Le Président Emmanuel Macron s'est rendu au Bangladesh les 10 et 11 septembre pour une visite bilatérale.

À Dacca, le Président de la République a poursuivi la déclinaison concrète de la stratégie française dans l’Indopacifique, après avoir cet été accueilli à Paris le Premier ministre Modi, et s’être rendu en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Vanuatu et au Sri Lanka.

Ce déplacement a également été l’occasion d’approfondir notre relation bilatérale avec un pays qui connait un rapide développement économique, avec l’appui de la France, et qui cherche à diversifier ses partenariats.

Le Bangladesh et la France affichent en outre de grandes convergences face aux défis mondiaux, notamment dans le cadre du Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète que le Bangladesh soutient activement. Le pays est particulièrement exposé aux effets du dérèglement climatique, aussi le Chef de l'État a rappelé la détermination de la France à se tenir à ses côtés sur le plan humanitaire, en particulier face aux inondations régulières.

Revoir la conférence de presse : 

11 septembre 2023 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Déclaration du Président Emmanuel Macron aux côtés de la Première ministre de la République Populaire du Bangladesh Sheikh HASINA.

Madame la Première ministre, merci beaucoup pour vos mots et votre accueil.

Je souhaite vous remercier pour cette invitation à effectuer, en effet, une visite au Bangladesh et pour votre accueil chaleureux. Vous avez terminé votre propos en citant André Malraux. Il est sans doute celui qui, à l'époque contemporaine, a scellé cette relation autour de la guerre de libération de 1971 par son engagement, ses mots, par sa volonté d'accompagner ce mouvement populaire que votre père a porté et a su bâtir. Il a, je crois, scellé une amitié indéfectible entre nos deux peuples autour de l'indépendance, de l'attachement à nos valeurs et de l'amour de la liberté.

Je suis très honoré, 33 ans après la dernière visite d'un président français, celle de François Mitterrand, d'être à vos côtés aujourd'hui. En effet, depuis ce combat de 1971, nous partageons le même attachement aux valeurs démocratiques, à l'État de droit et aux droits de l'Homme, triptyque sans lequel il ne saurait y avoir de développement durable.

J'ai eu l'immense honneur, ce matin, aux côtés de votre soeur et de votre neveu, de visiter la maison familiale et de pouvoir rendre hommage au rôle de votre père et à cette histoire aussi tragique, mais qui a permis à la nation d'être libre et indépendante. Et au fond, c'est autour de cette volonté d'indépendance et de stabilité que se scelle, qu’est scellée aujourd'hui, la relation entre nos deux pays et notre communauté de vue stratégique.

En effet, nous avons une volonté commune de préserver l'indépendance de nos pays, de ne céder à aucune pression extérieure et, malgré les conflits en cours, de garder la liberté qui va avec la souveraineté, Je défends, vous le savez, cette troisième voie dans l’Indopacifique fondée sur le respect de la souveraineté et l'autonomie stratégique de nos partenaires. C'est, je crois, cette voix aussi qui vous anime et cette volonté de préserver l'Indopacifique et plus particulièrement la région de l'océan Indien de toutes les tensions géopolitiques. Et au moment où la Russie mène une guerre de conquête impérialiste en Europe, il est ainsi plus que jamais de notre responsabilité de continuer à construire des partenariats avec nos amis de longue date et de proposer des alternatives durables. C’est le chemin que nous voulons emprunter avec le Bangladesh.

Vous avez montré à de nombreuses reprises votre exceptionnel engagement pour la paix. Je veux saluer d’ailleurs l'engagement de vos troupes à travers le monde aux opérations de maintien de la paix des Nations unies, en particulier en Afrique. Cette générosité, d’ailleurs, pour la stabilité, s’étend également à vos voisins avec l’accueil de plus d’un million de réfugiés rohingyas et je sais ce que cela représente et je vous remercie aussi de cet engagement.

Je le disais donc, nous avons une communauté de vues, une volonté de préserver les équilibres, en particulier de votre région. C'est autour de cela que se scelle, que se construit, que se noue l'accord entre nos deux pays. Alors vous avez eu, madame la Première ministre, l’amitié à l’instant de rappeler le Sommet que nous avons organisé en juin dernier à Paris et l'une des traductions concrètes en matière d'investissement solidaire et de climat est, en effet, le fait que le Bangladesh a décidé de rejoindre notre initiative pour le Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète. Avec un principe simple : aucun pays ne doit choisir entre la lutte contre la pauvreté et le combat pour le climat et la biodiversité. C'est un engagement important qui bâtit un nouveau consensus international et qui va nous permettre d'aller encore plus vite et plus fort ensemble sur cet agenda.

La France a multiplié par trois l'engagement de l'Agence Française de Développement depuis 2019 au Bangladesh. Ce sont plus d'un milliard d'euros de projets qui sont en cours de préparation pour les trois années à venir, s'ajoutant aux près de 2 milliards d'euros déjà réalisés. C'est un engagement sans précédent qui est en ligne avec cet agenda et qui va permettre d'accompagner votre développement économique, votre stratégie de lutte contre la pauvreté et votre stratégie de transition énergétique et climatique.

En effet, votre géographie vous rend particulièrement vulnérable au phénomène de montée des eaux, auquel s'ajoutent des événements climatiques extrêmes comme les cyclones, un effacement du rythme des six saisons si particulières au Bangladesh, et un prolongement de la mousson. Ce défi environnemental vous a conduit à développer une expertise inédite en matière d'adaptation au changement climatique et notre souhait est de pouvoir bâtir, à travers en particulier certains projets signés aujourd'hui, de nouvelles coopérations en la matière.

Nous avons d'ores et déjà commencé à mettre en place des filets de sécurité en créant des prêts résilients aux chocs climatiques et en travaillant étroitement avec les assurances à travers l'initiative dite Global Shield. Mais nous devrons aller plus loin, mobiliser de nouveaux financements, y compris en débloquant de nouveaux outils fiscaux comme la France s’y est déjà engagée avec la taxe sur les transactions financières et celle sur les billets d'avion.

Nous avons discuté longuement aujourd'hui des forêts et des mangroves et je sais votre engagement très concret en la matière. Vous savez aussi le mien. Vous abriter une des plus importantes mangroves au monde avec les exceptionnels Sundarbans. Il existe un immense potentiel de coopération en la matière. Et sur la base des pactes de préservation (« conservation packages ») que nous avons bâti depuis le Sommet de Libreville, notre souhait est de pouvoir avancer sur ce sujet et consolider le financement international en soutien aux initiatives de préservation de vos mangroves qui jouent un rôle essentiel, à la fois pour la stabilité de votre pays, la lutte pour la préservation de la biodiversité, permettant de maintenir aussi des puits de carbone existants et avec, ce faisant, un impact pour toute la planète. Vous le voyez donc, en matière de lutte contre la pauvreté et de climat, nous avons une déclinaison très concrète de l'agenda de Paris de juin dernier et de ce pacte de Paris pour les peuples et la planète.

C'est le même agenda que nous allons poursuivre en matière de souveraineté alimentaire. Nous appuyons votre agenda et le Bangladesh sera convié au Sommet de la coalition pour les cantines scolaires que nous organiserons en octobre prochain à Paris, qui permettra de poursuivre l'engagement que nous avons pris aux côtés de plus de 80 autres États à fournir à chaque enfant un repas scolaire par jour. Vous avez d'ailleurs anticipé vous-même, madame la Première ministre, ce type d'initiatives avec le programme mis en place il y a plusieurs années en faveur des enfants scolarisés dans votre pays.

Je veux ici aussi saluer sur cet agenda de justice, qu'elle soit sociale ou climatique, et l'engagement qui a été le vôtre durant la dernière décennie. En effet, 10 ans après le tragique effondrement du Rana Plaza, le millier de victimes parmi les travailleurs du textile, vous avez pris des mesures pour améliorer la sécurité des travailleurs. À titre d'illustration, ce sont plus de 4 000 usines textiles qui ont été inspectées, plus de 800 qui ont été fermées pour tenir vos engagements. Ces efforts sont menés de concert avec les partenaires sociaux et en collaboration avec l'Organisation internationale du travail, notamment pour le déploiement d’un fonds visant à garantir une protection exemplaire aux travailleurs. Et plusieurs marques internationales de textile, y compris française, se sont déjà mobilisées et apportent volontairement leur contribution. De notre côté, vous le savez, nous avons demandé aux entreprises de se conformer à un devoir de vigilance qui a accompagné cet effort.

Enfin, pour accompagner votre agenda de développement et de stabilité du Bangladesh, nous souhaitons faire davantage. Et au-delà des investissements et l'accroissement de l'exposition de l'Agence française de développement, nous voulons contribuer à l'émergence du Smart Bangladesh que vous appelez de vos voeux. C'est pourquoi nous avons évoqué longuement aujourd'hui et signé plusieurs textes importants. Nous ferons davantage dans le domaine des transports et je vous remercie pour le choix de confiance pour l'aéronautique européenne et l'engagement sur ces dix A350 d'Airbus. Dans le domaine de l'espace, la France ayant déjà été à l'origine du premier satellite bangladais et l'engagement qui est fait en matière de satellites. Dans le domaine de l'énergie, de la défense, mais aussi de la culture, de l'enseignement et du patrimoine. J'ai eu la chance, hier, de rencontrer plusieurs artistes. Nous souhaitons encore développer davantage notre coopération en la matière et vous pouvez compter sur la France pour poursuivre ce chemin.

Voilà Mesdames et Messieurs, ce que je souhaitais dire après nos échanges ce matin. Je voulais, madame la Première ministre, vous dire que la France restera fidèle à son histoire pour bâtir une nouvelle page que nous ouvrions ensemble, son attachement à l’indépendance de votre nation, au courage de votre peuple et au fond une ligne que vous suivez et que vous défendez, une ligne exigeante qui ne cède à aucune pression et qui préserve la stabilité de votre région. Une ligne exigeante aussi, qui bâtit un chemin de prospérité pour votre pays, améliore la situation climatique et de biodiversité et vise aussi à lutter contre tous les extrémismes qui peuvent menacer la sécurité. Vous menez cet agenda avec courage et détermination. Sachez que vous avez le soutien de la France et que votre peuple a le soutien du peuple français.

Je vous remercie.

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers