Quatre fois député, une fois sénateur, quatre fois maire de Dunkerque et sept fois ministre, Michel Delebarre nous a quittés aujourd’hui, à l’âge de 75 ans. Il aura servi de manière exemplaire la République française sa vie durant, à tous les échelons et dans tous nos hémicycles, municipaux, régionaux, nationaux et européens. 

À voir briller la Croix de guerre et la Légion d’honneur à la boutonnière de son père, ce fils d’un commandant de réserve honoraire avait compris très jeune l’importance de servir son pays. Après des études d’histoire et de géographie, outre son engagement au CERES aux côtés de Jean-Pierre Chevènement, il rejoint le Comité d’expansion régionale économique et sociale, où il œuvrait à l’aménagement et au développement de son territoire. 

Lorsque, pour s’y consacrer plus encore, il entra en politique, il y noua une camaraderie qui traversa toutes les épreuves et changea le cours de son destin, celle de Pierre Mauroy. Directeur de son cabinet à la mairie de Lille, puis au Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, il l’accompagna ensuite à Matignon. 

Pour le natif de Bailleul dans le Nord, ce fut le début d’un long et brillant parcours national. Sous les deux présidences de François Mitterrand, son expérience, son expertise et son engagement lui valurent d’être élu et réélu député, mais aussi d’être nommé ministre à plusieurs reprises : d’abord au Travail, à l’Emploi et à la Formation professionnelle en 1984, puis aux Affaires sociales et à l’Emploi, aux Transports et à la Mer, à l’Équipement et au Logement, à la Ville, un enjeu dont il étrenna le ministère, à l’Aménagement du territoire, et enfin, à la Fonction publique et aux Réformes administratives. L’élu de terrain devenait un politique tout terrain, capable de s’emparer des sujets les plus divers par une force de travail herculéenne et une vision pleine de hauteur. Son aisance et son énergie lui permirent de grimper aussi dans le parti à la rose, l’incontournable secrétaire national se hissant en 1995 à la présidence du Conseil national. 

Cette même capacité de rassemblement fit merveille à la présidence du Comité des régions, l’organe consultatif regroupant les collectivités territoriales de l'Union Européenne. Il y trouva à concilier ses convictions ardemment européennes et son respect des identités locales, qui gardèrent toujours pour lui une importance primordiale. Attaché à la décentralisation, Michel Delebarre ne cessa jamais de chérir le territoire où plongeaient ses racines, au Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais dont il fut le président, à la mairie de Dunkerque pendant un quart de siècle, et à la communauté urbaine de la ville. 

Si son mandat de maire battit un record dunkerquois de durée, il marqua également les esprits par sa proximité, sa chaleur humaine et par l’espoir qu’il communiquait en l’avenir : alors que le territoire dont il héritait avait été durablement traumatisé par la fermeture des chantiers navals un an auparavant, Michel Delebarre sut lui inspirer un nouvel élan par la création de l’université Côte d’Opale, l’arrivée du TGV et la transformation des friches portuaires en projets urbains ambitieux. 

Le Président de la République salue la vie d’un élu du peuple qui servit inlassablement sa ville et son territoire, la France et l’Europe. À son épouse, sa famille, ses proches, ainsi qu’à tous les Dunkerquois, il adresse ses condoléances les plus respectueuses.

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers