Le Président Emmanuel Macron s'est rendu ce mercredi à Aubagne, au quartier Viénot, maison mère de la Légion où est basé le Commandement de la Légion étrangère, pour présider la cérémonie de Camerone.
Fête de la Légion, Camerone commémore le combat héroïque de 1863 au Mexique, devenu le symbole de l’engagement jusqu’au sacrifice. Ce jour-là, 65 légionnaires français résistèrent jusqu’à la mort face à plus de 2 000 soldats mexicains pour protéger un convoi.
Au-delà de l’hommage militaire, cette cérémonie incarne l’esprit de fraternité d’armes et de dépassement de soi, valeurs cardinales de la Légion étrangère. Elle rappelle que la grandeur réside dans le service et le mérite, et que la France sait reconnaître comme siens ceux qui la servent, quelles que soient leurs origines.
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30 avril 2025 - Seul le prononcé fait foi
Discours du Président de la République lors de la commémoration de Camerone à la Légion étrangère à Aubagne.
Le premier de vos 30 avril a eu lieu loin d'ici, il y a 162 ans, à Camarón, village mexicain où une poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis a tenu une position pendant 11 heures. Histoire de courage insensée, écrite au sang des légendes chevaleresques. Le 30 avril 1863, la tragédie dépassa la légende ; 62 contre 2 000, 1 contre 30. Leur fusil à un coup contre des armes à répétition, le soleil de plomb, la gorge qui les brûlait, assailli par la chaleur, la fumée, la soif, la faim, le nombre.
Ils auraient pu se rendre. Mais ils avaient des cartouches pour 60 et du courage pour 2 000. Le capitaine DANJOU, levant la main, jura de se défendre jusqu'à la mort et fit prêter à ses hommes le même serment.
À 6 heures du soir, quand les Mexicains les prirent, ils n'étaient plus que trois. Ils avaient tenu depuis 10 heures du matin, tué 300 ennemis et en avaient blessé autant. Derrière eux, gisaient des ruines, des corps, des képis blancs.
Il y a tant d'exigences dans ces deux simples mots que vous venez de prononcer, votre serment : honneur, fidélité. Honneur des hommes de Camerone, honneur du drapeau, fidélité au serment fait, fidélité à notre légende.
C'est à cet instant que leur grandeur est devenue de l'héroïsme et que leur histoire est devenue la nôtre. « Sous l'uniforme », écrivait Hélie de Saint Marc, « seul compte le danger partagé. Je ne te demande ni ton nom, ni ta religion, mais seulement quel est ton courage ».
Oui, le silence du légionnaire est son apanage, mais en endossant l'uniforme, en mettant le képi blanc, chacun épouse ce chant des siècles. Soldats sans passé, vous portez une mémoire glorieuse de la France ; la France en laquelle vous croyez, celle que vous avez librement choisie, qui vous a accueillis, celle qui n'abandonne jamais ses enfants, pas plus qu'un légionnaire n'abandonne ses morts ni ses blessés. Nous pensons à chacun de vos camarades tombés au combat, à leur famille et à leurs proches.
La France, la France en laquelle vous croyez est celle qui ne se rend pas à la loi du nombre, qui debout, impose le respect dans la noblesse de ses combats. La France, patrie de volonté et de bravoure, qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée, mais une volonté, chaque jour recommencée, d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main, un rêve universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie.
Mon colonel, vous allez dans un instant porter la main de bois du capitaine Danjou, la main qui s'est levée pour commander, pour jurer fidélité, pour porter les armes, pour relever son frère tombé, pour soigner son frère blessé. Oui, colonel Lhopitallier, vous qui avez servi tant d'années, vous serez là, accompagné de l'adjudant Brosch et du sergent D’Onofrio, vous incarnez l'épopée glorieuse des Régiments étrangers de parachutistes qui célèbrent cette année leurs 70 ans. Comme l'incarne le Père Lallemand, à qui je viens de remettre les Insignes de Grands officiers de la Légion d'honneur, vous qui avez sauté sur Kolwezi, vous qui avez vu 58 de vos camarades tomber à Beyrouth lors de l'attentat du Drakkar, vous qui avez toujours été pour eux le signe d'une élévation humaine et spirituelle de la Corse au Tchad.
Avant Camerone, après Camerone, il y eut tant et tant d'hommes pour continuer d'incarner ce courage et écrire l'épopée glorieuse des Régiments étrangers de parachutistes. Ils célèbrent cette année leurs 70 ans.
La longue cohorte des conflits du Second Empire, la Crimée, la guerre franco-prussienne, le Tonkin, les deux Guerres Mondiales, l'Algérie, l'Indochine, l'Alma, le siège de Sébastopol, Magenta, Solferino, la Provence, Colmar, Strasbourg, toutes les guerres, toutes les batailles d'un pays en quête de liberté.
Il y eut Bir Hakeim face à Rommel dans le désert de Libye. Il y eut Diên Biên Phu face au Việt Minh dans la jungle et les marécages. Il y eut insécurité et inquiétude, tourmente et bagarre, force et courage, puis ces retours difficiles parfois, comme de nouveaux exils.
Le paquetage et les armes à reprendre, toujours, pour aller de l'avant, ces deuils à faire de camarades aimés, douleur et grandeur du sacrifice consenti pour la patrie. Dans une semaine, le 8 mai, au soir, je me tiendrai sous l'Arc de triomphe, face à la tombe du Soldat inconnu, pour commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Là, je penserai aux 40 000 légionnaires tombés depuis 150 ans pour notre pays.
Là, je penserai à ce Soldat inconnu, qui, peut-être, était l'un des vôtres, votre frère, non par le sang reçu, mais par le sang versé.
Là, je penserai à tous les combats que la France devra encore mener, éclairés par le courage de Camerone pour que vive la République et pour que vive la France.
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