Le Président Emmanuel Macron s'est entretenu avec le Président de la République arabe d’Égypte Abdel Fattah Al-Sissi. 

Revoir la déclaration conjointe :  

7 décembre 2020 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Propos liminaire du Président de la République à l’occasion de la conférence de presse avec le Président de la République arabe d’Égypte, M. Abdel Fattah AL-SISSI, en visite d’Etat en France.

Monsieur le Président, 
Mesdames, Messieurs les ministres, 
Mesdames Messieurs les ambassadeurs, 
Mesdames Messieurs, 
Cher Président SISSI, 

J’ai le plaisir de vous accueillir aujourd’hui à Paris, à nouveau, avec beaucoup de plaisir, dans un contexte sanitaire et son lot de contraintes que nous connaissons. Cette visite témoigne d’abord de la relation exceptionnelle et amicale qui prévaut entre nos deux pays. Le Président SISSI m’avait reçu au Caire en janvier 2019. Nous étions convenus de nous revoir à Paris. Nous nous sommes parlés depuis à de nombreuses reprises, au-delà des réunions internationales que nous avons partagées, en particulier celle qui s’était tenue il y a plusieurs mois maintenant sur la question libyenne à Berlin. Nos échanges réguliers illustrent la qualité du partenariat stratégique qui lie nos deux pays et la longue séquence de travail que nous avons eue ce matin a permis aussi de l’approfondir. Nous poursuivrons tout à l’heure ces échanges. 

Alors qu’une crise sanitaire, économique et sociale sans précédent s'est abattue sur le monde, que certaines puissances tentent de déstabiliser les équilibres régionaux, je crois pouvoir dire que notre partenariat stratégique avec nos amis égyptiens est aujourd'hui plus que jamais essentiel. Essentiel à nos deux pays, essentiel à la stabilité du Moyen-Orient et de la Méditerranée. Je veux ici donc redire ma détermination - et je sais que le Président SISSI la partage - de renforcer ce partenariat pour résoudre les crises et contrecarrer ceux qui les alimentent ou qui cherchent à allumer de nouveaux foyers. 

D'abord, nous en avons longuement parlé de Libye, pour promouvoir une solution politique durable, c'est l'objectif que nous poursuivons depuis plusieurs années. Nous constatons des évolutions qui vont dans le bon sens et je veux saluer l'engagement des Nations Unies et le processus de dialogue politique qui a connu des progrès importants durant les dernières semaines. Celui-ci est menacé une fois encore par des puissances régionales qui ont décidé de faire de la Libye le théâtre de leur influence plutôt que le lieu, là aussi, de la stabilité. Nous tenons quant à nous au respect du cessez-le-feu, au succès du forum de dialogue politique et au maintien durable de la production pétrolière. Ces sujets ont avancé. Ils sont encore fragiles, largement menacés. Les mercenaires et les forces étrangères turques et russes sont toujours présents sur le terrain et il nous faut clairement trouver une solution politique pour consolider les acquis et éviter le chaos ou la partition du pays. À ce titre, le rôle de l'Égypte est fondamental. Nous en avons longuement parlé et notre souhait est véritablement d'avancer de manière coordonnée avec l'ensemble des partenaires européens et de tous nos alliés dans la région, en lien direct et en nous inscrivant dans le processus onusien pour parachever le dialogue politique et permettre l'émergence d'une stabilité politique et des résultats concrets du Forum de dialogue, et d'autre part, de parachever le travail, là aussi de stabilisation économique par la reprise durable de la production pétrolière. 

