Le Président Emmanuel Macron a reçu Leurs Majestés le Roi Charles III et la Reine Camilla en visite d'État en France du mercredi 20 au vendredi 22 septembre 2023.

Revoir la cérémonie d'accueil : 

Cette visite constitue un honneur fait à la France et illustre la profondeur des liens historiques qui unissent nos deux pays.

Elle a également offert l’opportunité de montrer aux yeux du monde l’excellence française en matière culturelle, artistique, gastronomique, et notre patrimoine unique en son genre, en particulier au travers du dîner d’État qui a eu lieu au Château de Versailles. Lors de son mot d'ouverture, le Président Emmanuel Macron a réaffirmé l'amitié et le soutien sans faille de la France au Royaume-Unis.

Revoir les mots d'ouverture : 

20 septembre 2023 - Seul le prononcé fait foi

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TOAST DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE - Visite d’État du roi Charles III

Sire,
Votre Majesté,
Madame la Première ministre,
Monsieur le Président du Sénat,
Madame la Présidente de l’Assemblée Nationale 
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et messieurs les Ambassadrices et Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs,

Que vous ayez choisi de rendre visite à la France, en ces tout premiers mois de votre règne, est un signe d’amitié et de confiance que nous mesurons à sa juste valeur, et qui nous touche profondément, à la fois comme hommage à notre passé, et comme gage d'avenir.

Il était difficile de vous recevoir ailleurs qu’ici, dans ce cadre dont le Grand Siècle avait fait un temple des arts, et dont la République fit un temple à l’amitié diplomatique.
Les glaces qui ce soir renvoient votre image ont reflété jadis le visage de la reine Victoria, de Gorges VI, d’Élisabeth II, et j’aime à penser que, quelque part, elles s’en souviennent un peu.
Surtout se reflète aujourd’hui dans cette galerie des Glaces la densité des liens historiques entre nos deux pays, aussi ancestrale, aussi précieuse que ces murs – mais ardemment vivante, de la vie de tous ceux qui l’ont tissée et animée. 

Je voudrais en cet instant rendre hommage à celle qui exerça sa mission avec un dévouement constant, qui conjugua les relations franco-britanniques aux temps modernes, qui chemina, durant soixante-dix ans, aux côtés des géants du siècle qu’elle s’en est allé rejoindre. 
Vous savez quelle affection le peuple français a porté à la reine Élisabeth II, votre mère, tout au long de sa vie et de son règne, et combien il a partagé la peine du peuple britannique dans le deuil. Nous pensons profondément à elle et au prince Philip, en vous recevant, ce soir, avec la Reine.

Ils vous ont laissé en héritage, outre leur immense exemple de droiture et d’abnégation, leur francophilie et leur connaissance intime de notre pays, que vous avez faites vôtres par plus d’une trentaine de visites en France, Font-de-Gaume, Fontevraud, Deauville, Reims, Bordeaux, Chenonceau, Colmar, partout où notre histoire s’entremêle – et elle s’entremêle partout.

Nos relations, certes, n’ont pas toujours été pacifiques.

Pourtant, ce mouvement d’oscillation, cette valse-hésitation magnétique, ont contribué à entrelacer nos destins, nos fiertés nationales, à apprivoiser cet ascendant mutuel, french touch et anglomanie, pour en faire un ferment d’émulation.
Prouvant que s’il y a un sentiment qui est héréditaire entre nos deux pays, ce n’est pas l’inimitié, c’est la fascination.

Car, avouons-le, comment pourrions-nous ne pas être charmés par la réunion, sur un seul et même territoire britannique, de la langue de Shakespeare, l’élégance de Brumell, la pensée de Locke, l’humour de Churchill et la musique des Beatles, ou devrais-je dire des Rolling Stones ?

Vous êtes l’incarnation de cette alchimie unique, et vous avez contribué à faire de cette Entente cordiale, dont nous fêterons l’année prochaine les 120 ans, une réalité tangible, une proximité amicale.

Vous qui n’avez eu de cesse de porter la mémoire de ses grandes heures, ses heures de douleur et de courage, de Verdun à Vimy, des plages du débarquement à l’Opération Dynamo.
En 1970, vous représentiez sa majesté Élisabeth II à l’enterrement de Charles de Gaulle. Là était votre premier voyage officiel, et déjà, il était en France. 
Vous n’aviez pas 21 ans, mais dans la grande nef de Notre-Dame, vous avez rendu les derniers hommages de votre nation à celui en qui elle avait cru quand personne n’y croyait, celui à qui elle s’était alliée avant même que les Français ne s’y rallient, celui auquel la reine Élisabeth II avait dit une fois qu’elle le considérait comme « a part of the family ». 
Nous n’oublierons jamais que c’est sur vos terres que le flambeau de la résistance et de l’espoir a pu brûler et rayonner, que c’est depuis votre capitale que l’appel du général de Gaulle s’est élancé vers les foyers et les combattants français. 
Nous n’oublierons jamais tout ce que l’armée de l’ombre doit à l’accueil de Londres.
Cette histoire, vous en portez la mémoire. 

Notre Entente cordiale, voulue par votre aïeul Édouard VII, n’a cessé depuis 1904 de s’étoffer et de se ramifier, au fil d’une épopée que nous avons fait nôtre : de l’inauguration du premier Airbus à l’ouverture du tunnel sous la manche, de la construction européenne à nos coopérations fondamentales en matière de défense, ou nos fructueux sommets bilatéraux avec vos Premiers ministres, ce sont autant de chapitres marquants. 
Et malgré le Brexit, parce que ce qui nous lie vient de si loin et que vous êtes là aujourd’hui, Votre Majesté, je sais que nous continuerons d’écrire ensemble une part de l’avenir de notre continent,  de relever les défis et de servir les causes que nous avons en commun.

Le Royaume-Uni et la France vibrent au diapason d’une philosophie démocratique séculaire, d’un élan vers l’art et le savoir qui résonne d’une même passion du Louvre à la Tate, des cloîtres d’Oxford et Cambridge à la coupole de la Sorbonne.
Nous avons la même lecture des enjeux de notre temps, la même quête du progrès scientifique, qu’elle concerne les avancées médicales où l’essor de l’Intelligence Artificielle, la même volonté de défendre la sécurité de notre Europe là où elle est en cause, comme aujourd’hui en Ukraine, le même attachement à la lutte contre les inégalités et pour le climat.
Nous sommes animés aussi d’un même amour du sport, de l’olympisme, dont Paris reprend le flambeau que Londres avait placé si haut.  
Certes, quand il s’agit il s’agit de tennis, nous préférons la terre battue au gazon.
Certes, même si la découverte récente d’une archive, dont je laisserai les historiens débattre, semble montrer que le cricket serait né en France, au château de Liettres, en 1478, la vérité – je devrais dire la lucidité - nous force à admettre que nous n’avons pas forcément tiré grand avantage de cette aînesse ... 
Mais cela n’empêche en rien l’émulation mutuelle. Quand vos joueurs de rugby aplatissent le ballon ovale sur le sol de France, les supporters français vous acclament de bon cœur – à la condition que ne soit pas un essai marqué contre nos Bleus !

Et s’il arrivait un jour à nos États d’oublier cette fraternité de culture qui nous a forgés, cette convergence de destin dans les grands défis du siècle, alors j’en suis sûr, nos peuples seraient là pour nous les remémorer : les artistes qui s’inspirent mutuellement, les jeunes qui franchissent la Manche dans un sens ou dans l’autre pour aller étudier, aidés notamment par les généreuses bourses du British Council, les centaines de milliers de Britanniques qui ont élu domicile en France, les très nombreux Français qui ont fait le mouvement inverse, tissant par-dessus la mer des liens d’ancrage, d’échange et de culture.

Pour eux tous, pour chacun de nous, votre avènement au trône est riche de promesses, et votre choix de la France pour cette visite d’État conforte notre souhait par les plus heureux auspices. 

À l’heure où s’ouvre votre règne, vous pouvez compter sur l’amitié et le soutien sans faille de notre pays, afin de faire cause commune pour nos peuples et pour l’humanité.

Je lève donc mon verre en l’honneur de Votre Majesté, de Sa Majesté la Reine Camilla, ainsi que de votre famille.  
Je le lève en l’honneur du Royaume-Uni, et de l’Entente Cordiale qui unit, dans une alliance indéfectible, nos deux peuples frères.
Vive le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, vive l’amitié franco-britannique !

Cette visite d’État symbolise également la relation d'amitié et de confiance entre le Président de la République et Sa Majesté le Roi, qui ont par le passé étroitement collaboré pour la protection de la biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique.

Aussi en complément d’un entretien au Palais de l’Élysée, les deux chefs d’État ont pris part au Forum de mobilisation des financements pour le climat et la biodiversité en présence d’acteurs français et britanniques du secteur privé.  

Clôture du forum franco-britannique sur le financement du climat et de la biodiversité.

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