L’homme politique corse Pierre Chaubon, maire de Nonza, président de la communauté de communes du Cap Corse, qui fut conseiller territorial et conseiller d’Etat, est décédé à 66 ans.
Sa réserve et sa discrétion cachaient une énergie de feu, qu’il déploya avec la même ardeur au service de sa ville, de son île et de son pays. Toute la vie de Pierre Chaubon s’inscrivit en effet dans une trinité politique entre le Cap, la Corse et la France.
Élu maire de Nonza en 1982, un village de la péninsule septentrionale de l’Ile de beauté blotti entre mer et montagne, il démontra alors ses capacités à repenser le maillage administratif de notre territoire en créant l’une des premières communautés de communes de France, le Cap Corse. Éminent juriste, il sut consolider sa mise en place pratique par un rigoureux étai juridique.
Lui qui aimait tant sa terre natale ne consentit à la quitter que pour servir l’État en haut lieu, dans les années 1990, au sein de plusieurs ministères, de l’Environnement au Tourisme, de la coopération et du Développement aux Affaires étrangères. Il poursuivit sa carrière de haut fonctionnaire comme délégué général du médiateur de la République, avant d’être nommé maître des requêtes au Conseil d'État, ainsi que membre du conseil national de formation des élus locaux.
En parallèle, il affina encore sa connaissance des enjeux régionaux en siégeant au conseil d'administration de l'IRA de Bastia. Attaché à la juste représentation des communes, il défendit la spécificité politique de la Chambre des Territoires. Élu à l’Assemblé de Corse sous la bannière du groupe Démocrates, Socialistes et Radicaux en 1998, il y présida la Commission des compétences législatives et règlementaires et fut l’architecte en chef de la réforme institutionnelle visant à faire évoluer le statut de la Corse, aujourd’hui collectivité territoriale unique. Par son ouverture et son sens du dialogue, Pierre Chaubon savait ébranler les inerties et rassembler dans son sillage les artisans du bien commun, quelle que soit leur faction.
Sa volonté d’engagement ne s’était jamais érodée : trente ans après son premier mandat municipal, il fut réélu maire de Nonza en 2014, et prit la présidence de la communauté de communes qu’il avait fondée, riche désormais de dix-huit communes, dont il savait défendre l’identité singulière.
Toutes portent son deuil aujourd’hui. Le Président de la République s’y associe, saluant un inlassable serviteur de la Corse et de la France, à la fois fervent insulaire et républicain passionné, dont la personnalité fédératrice va manquer à la vie politique. Il adresse à son épouse et ses enfants, à ses proches et ses collaborateurs ainsi qu’à tous les Corses qu’il a tant et si bien servis ses condoléances émues.