Dans le cadre de la 6ème édition du Forum de Paris sur la paix, le Président Emmanuel Macron a participé ce vendredi à la clôture du premier Sommet international consacré aux glaciers et aux pôles.
À cette occasion, le Président de la République a échangé avec différents chefs d'État et de gouvernement ainsi que des scientifiques afin d'évoquer les enjeux liés à l’accélération de la fonte des glaces, et des impacts majeurs liés à l’effondrement de la cryosphère à l’échelle mondiale notamment sur les populations, les écosystèmes, les ressources en eau, l’élévation du niveau de la mer, et la libération de CO2 stocké dans le pergélisol.
Revoir le Sommet :
Le chef de l'État a ensuite clôturé le Sommet en lançant un mouvement international de coopération sur les pôles et les glaciers, dans le cadre d’un Appel de Paris pour les pôles et les glaciers. Une alliance continuera de se réunir ces prochaines années, la coalition « Ambition on Melting Ice ».
Après avoir décliné plusieurs initiatives internationales pour se protéger de l’élévation du niveau de la mer, interdire l’exploitation des fonds marins et protéger les écosystèmes, le Président de la République a annoncé les différentes mesures de la France en la matière :
- Investissement de 1 milliard d’euros dans la recherche polaire d'ici 2030.
- Financement de la Station Arctique Polar Pod dans l’Océan Austral
- Reconstruction dès 2026 de la station Dumont d’Urville sur la péninsule antarctique
- Rénovation de la station Concordia, en tenant le cap des meilleurs standards environnementaux.
- Participation, en lien étroit avec nos partenaires européens, à un grand projet de recherche en Antarctique Est.
- Construction d’un navire à capacité glace nommé Michel Rocard qui se partagera entre le Pacifique Ouest et l’Antarctique Est.
- Lancement de la Fondation Albédo, sous l’égide de la Fondation du CNRS, dédiée au soutien de la recherche française et francophone.
Revoir l'Appel de Paris pour les glaciers et les pôles :
10 novembre 2023 - Seul le prononcé fait foi
Discours du Président de la République pour le lancement de l'Appel de Paris pour les glaciers et les pôles.
Bonjour mesdames et messieurs,
Écoutez, je suis très, très heureux aux côtés des chefs d'État, de gouvernement, d'organisations internationales, des ministres, des ambassadeurs, qui… peut-être de pouvoir juste vous dire peut-être quelques mots et rendre compte des travaux.
Je veux vraiment d'abord remercier tous les scientifiques qui ont conduit ces travaux et permis à la tenue de ce premier sommet et à la conclusion de cet Appel de Paris pour les pôles et les glaciers et remercier, évidemment, le Muséum national d'histoire naturelle qui nous accueille et toutes ses équipes. Remercier notre ambassadeur, le secrétaire général et toutes les équipes du One Polar Summit, ainsi que tous les scientifiques qui, sous la houlette d'Antje BOETIUS et Jérôme CHAPPELLAZ, en présence du président du Giec, Jim SKEA, ont conduit à ces travaux et m'ont remis donc tout à l'heure un rapport. Et puis nous avons également le travail qui a été coordonné avec toutes les organisations non gouvernementales qui a été présenté par Pascal LAMY, piloté par Emil DEDIU et Geneviève PONS.
Je ne vais pas ici vous faire l'offense de rappeler tout ce qui m'a été dit parce qu'il y a des esprits beaucoup plus aiguisés que le mien et beaucoup plus savants que le mien. Mais enfin, le constat est accablant, qui démontre à la fois que nous ne parlons pas d'une menace pour demain, mais qui est déjà bien présente et qui s'accélère. Et lorsqu'on parle de la question de notre cryosphère, on parle évidemment d'une transformation qui est en cours, qui menace d'ores et déjà des millions et va menacer des milliards d'habitants sur la planète et qui a des conséquences multiples, directes et indirectes. Avec un chiffre qui a été rappelé par plusieurs d’entre vous, mais en 2100, plus de la moitié des 200 000 glaciers mondiaux aura disparu avec un retentissement sur au moins un milliard d'habitants, privés de ressources en eau. Ce seul fait suffit à illustrer les choses. L'Arctique se réchauffant trois fois plus vite qu'ailleurs et l'Antarctique lui emboîtant hélas, le pas.
Alors beaucoup de choses ont été faites ces dernières années. Je veux saluer vraiment le travail qui a été fait par l'Arctic Circle, Monsieur le président, et je pense que c'était très important d'avoir le Premier ministre de Norvège avec nous qui a cette présidence importante et qui est profondément engagé, et d'avoir beaucoup de présidents de la région, mais aussi de régions de montagnes avec des glaciers, les Alpes, l'Himalaya étaient là parmi nous, et beaucoup de présidents et de dirigeants de la région qui ont été à nos côtés. Je veux avoir une pensée toute particulière pour le président du Népal qui aurait dû être à nos côtés, mais a été retenu en raison du tremblement de terre qui a frappé son pays. Je veux lui dire toute notre solidarité.
Alors l'Appel de Paris pour les pôles et les glaciers va nous permettre de consolider, fort de ces constats et de cette mobilisation, plusieurs séries d'actions. D'abord, la décennie de la recherche polaire et glacière avec l'appui précieux de l'Organisation météorologique mondiale et de l'UNESCO, un certain nombre de grands projets ont déjà été actés. Ils vont mobiliser la communauté scientifique, le programme Ice Memory qui stocke les carottes de glace, et au centre de cette décennie, nous aurons en particulier le grand programme de recherche sur l'Antarctique qui est maintenant le grand défi, vous le savez mieux que moi, pour comprendre les interactions entre glace et océan, aller au-delà justement des barrières de glace. Je veux vous dire que la France sera aux côtés de l'Allemagne, de l'Australie, de l'Inde, de l'Italie sur ce grand projet de recherche.
Deuxième élément, nous avons acté de la mobilisation d'une coalition Ocean Rise and Resilience qui sera pilotée par Christian ESTROSI, que je remercie, qui va rassembler les villes, les États insulaires, les grandes régions côtières solidaires et mobilisées face à l'élévation du niveau de la mer, et qui rassemblera justement des habitants de la Terre entière dans des situations très différentes. En vue du sommet du 7 juin 2025, 1 milliard d'habitants menacés par la fonte des glaces seront ainsi représentés, mobilisés dans le cadre de cette Conférence sur l’océan des Nations unies que nous copilotons avec le Costa Rica.
Troisième grand élément qui a été acté, c'est évidemment la protection des espaces naturels les plus en danger à l'échelle des pôles et des glaciers, dans le cadre que nous avons fixé à Montréal, celui du traité BBNJ pour ce qui relève de la haute mer. Et je crois en particulier que nous devons, là aussi, proposer une aire marine protégée de grande ampleur à l'échelle des hautes mers en Arctique, travailler aussi sur un tel niveau de protection en Antarctique. Et je veux ici aussi réitérer l'appel lancé il y a un an lors de la COP 27 pour que nous mettions fin à toute perspective d'exploitation des grands fonds marins à commencer par les zones polaires. On a 23 États qui défendent désormais l'idée d'une pause de précaution et d'un moratoire. Je souhaite que nous puissions encore mobiliser davantage. Toutes ces actions, une trentaine de pays les ont soutenues, cela donne l'Appel de Paris pour les pôles et les glaciers et elle continuera de se réunir dans les prochaines années avec en particulier la coalition « Ambition on Melting Ice ». Nous avons acté que la prochaine réunion du One Polar Summit se tiendra dans le cadre de l'Arctic Circle et que nous ferons le suivi de tout cela.
Enfin, je voudrais conclure sur l'engagement de la France dans ce cadre. Nous avons évidemment notre planification écologique, nous avons une stratégie polaire qui va se décliner à horizon 2030 et nous avons, je l'évoquais tout à l'heure dans la salle avec les participants, aussi cette tradition qui nous est chère et que représente l'Institut polaire français Paul-Émile Victor, tradition dont nous sommes tous l'héritier, et je veux saluer la présence de sa fille Daphné VICTOR qui est parmi nous. La France continue d'investir, plus de 600 chercheurs ont été mobilisés entre 2017 et 2022. On va continuer aussi d'améliorer leur cadre de travail et la nature des contrats. Mais d'ici 2030, je veux ici vous dire que nous investirons 1 milliard d'euros dans la recherche polaire. France 2030 a d'ores et déjà permis deux initiatives, le Polar Pod avec Jean-Louis ÉTIENNE dans l'océan Austral, la Station Arctique, portée par la Fondation Tara, les maquettes sont juste derrière. Nous continuerons d'avancer, nous reconstruirons la station Dumont d’Urville sur la péninsule antarctique et la rénovation de la station Concordia en tenant compte des meilleurs standards environnementaux, et cela sera acté dans ce mandat.
