Le Président de la République a appris avec émotion le décès du général de brigade François Meyer, figure emblématique de la mémoire des Harkis. 

Jeune officier, marqué dans l’enfance par l’exode de 1940 douloureusement vécu par sa famille comme par tant de Français, il choisit St Cyr après le lycée et participe à la guerre d'Algérie comme jeune officier de spahis entre 1958 et 1962. Il commande successivement deux harkas, d'abord comme chef de commando dans le Djebel Amour puis dans le sud Oranais. 

Au terme du conflit, alors que le gouvernement français rechigne à rapatrier les anciens supplétifs de son armée, des milliers de Harkis sont massacrés. Le lieutenant Meyer regroupe dans un poste militaire français les membres de sa harka qui veulent partir pour la France. Pendant trois mois, il va attendre avec eux un bateau. C'est alors que comme certains officiers il décide d'exfiltrer par ses propres moyens ses hommes et leurs familles vers la métropole, en contradiction flagrante avec les directives officielles, ce qui lui vaut de tomber sous la coupe des demandes de sanctions formulées par le ministre des Affaires algériennes. François Meyer organise des convois, force les verrous, abat les montagnes, et parvient, grâce à la solidarité des marins, à regrouper 350 personnes en sécurité sur la base de Mers-el-Kebir, avant de réussir à les faire embarquer sur un bateau habituellement dédié au transport de moutons… L’enfant de l’exode, le jeune cavalier de Saumur, l’officier français ne veut pas d’une France qui se renie, quitte à se substituer à elle. 

De retour en France, après avoir sauvé ses hommes et leurs familles, il aurait pu considérer son devoir accompli et bâtir sa carrière : il n’en sera rien. Il consacre son énergie à chercher des villages français pour les accueillir, qu'il trouve finalement en Lozère. Les harkis qui s'y installent deviennent agriculteurs. Pendant des années, il y passe toutes ses permissions et déploie des efforts inlassables pour aider à leur intégration. Il s'emploie aussi à entretenir la mémoire de ses anciens compagnons d'armes, dans la presse et dans des colloques, publiant un livre à leur sujet en 2005. 

Le 20 septembre 2021, Monsieur Emmanuel Macron lui a remis les insignes de titulaire de la grand-croix de la Légion d'honneur, à l'occasion d'une réception à l'Élysée consacrée aux Harkis au cours de laquelle il a demandé pardon pour le sort que la République leur avait réservé. Ce jour-là, il a donné en modèle à toute la Nation, un homme, un soldat qui a sauvé l’honneur, au cœur de ce qui était un drame français.

Le Président de la République salue avec respect et reconnaissance l’exemple, le témoignage et la mémoire du général Meyer, et prie sa famille d’accepter ses condoléances attristées. 

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