Nous avons évoqué la situation en Méditerranée orientale également. L'un comme l'autre, nous refusons de transiger avec la sécurité et la souveraineté des États riverains. Nous sommes dans une logique de coopération avec l'ensemble des États de Méditerranée orientale pour préserver la souveraineté territoriale, les intérêts économiques territoriaux et la bonne coopération sur le plan géopolitique comme énergétique. Nous avons pu évoquer évidemment beaucoup d'autres sujets comme l'Iran, le Sahel et également le Liban, dont je voudrais dire un mot dans le droit fil de la Conférence internationale de soutien à la population libanaise à laquelle vous étiez présent, Monsieur le Président, et alors que ce pays ami continue de souffrir de la non-conclusion d'un processus politique pourtant tant attendu. Sur ce sujet, nous avons marqué notre volonté d'avoir un Liban plus fort et un État libanais plus fort en soutien de la population libanaise et non pas otage ni d’intérêts ni d'une politique de terreur, quelle qu'elle soit. Nous continuerons ces échanges, en particulier tout à l'heure, en revenant sur le processus de paix au Proche-Orient et les sujets de coopération qui sont les nôtres. 

Sur l’ensemble de ces sujets cruciaux, nous avons des approches et des vues convergentes mais aussi des préoccupations communes. Le combat commun contre le terrorisme qui nous a sévèrement frappés au cours de ces dernières années est au cœur de cette relation bilatérale. Il nous faut agir pour renforcer notre coopération contre ce fléau qui ne connaît pas de frontières. À ce titre, notre coopération technique militaire est exemplaire et nous continuons de l'approfondir. Nous avons aussi évoqué, évidemment, notre partenariat dans le domaine de la défense, et nous sommes là aussi très attachés à son approfondissement et y veillons ensemble. 

Puis, cette visite d'État sera marquée par nos questions de coopération économique. Les entreprises françaises sont très présentes en Égypte et elles contribuent au développement des infrastructures et des services de ce pays qu'elles connaissent bien. Dans ce domaine aussi, notre rôle au Président SISSI et à moi-même, est de veiller au renforcement et à la qualité de cette relation au bénéfice de nos deux pays. Plusieurs accords seront signés dans ce contexte, aujourd'hui comme demain. 

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, notre entretien a aussi porté évidemment sur les moyens de renforcer l'appui de la France à l'Égypte dans les domaines de protection sociale, de santé, notamment grâce au travail de l'Agence française de développement, mais également la manière de renforcer notre coopération déjà dense en matière d'éducation et de culture. 

J'ai eu aussi l'occasion d'évoquer, comme on le fait entre amis, en confiance et en toute franchise, la question des droits de l'homme. Je l'ai dit, je l'ai déjà dit publiquement également lors de notre échange devant les journalistes en janvier 2019 au Caire, je sais combien l'Égypte est confrontée à la menace terroriste comme nous le sommes, je sais aussi combien elle est confrontée aux difficultés économiques et sociales d'une pression démographique très forte. Une société civile dynamique, active, inclusive, reste pourtant le meilleur rempart contre l'extrémisme. Donc conscient de tous les enjeux aujourd'hui de l'Égypte, du rôle important que joue le Président pour sa stabilité et de son ambition en matière économique et sociale, je reste l'avocat constant d'une ouverture démocratique, sociale, et de la reconnaissance d'une société civile dynamique et active, car je crois que c'est aussi un formidable rempart contre toutes les formes d'extrémisme. À cet égard, je salue la libération annoncée jeudi de 3 membres d'ONG et nous avons pu évoquer plusieurs autres cas individuels. 

Avant de laisser la parole à mon ami le Président SISSI, je souhaiterais conclure mon propos par un remerciement. Alors que la France vient d'être victime d'une campagne de haine et de boycott alimentée par l'ignorance et l'extrémisme, je souhaite remercier le Président d'un très grand pays arabe et musulman, l'Égypte, de nous faire aujourd'hui l'honneur de sa visite. Notre partenariat contribue à la stabilité au Moyen-Orient et en Méditerranée. Il nous permet aussi d'agir ensemble pour faire face, unis, aux défis économiques, sociaux, sociétaux, environnementaux et construire une Méditerranée qui soit précisément cet espace d'échanges, de dialogue, de cultures et de coopération. Dans cet espace de civilisation qui est le nôtre, il n'y a pas la place pour les condamnations à mort et les discours de haine quand s'expriment simplement les libertés. 

Monsieur le Président, cher ami, Cher Président SISSI.
 

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers