Le journaliste, patron de presse et homme de télévision Etienne Mougeotte, qui façonnait le paysage de la presse et des médias depuis un demi-siècle, s’est éteint.

Ce fils de cheminot charentais avait d’abord rêvé à un destin politique avant de découvrir sur les bancs de Sciences-Po et dans les rangs de l’UNEF sa vocation profonde de journaliste. 

Il fit ses premières armes dans les colonnes de Paris Normandie, au micro de France Inter, sur les ondes de l'ORTF et de RTL. Très tôt, il maîtrisa tous les médias, tous les formats, passant de l’un à l’autre avec l’aisance de celui pour qui l’information était un oxygène : un quatrième pouvoir et son cinquième élément. 

Il n’avait pas encore 35 ans lorsqu’on lui confia les rênes de l’information à Europe 1 dont il fit en quelques années la première station de France. Il en fut écarté après 1981, mais il accomplit de nouveaux miracles à la tête du groupe média de Hachette, aux commandes du Journal du dimanche, puis en reprenant en main Télé 7 jours dont les ventes dépassèrent bientôt les 3 millions d’exemplaires, trônant en majesté sur les tables basses des salons français. 

Surtout, Etienne Mougeotte fut vingt ans durant, de 1987 à 2007, l’emblématique directeur des programmes de TF1, au tournant de sa privatisation. Avec Patrick Le Lay, son PDG, il forma l’un des plus solides et des plus efficaces tandems de la télévision française, faisant de TF1 la première chaine de télévision d’Europe et de ses programmes des rendez-vous incontournables pour des millions de Français. Il sonna les grandes heures de la chaine, lorsque les journaux de Patrick Poivre d’Arvor et de Claire Chazal devinrent de nouveaux rituels vespéraux dans les foyers de France. Sous son règne, Jean-Pierre Foucault présentait Sacrée Soirée, Christophe Dechavanne animait des débats mi-sérieux mi-potaches dans Ciel, mon mardi !, et Guillaume Durand refaisait le monde avec ses invités jusque tard dans la nuit. 

Etienne Mougeotte avait beau œuvrer en coulisses, il n’en était pas moins une personnalité de premier plan, et s’il tirait avec poigne les ficelles de TF1, CANAL + tirait avec humour celles de sa marionnette des Guignols. 

Cet as du PAF avait le sens du public et un flair incomparable pour humer les bonnes idées, dénicher les émissions à succès, repérer les personnalités auxquelles s’attacheraient les Français. Pour autant, sa passion de l’information restait intacte et en 1994 il fonda LCI, la première chaîne d'information en continu en France, qu’il présida jusqu’en 2007. 

Lorsque l’aventure TF1 se termina, il revint à la presse comme directeur des rédactions au Figaro durant cinq ans, puis à la radio comme directeur général de Radio Classique jusqu’en 2018, tout en présidant aussi à partir de 2015 le groupe Valmonde, propriétaire de Valeurs actuelles.

Pendant près de 50 ans, il aura lu chaque jour tous les journaux, écouté toutes les stations de radios, regardé toutes les chaines de télévision, toujours à l’affût de l’actualité, en grand assoiffé d’informations, de regards et de commentaires sur la vie de la France et la marche du monde. Du sport à la politique, de l’opéra à la littérature, il était insatiable, curieux de tout. Il aimait apprendre, comprendre, et plus encore apprendre aux autres ; faire savoir et faire comprendre. 

Le Président de la République et son épouse saluent un journaliste de haut vol et un homme visionnaire qui a dirigé les plus grands médias de France. A sa famille, ses amis, ses anciens collègues, ils adressent leurs respectueuses condoléances. 
 

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