Les chercheurs français ont aussi cette tradition. On avait avec nous Heïdi SEVESTRE, qui est devenue presque norvégienne, mais qui reste quand même française, Monsieur le Premier ministre, mais à laquelle nous sommes attachés, glaciologues et exploratrices. Et donc, je parlais de ce projet de recherche en Antarctique Est auquel nous allons contribuer, mais je veux aussi vous dire que pour accompagner justement ces recherches, ces aventures, la France va construire un navire à capacité glace qui se partagera entre le Pacifique Ouest et l'Antarctique Est. Il sera basé entre Nouméa et Hobarth et Dumont d’Urville, et il portera le nom de Michel ROCARD. Michel ROCARD, qui a aidé justement à bâtir l'Arctic Circle, vous le rappeliez, Monsieur le président, qui a été l'initiateur du protocole de Madrid et notre premier ambassadeur pour les pôles.
Sur tous ces sujets, je souhaite aussi que tous les parlementaires qui sont ici présents continuent d'être mobilisés encore davantage. La fondation Albédo sous égide de la fondation du CNRS, dédiée au soutien de la recherche française et francophone, jouera un rôle clé. Et grâce à son fondateur et mécène Frederik PAULSEN, elle dispose déjà de 10 millions d'euros qui seront appelés à doubler rapidement. Nous serons aussi au rendez-vous de la protection de nos propres glaciers. Je le rappelais tout à l'heure dans la session plénière, à l'échelle globale, 30 % des glaciers sont sous protection. En France, tous nos glaciers sont placés en air protégée, tous. Et nous avons, on a lancé avec plusieurs d'entre vous, la Réserve des terres australes françaises, qui est la 2e plus grande aire marine protégée au monde. C'est une décision que nous avons prise durant le premier mandat. Et nous avons aujourd'hui, je le disais, tous nos glaciers qui sont protégés, mais en métropole, simplement 60 % des glaciers qui sont en aires protégées de niveau fort. Je souhaite que nous puissions lancer la concertation qui nous permettra d'avoir la totalité de nos glaciers en protection forte. Ça nécessite une concertation, une implication des élus, et nous continuerons d'avancer.
Voilà ce que je voulais vous dire, Mesdames et Messieurs. Je veux surtout remercier les scientifiques qui nous permettent véritablement d'agir, de comprendre, remercier les organisations internationales qui sont là et l’Unesco joue un rôle absolument clé car la dimension est scientifique, mais elle est aussi culturelle, éducative, vous l’avez rappelé, et vraiment votre organisation aussi qui nous permet d’avoir la juste mesure de ces évolutions. Remercier les dirigeants qui sont à mes côtés et qui ont une implication depuis plusieurs années, parfois décennies sur cette question ô combien sensible et qui, malgré les troubles géopolitiques, continuent de tenir ce cap. C’est ce cap que nous tiendrons ensemble. Vous l’avez compris, nous aurons l’année prochaine un deuxième sommet et nous aurons, dans le cadre de la conférence des Nations unies à Nice, un suivi en 2025. C’est par ce suivi régulier que nous pourrons continuer d’avoir des résultats concrets. Et ça n’est pas le moindre des symboles que nous soyons ici tous réunis sur ce sujet alors même qu’il y a la guerre en Ukraine, qu’il y a aujourd’hui l’attaque terroriste qui a frappé Israël et maintenant les bombardements sur Gaza, et donc un monde qui est sens dessus-dessous. Nous sommes dans un monde multi-crises où tout se tient et tout est lié. Et les sujets de biodiversité et de climat, et en particulier les sujets de la cryosphère, sont les sujets des crises de demain, et ils sont inséparables des sujets les plus chauds de sécurité que nous avons à vivre aujourd’hui. Et donc nous évitons en quelque sorte des malheurs de demain en faisant cela et je pense que notre devoir est de ne pas dévier de cet agenda.
Même si nous devons gérer les urgences, les crises les plus chaudes, c’est de continuer à œuvrer pour justement rattraper une partie du temps perdu, en tout cas tout tenter pour être au rendez-vous de cette exigence et être aux côtés de la cryosphère.
Voilà Mesdames et Messieurs ce que je voulais vous dire. Merci à toutes et tous d’être là, nos scientifiques et nos ONGs, la société civile, aux peuples autochtones qui sont ici présents, à toutes les organisations et aux gouvernements.
Merci à tous.
Déclaration du One Planet-Polar Summit.
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