire que lInde choisisse définitivement cet appareil.
Jy mets, non pas tout mon poids, mais toute ma confiance dans lentreprise qui présente ce matériel, dans le matériel lui-même et dans lInde pour son usage.
Je ne me substitue pas aux chefs dentreprises ».
QUESTION : « Je vis en Inde depuis cinq ans, on entend souvent des mauvaises nouvelles économiques sur la France ici en Inde. Je voulais savoir ce que la France pouvait importer du modèle économique indien ? »
LE PRESIDENT : « Je vais simplement dire que lorsque lEurope ne va pas bien, lInde ne peut pas atteindre ses objectifs de croissance. Nous en faisons le constat. LInde attendait 8% de croissance elle va avoir ce qui, à laune de nos propres taux de croissance est considérable, 5%. La raison est simple : quand les pays développés sont dans une conjoncture difficile, avec une croissance ralentie, parfois même une récession, les pays émergents souffrent eux-aussi.
Que peut-on tirer de léconomie indienne au sens de sa spécificité ? Je pense quil y a une volonté dêtre, en matière de technologie, les mieux formés possible. Je citais ce chiffre que vous connaissez bien. Il y a ici, un nombre dinformaticiens égal à la population française. Il y a ce choix qui a été fait de faire un développement par la connaissance, par le savoir et par les nouvelles technologies. Je pense que cest un enseignement que nous pouvons tirer.
Pour le reste, chaque pays a sa spécificité. Nous ne sommes pas sur les mêmes tailles, dans les mêmes ensembles, dans les mêmes conditions de développement. Nessayons pas de nous copier, cela naurait pas de signification. Essayons de jouer de nos complémentarités, cest ce que demandent les Indiens et cest ce que souhaitent les entreprises françaises, avec un enjeu : comment partager la technologie ? Comment faire pour que ce soit une relation qui bénéficie aux deux ensembles, lEurope et lInde, la France et lInde ?
Pour se faire, cela suppose quune part de production soit faite en France, une autre qui soit faite en Inde et des relations de partage de technologie qui puissent enrichir les deux partenaires. Cest ce que les chefs dentreprises, ici, sont venus exposer ».
QUESTION (traduction) : « Avez-vous lintention de rencontrer la mère de la jeune indienne violée par un diplomate français ? »
LE PRESIDENT : « Je suis informé de cette situation, la justice indienne est saisie. Nous lui faisons grande confiance. Les avocats du père ont demandé à être reçus. Ils lont été. Si les avocats de la mère veulent lêtre par mon équipe, ils le seront à lévidence. Parce que nous navons pas à prendre parti. Nous avons à entendre et à laisser la justice faire son travail. Nous avons toute confiance dans la justice indienne ».
QUESTION : « Depuis lintervention française au Mali, votre image en France, semble-t-il, a changé si jen crois les couvertures de magazines et les quelques points que vous avez pris en popularité dans les sondages. Avez-vous le sentiment que limage de la France dans le monde et singulièrement en Inde a changé avec cette intervention française ? »
LE PRESIDENT : « Si je suis intervenu comme je lai fait, pour que la France vienne en aide au Mali pour assurer sa sécurité et le retour de son intégrité territoriale ce nest pas pour un objectif personnel, cela naurait aucun sens. Je nengage pas mon pays simplement pour chercher, je ne sais quelle image ou popularité. Cest trop grave. Cela met en cause des vies humaines.
Mais vous avez raison. Limage de la France est apparue pour ce quelle est dailleurs. C'est-à-dire un grand pays, capable de décider seul, en fonction de ce quest une situation dans la légalité internationale et au moment qui lui paraissait le plus opportun compte tenu de laction terroriste et de la sollicitation qui nous a été faite par le président malien. Oui, le monde doit savoir que la France est une puissance, est une Nation qui sait décider et qui intervient, non pas pour ses intérêts, non pas pour son influence, mais pour faire respecter les résolutions du Conseil de sécurité et les principes de la charte des Nations Unies.
Un pays pèse par son économie bien sûr. Jai le devoir de faire que la France ait la meilleure compétitivité, le meilleur taux de croissance lorsque nous aurons réussi à faire que lEurope sorte de la crise qui la frappée. Mais un pays pèse aussi par ses choix politiques et par sa capacité militaire. Nous lavons démontré. Et par sa capacité de décision. A un moment, il nous a été dit que nous étions seuls. Nous avons pris, nous, nos responsabilités. Parce que seule la France pouvait les prendre à ce moment-là et dans cette région.
