La disparition de Bernard Pignerol, le 21 mai, est celle d’un esprit brillant, d’un juriste estimé, d’un homme d’idéal républicain. Conseiller d’Etat, il a marqué, par sa personnalité et sa hauteur de vue, l’histoire intellectuelle et politique de la gauche française.

Le droit et la gauche, furent en effet, les deux grandes causes de sa vie. Fils de résistant, militant trotskyste dès l’adolescence, puis engagé au sein de l’UNEF-Renouveau, Bernard Pignerol explora chacune des nuances de la gauche, tirant de cet itinéraire une habileté pour servir de trait-d’union entre elles. Aussi praticien que théoricien, il mena successivement des études de droit public et de philosophie du droit. Il combina sa rigueur juridique et sa conception passionnée de la fraternité pour devenir officier de protection de l’OFPRA, en 1983.

L’année suivante commença le roman d’un long engagement dans la vie publique. En 1984, il participa ainsi à la fondation de SOS Racisme », aux côtés de Julien Dray et Harlem Désir. Bernard Pignerol devint le responsable du développement et le vice-président de l’association au début des années 1990. Militant dans l’âme, il s’engagea également en 1988 au sein du courant « Gauche socialiste » fondé par Jean-Luc Mélenchon, où il repéra et conseilla plusieurs générations de futurs responsables politiques.

En 1998, à sa sortie de l’Ecole nationale d’administration au sein du Conseil d’Etat, Bernard Pignerol s’affirma comme un magistrat brillant, ainsi qu’un organisateur hors-pair, lorsque ses talents étaient sollicités par les figures de la gauche au pouvoir. De 2000 à 2002, il rejoignit comme conseiller spécial le cabinet de Jean-Luc Mélenchon, alors ministre délégué à l’Enseignement professionnel, avant d’accompagner Bertrand Delanoë à la mairie de Paris, de 2007 à 2014, comme délégué général aux relations internationales et conseiller international. Bernard Pignerol poursuivit son aventure militante aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, dans toutes les campagnes des « Insoumis » à partir de 2017, puis à la tête de l’institut La Boétie.

Bernard Pignerol avait toujours placé la fraternité au cœur de ses engagements et ainsi était-il reconnu comme tel. Le président de la République salue la mémoire d’un homme passionné par les arts, guidé par les idées, roué aux techniques de la politique et du droit. Il adresse ses condoléances attristées à sa famille, ses proches, et à tous ceux qui partagèrent ses combats. 

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