Hubert Faure s’est éteint. À 106 ans, il était l’un des deux derniers membres du commando Kieffer, seule unité française à débarquer parmi les troupes du 6 juin 1944.

Né en Dordogne un mois avant qu’éclate la Première Guerre mondiale, il vit planer son ombre sinistre sur son enfance et son père revenir du front avec de terribles brûlures aux poumons. Cela ne put étouffer sa vocation militaire, ni l’empêcher de s’engager à vingt ans comme sous-officier au 22e régiment de Dragons à Pontoise. Devenu instructeur à Paris, il étudia les ouvrages dédiés à la cavalerie rédigés par un certain Charles de Gaulle. 

En mai 1940, pendant la bataille de France, son régiment fut appelé en première ligne. Hubert Faure fut fait prisonnier au bout d’un mois mais prit connaissance depuis sa captivité de l’appel du général de Gaulle dont il avait tant étudié les livres, et la décision de le rejoindre mûrit en lui. Il parvint alors à échapper aux mains des Allemands, tenta de rejoindre l’Angleterre par l’Espagne, fut emprisonné par les Franquistes, s’évada à nouveau, fut arrêté derechef au Portugal, puis relâché grâce à l’intervention d’un membre de la France Libre. Il put enfin s’envoler pour l’Angleterre en juin 1943. Son expérience, sa force physique et morale, faisaient de lui une recrue de choix pour l’unité française d’élite que constituait l’enseigne de vaisseau Philippe Kieffer en vue du débarquement. La conscience du danger mortel ne put le décourager, pas plus que la durée et la difficulté exceptionnelle de l’entraînement. Avec ses 176 camarades de ce commando marine, il passa des heures à mémoriser les plans des plages et des villages normands, qui acquirent pour eux une réalité presque aussi tangible que les horizons de leur camp d’entraînement écossais, et qui s’offrirent enfin sous leur pas le 6 juin 1944. 

Le Périgourdin débarqua parmi les premiers, gravit les plages sous la mitraille des obus. C’est lui qui dirigea l’assaut final du Casino de Ouistreham, transformé en bunker. Bénouville, le pont Pegasus, Amfreville, les alliés égrenèrent un chapelet de victoires, de villages chèrement reconquis, qu’il leur fallut conserver ensuite durant des semaines face aux ripostes allemandes. 

L’histoire d’Hubert Faure est une formidable leçon d’engagement et d’héroïsme. Elle est aussi un prodigieux exemple de résilience : blessé le 7 juillet, rapatrié en Angleterre, il guérit avec la même soif de vie qui lui permit de réchapper successivement aux geôles de trois nations différentes. Mais la veille de son second débarquement normand, prévu le 15 août 1944, sa colonne vertébrale fut grièvement touchée dans un accident de véhicule militaire. Il ne rentra chez lui en Dordogne que pour se rétablir au plus vite, rejoindre son commando dans les Pays-Bas et poursuivre avec eux l’assaut de l’île de Schouwen en février 1945.

Les séquelles de son accident ne lui permirent cependant pas de poursuivre sa carrière militaire après la Libération. Fidèle à lui-même, aux valeurs de son béret vert de commando, il ne se découragea pas, reprit ses études et devint ingénieur des travaux publics.

Au cœur des pages les plus sombres de l’histoire de France, Hubert Faure écrivit des lignes pleines de courage et d’honneur. Le Président de la République lui exprime la reconnaissance de la nation et adresse à ses proches ainsi qu’aux commandos marine héritiers des Français du Jour J ses condoléances sincères, sa confiance et son amitié indéfectible.
 

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