Pour ce qui concerne lInde, est ce que lInde a changé de regard par rapport à la France ? Non, parce que lInde et la France depuis longtemps portent les mêmes conceptions, affirment les mêmes valeurs et les mêmes principes. Quand lInde a soutenu la France lors des premières heures de lintervention au Mali, cétait en fonction justement de cette histoire. Et cétait un élément de crédibilité supplémentaire dans la relation entre la France et lInde ».
QUESTION : « Je mexcuse aussi auprès des confrères indiens mais je voulais vous poser une question qui intéresse les Français aujourdhui. Il y a une émotion considérable qui a été exprimée en France aujourdhui au sujet de la mort dun chômeur qui sest immolé par le feu à Nantes, je crois. Le ministre du Travail a exprimé ses émotions, le Premier ministre aussi. Avez-vous un commentaire à faire sur cette affaire ? »
LE PRESIDENT : Oui jai appris la mort de ce chômeur qui sest immolé par le feu, lors de mon arrivée, ici en Inde. Je nai pas pu mexprimer avant. Je le fais ici et chacun comprendra que cest avec une émotion particulière. Parce que cest le signe de la détresse dune personne. Cela montre également la gravité dune situation. Le service public de lemploi a été, je crois, exemplaire. Nul besoin daller chercher une responsabilité. Quand il se produit un drame personnel, cest aussi un questionnement à légard de toute la société. Nous devons lutter contre le chômage, nous devons montrer que nous sommes capables dêtre une Nation solidaire. En même temps nous avons des règles. Nous devons les faire comprendre. Mais jai une émotion toute particulière pour ce drame et pour la famille du chômeur qui sest immolé ».
Cest vrai que je tenais à faire cette première visite dEtat en Asie, comme président de la République, en Inde pour plusieurs raisons. La première, elle tient à lHistoire. Entre la France et lInde, il y a une relation qui puise au plus loin de nos cultures respectives. Ces dernières années ou ces dernières décennies, chaque fois que lInde a eu besoin de la France, la France a été là. Je noublie pas non plus que dans les conflits, hélas, qui nous ont opposés au cours du XXème siècle à une autre partie du monde, lInde était également à nos côtés.
LHistoire, cest aussi davoir affirmé les mêmes principes, pendant ces dernières années, et au-delà des alternances en Inde comme en France. Ces principes, cest lindépendance. Cest également la démocratie. Ai-je besoin de rappeler que lInde est la plus grande démocratie du monde ? Non pas seulement par sa démographie, mais par sa diversité, par sa qualité du débat, par la liberté de la presse. LInde fait valoir les principes de démocratie.
Je voulais venir en Inde, comme président de la République, pour cette visite dEtat, parce que je voulais aussi minscrire dans le partenariat stratégique qui a été défini en 1998. Cest là qua été posé lacte fondamental qui nous lie encore aujourdhui. A travers ce partenariat, cest le pilier de la Défense qui a été posé £ cest aussi le nucléaire civil, même si depuis déjà plusieurs années, la France avait tout fait pour que lInde puisse accéder à cette technologie £ cest également la volonté commune de lutter contre les menaces et notamment le terrorisme qui peuvent frapper le monde £ et puis, il y a également le partenariat autour du spatial qui fait que les satellites indiens sont lancés par la France.
Je voulais venir en Inde, aussi, parce quil y a à élargir ce partenariat, à faire en sorte que nous puissions construire une relation qui soit la plus complète possible et notamment sur le plan économique. Jai considéré que même si nous étions un investisseur important en Inde, nous nétions que le neuvième £ même si nous avons des échanges commerciaux tout à fait significatifs, ils étaient loin des objectifs qui avaient été un moment avancés de 12 milliards deuros, nous nen sommes quà à peine huit.
Jai voulu aussi que tous les domaines puissent être abordés : pas simplement la Défense, même si nous avons un certain nombre de perspectives notamment à travers lavion Rafale £ mais également le nucléaire civil car nous voulons prendre part au défi indien pour maîtriser jusquau bout cette technologie. Mais également des domaines comme le transport, comme lenvironnement, comme les services publics Bref, nous voulons prendre toute notre place dans léconomie indienne et je veux aussi lancer un appel aux entreprises indiennes pour quelles viennent investir en France.
Je voulais aussi que nous puissions aborder des sujets qui ne lavaient pas été suffisamment jusquà présent, comme lenseignement supérieur, léducation, la coopération scientifique Plusieurs accords seront signés ou sont sur le point de lêtre entre universités françaises et universités indiennes, entre laboratoires scientifiques.
Sur le plan culturel, il y aura un évènement très important au prochain festival de Cannes puisquil sera célébré le centenaire du cinéma indien. Nous nous retrouverons dailleurs sur une même conception de la culture, cest-à-dire fondée sur la diversité, lexception culturelle, la protection des uvres de lesprit, des auteurs. Cest parce que nous avons justement ces principes communs, ces valeurs communes que nous sommes dans un partenariat exceptionnel.
Pour terminer, je veux remercier lInde pour le soutien quelle nous a apporté sur lintervention au Mali. Il ne sagissait pas dune action isolée de la France, il sagissait dune opération, décidée dans le cadre des Nations Unies, pour lutter contre le terrorisme à la demande dun pays ami, le Mali. LInde la parfaitement compris et lInde nous a encore rappelé combien nous devons lutter contre le terrorisme et combien nous devrions être encore davantage solidaires par rapport à ces menaces.
Pour en terminer, je veux aussi souligner le fait que lInde et la France, dans les grandes instances internationales, défendent les mêmes positions. Cest la raison pour laquelle jai rappelé que la France soutenait la candidature de lInde comme membre permanent du Conseil de sécurité.
De la même manière, je souhaite que lInde et lEurope puissent coopérer davantage. Cest pourquoi la France soutient la négociation commerciale qui va souvrir entre lInde et lEurope. Voilà, Mesdames et Messieurs, quel est le sens de ma visite : lHistoire, la complémentarité, les valeurs communes mais également une volonté dinscrire la relation entre la France et lInde dans lavenir et à prendre dans tous les domaines quil soit possible de nouvelles initiatives pour marquer cette relation exceptionnelle.
Je peux répondre à vos questions.
QUESTION : « Vous avez dit aux chefs dentreprises indiens que vous faciliterez limplantation des entreprises indiennes en France. Comment comptez-vous faire concrètement ? Pour quelles raisons un investisseur indien choisirait la France plutôt quun autre pays européen ?
Sur le plan national, Jean-Marc AYRAULT a confirmé que nous ne serions pas à 3% de déficit en 2013. Nest-il pas dangereux de ne pas respecter cet objectif ? Comment lexpliquerez-vous à vos partenaires, en particulier à lAllemagne, pour qui cet objectif reste intangible ? »
LE PRESIDENT : « Je répondrai à cette dernière question en France.
Sur la première, lInde est aujourdhui le treizième investisseur en France, cest à dire que des entreprises indiennes ont déjà décidé de créer de lemploi et de lactivité en France. A mon sens, nous devons encore amplifier ce mouvement. Comment le faire ? En partageant la technologie et en montrant lintérêt pour lInde de venir en France pour accéder au marché européen.
Jévoquais à linstant la négociation commerciale entre lUnion européenne et lInde. Comment ne pas comprendre que lInde aurait tout intérêt, dans le cadre de cette négociation commerciale, à accéder à lensemble du marché européen qui je le rappelle est le premier du monde. LEurope est la première puissance économique et commerciale du monde. Venir en France, cest donc investir pour accéder à lensemble du marché européen.
Nous avons aussi un fort courant dinvestissement étranger en France, depuis des années et qui ne se dément pas, parce que la France a une attractivité. Le rôle qui est le mien est de renforcer cette attractivité, en montrant que sur la question de la main duvre, de lénergie, des services publics, des transports et également des coûts, nous sommes plus compétitifs que dautres ».
QUESTION : « Lors de votre rencontre avec le Premier ministre vous avez fait état de la confiance dans le partenariat avec lInde concernant lindustrie de la Défense. Vous avez parlé de labsence de risques concernant le nucléaire civil. Les industriels français parlent également de leur relative confiance quant au transfert de savoir dans ce pays. La France a aussi engagé des partenariats avec la Chine. Pourquoi cette dernière fait peur là où lInde rassure ? »
LE PRESIDENT : « Vous ne voulez quand même pas que je me fâche, ici, avec la Chine ? Je peux avoir de bons rapports avec lInde sans pour autant en avoir de mauvais avec la Chine je vais bientôt my rendre ! Je rappelle quavec la Chine nous avons aussi une coopération en matière de nucléaire civil.
Mais ici en Inde, vous le disiez, nous avons par exemple sur les matériels de Défense une volonté qui est de fournir notre technologie, dans certaines conditions, sans crainte de lusage qui peut en être fait. Cest-à-dire que nous avons confiance dans lInde qui est une puissance pacifique £ et en même temps qui veut se défendre, qui veut assurer sa sécurité, qui dépense dailleurs une part substantielle de son budget à cette fin. Nous devons donc fournir, comme nous lavons toujours fait dans notre histoire, les meilleurs matériels à notre partenaire indien qui lui-même, dailleurs, fait jouer largement la concurrence, mais qui sait quil y a une relation de confiance entre la France et lInde ».
QUESTION : « Est-ce quil y a une différence entre lInde et la Chine ? »
LE PRESIDENT : « Sur le plan du matériel de défense, oui, parce que nous ne sommes pas dans la même situation ».
QUESTION (traduction) : « Vous êtes connu pour votre probité. Pouvez-vous nous garantir quil ny aura aucun marchandage, aucune corruption, lors de la vente des Rafale ? »
LE PRESIDENT : « Je vous remercie pour avoir salué la probité qui est la nôtre. Mais elle se démontre ! Je peux donc ici prendre lengagement quil ny aura rien qui ne soit contraire aux principes qui nous sont communs, cest-à-dire que le commerce doit être simplement avec des règles commerciales. Cest en fonction de la compétitivité et de lefficacité que les choix doivent être faits. Dans la lutte contre la corruption, nous sommes vigilants, comme lInde lest, parce que cest un principe essentiel.
Pour ce qui concerne la manière avec laquelle je présente une offre commerciale pour parler clair : le Rafale cest au nom de lexcellence de cet appareil que je mexprime. Il se trouve que larmée française dispose de Rafale dont on peut, à plusieurs reprises, se féliciter de sa pleine efficacité. Il ny a pas dautres arguments ».
QUESTION : « Par le passé, lors des visites dEtat, on a été habitué à ce quil y est de nombreuses annonces, de « gros contrats ». Est-ce que vous revendiquez une autre méthode que celles qui ont été mises en uvre par vos prédécesseurs sur ces questions-là ? A propos de contrats et du Rafale, il semble que deux sources au ministère de la Défense indien, évoquent la possibilité de signer un contrat au mois de juillet. Est-ce que cest un scénario qui vous parait possible ? »
LE PRESIDENT : « Il faut toujours juger une politique par ses résultats dans le temps.
Ce que je veux faire à travers ses visites, cest emmener des chefs dentreprises, témoigner de la qualité de nos produits, montrer le sens dun partenariat. Mais je ne me substitue pas aux négociations commerciales. Ce nest pas le rôle de lEtat.
Sur le Rafale, avec le Premier ministre indien, nous avons convenu quil y a avait des progrès, que nous pourrions conclure, mais que cela dépend de la négociation commerciale. Cest à elle de faire que lInde choisisse définitivement cet appareil.
Jy mets, non pas tout mon poids, mais toute ma confiance dans lentreprise qui présente ce matériel, dans le matériel lui-même et dans lInde pour son usage.
Je ne me substitue pas aux chefs dentreprises ».
QUESTION : « Je vis en Inde depuis cinq ans, on entend souvent des mauvaises nouvelles économiques sur la France ici en Inde. Je voulais savoir ce que la France pouvait importer du modèle économique indien ? »
LE PRESIDENT : « Je vais simplement dire que lorsque lEurope ne va pas bien, lInde ne peut pas atteindre ses objectifs de croissance. Nous en faisons le constat. LInde attendait 8% de croissance elle va avoir ce qui, à laune de nos propres taux de croissance est considérable, 5%. La raison est simple : quand les pays développés sont dans une conjoncture difficile, avec une croissance ralentie, parfois même une récession, les pays émergents souffrent eux-aussi.
Que peut-on tirer de léconomie indienne au sens de sa spécificité ? Je pense quil y a une volonté dêtre, en matière de technologie, les mieux formés possible. Je citais ce chiffre que vous connaissez bien. Il y a ici, un nombre dinformaticiens égal à la population française. Il y a ce choix qui a été fait de faire un développement par la connaissance, par le savoir et par les nouvelles technologies. Je pense que cest un enseignement que nous pouvons tirer.
Pour le reste, chaque pays a sa spécificité. Nous ne sommes pas sur les mêmes tailles, dans les mêmes ensembles, dans les mêmes conditions de développement. Nessayons pas de nous copier, cela naurait pas de signification. Essayons de jouer de nos complémentarités, cest ce que demandent les Indiens et cest ce que souhaitent les entreprises françaises, avec un enjeu : comment partager la technologie ? Comment faire pour que ce soit une relation qui bénéficie aux deux ensembles, lEurope et lInde, la France et lInde ?
Pour se faire, cela suppose quune part de production soit faite en France, une autre qui soit faite en Inde et des relations de partage de technologie qui puissent enrichir les deux partenaires. Cest ce que les chefs dentreprises, ici, sont venus exposer ».
QUESTION (traduction) : « Avez-vous lintention de rencontrer la mère de la jeune indienne violée par un diplomate français ? »
LE PRESIDENT : « Je suis informé de cette situation, la justice indienne est saisie. Nous lui faisons grande confiance. Les avocats du père ont demandé à être reçus. Ils lont été. Si les avocats de la mère veulent lêtre par mon équipe, ils le seront à lévidence. Parce que nous navons pas à prendre parti. Nous avons à entendre et à laisser la justice faire son travail. Nous avons toute confiance dans la justice indienne ».
QUESTION : « Depuis lintervention française au Mali, votre image en France, semble-t-il, a changé si jen crois les couvertures de magazines et les quelques points que vous avez pris en popularité dans les sondages. Avez-vous le sentiment que limage de la France dans le monde et singulièrement en Inde a changé avec cette intervention française ? »
LE PRESIDENT : « Si je suis intervenu comme je lai fait, pour que la France vienne en aide au Mali pour assurer sa sécurité et le retour de son intégrité territoriale ce nest pas pour un objectif personnel, cela naurait aucun sens. Je nengage pas mon pays simplement pour chercher, je ne sais quelle image ou popularité. Cest trop grave. Cela met en cause des vies humaines.
Mais vous avez raison. Limage de la France est apparue pour ce quelle est dailleurs. C'est-à-dire un grand pays, capable de décider seul, en fonction de ce quest une situation dans la légalité internationale et au moment qui lui paraissait le plus opportun compte tenu de laction terroriste et de la sollicitation qui nous a été faite par le président malien. Oui, le monde doit savoir que la France est une puissance, est une Nation qui sait décider et qui intervient, non pas pour ses intérêts, non pas pour son influence, mais pour faire respecter les résolutions du Conseil de sécurité et les principes de la charte des Nations Unies.
Un pays pèse par son économie bien sûr. Jai le devoir de faire que la France ait la meilleure compétitivité, le meilleur taux de croissance lorsque nous aurons réussi à faire que lEurope sorte de la crise qui la frappée. Mais un pays pèse aussi par ses choix politiques et par sa capacité militaire. Nous lavons démontré. Et par sa capacité de décision. A un moment, il nous a été dit que nous étions seuls. Nous avons pris, nous, nos responsabilités. Parce que seule la France pouvait les prendre à ce moment-là et dans cette région.
Pour ce qui concerne lInde, est ce que lInde a changé de regard par rapport à la France ? Non, parce que lInde et la France depuis longtemps portent les mêmes conceptions, affirment les mêmes valeurs et les mêmes principes. Quand lInde a soutenu la France lors des premières heures de lintervention au Mali, cétait en fonction justement de cette histoire. Et cétait un élément de crédibilité supplémentaire dans la relation entre la France et lInde ».
QUESTION : « Je mexcuse aussi auprès des confrères indiens mais je voulais vous poser une question qui intéresse les Français aujourdhui. Il y a une émotion considérable qui a été exprimée en France aujourdhui au sujet de la mort dun chômeur qui sest immolé par le feu à Nantes, je crois. Le ministre du Travail a exprimé ses émotions, le Premier ministre aussi. Avez-vous un commentaire à faire sur cette affaire ? »
LE PRESIDENT : Oui jai appris la mort de ce chômeur qui sest immolé par le feu, lors de mon arrivée, ici en Inde. Je nai pas pu mexprimer avant. Je le fais ici et chacun comprendra que cest avec une émotion particulière. Parce que cest le signe de la détresse dune personne. Cela montre également la gravité dune situation. Le service public de lemploi a été, je crois, exemplaire. Nul besoin daller chercher une responsabilité. Quand il se produit un drame personnel, cest aussi un questionnement à légard de toute la société. Nous devons lutter contre le chômage, nous devons montrer que nous sommes capables dêtre une Nation solidaire. En même temps nous avons des règles. Nous devons les faire comprendre. Mais jai une émotion toute particulière pour ce drame et pour la famille du chômeur qui sest immolé ».