Fait partie du dossier : Déplacement au Tchad

Conférence de presse du Président Emmanuel Macron avec son homologue tchadien Idriss Deby :

23 décembre 2018 - Seul le prononcé fait foi

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Conférence conjointe Du Président de la République et du Président du Tchad

N’Djamena (Tchad) – Dimanche 23 décembre 2018

LE PRESIDENT : Merci monsieur le président DEBY, merci pour votre accueil au Tchad et merci pour nos échanges hier après-midi et ce matin. C'est la sixième fois que je viens dans le Sahel, c'était pour moi la première fois au Tchad. J’ai été très heureux de pouvoir, en effet, passer ses heures depuis hier après-midi à vos côtés.

Ce voyage a été l'occasion, accompagné des ministres, de parlementaires et de nos officiers supérieurs, d'abord d'un échange et d'un moment de convivialité avec nos forces ici présentes dans le cadre de l'opération Barkhane mais nos forces françaises qui sont présentes depuis 1960 quasiment sans discontinuer à N'Djamena et je veux ici vous dire la fierté qui est la nôtre, la fierté qui est la leur d'être ici, de servir la France mais aussi de servir la sécurité et les intérêts d'un allié du plus haut point dans la région.

Et je veux vous remercier pour l'excellente coopération que j'ai pu voir de mes propres yeux avec les officiers généraux et l'ensemble des troupes tchadiennes qui étaient d'ailleurs à nos côtés hier soir pour réveillonner. Ce moment était important pour nous et je vous remercie de nous avoir permis de le passer dans ces conditions. Vous l'avez rappelé, nos échanges ont permis d'évoquer tout à la fois la relation bilatérale et les sujets régionaux.

Sur la relation bilatérale, le président DEBY a dit l'essentiel, nous avons d'abord un axe en matière de sécurité. Il est fort ; il est durable ; il a contribué à la sécurité du Tchad et de beaucoup de situations dans la région et nous continuerons à être engagés dans la durée à vos côtés, mais j'y reviendrai dans un instant, aux côtés de toutes les forces du Sahel.

Cet engagement se complète évidemment par celui de nos entreprises du monde économique mais aussi des bailleurs que nous sommes. En septembre dernier, le Premier ministre a annoncé un engagement de la France de 223 millions d'euros sur la période 2017 / 2021 et je suis heureux de vous annoncer aujourd'hui que non seulement nos engagements ont été tenus mais que nous sommes même allés au-delà de ce que nous avions promis. C'est ainsi que déjà près de 150 millions d'euros ont été alloués au Tchad au lieu d'un effort initial qui se chiffrait à 125 millions d'euros et l'Agence française de Développement continuera à s'engager dans l'accès aux services essentiels en milieu urbain, en particulier à N'Djamena d'ailleurs, en matière de développement rural, notamment en appui à l'élevage, en matière de santé maternelle et infantile et en matière éducative.

Nous avons d'ailleurs pu évoquer ces sujets ce matin dans la rencontre que j'ai eue avec les représentantes des femmes tchadiennes, accompagné des ministres, qui nous ont permis d'évoquer tous les sujets extrêmement sensibles, je n'y reviendrai pas là, cette rencontre était publique, mais sur lesquels aussi la France est profondément engagée à vos côtés sur le plan bilatéral et comme vous le savez aussi dans le cadre de ses engagements internationaux.

Au-delà, nous avons beaucoup discuté des sujets de gouvernance politique avec le président DEBY car je souhaite que la France puisse accompagner les réformes indispensables et les échéances à venir qui le sont tout autant et j'ai été très sensible à l'engagement du président DEBY d'organiser pour mai prochain des élections législatives et municipales.

Et je souhaite que l'Union européenne soit aux côtés du Tchad pour ces échéances. La France le sera, à la fois pour aider à organiser, pour aider au financement et permettre ainsi aussi une forme démocratique indispensable aux bons équilibres et à la bonne gouvernance du pays et je sais que vous y êtes profondément attaché. Donc nous serons à vos côtés aussi pour cette étape importante car je considère que cela fait partie de la relation bilatérale.

Au-delà de ça, il y a une urgence économique et sociale, compte tenu des difficultés que vit l'économie tchadienne et j'ai souhaité aussi que nos entreprises soient davantage présentes et nous avons établi un groupe de travail pour que, d'ici à trois mois, d'une part nous réglions les difficultés qui sont aujourd'hui constatées, que nous puissions être au rendez-vous des demandes de développement du gouvernement tchadien et que nous puissions envisager de nouveaux projets d'investissement.

Sur les sujets plus régionaux, le président DEBY a rappelé en effet les principaux sujets ; nous aurons l'occasion dans quelques instants de poursuivre nos échanges sur la Libye et la République centrafricaine en particulier avec Moussa FAKI et donc avec l'Union africaine car c'est dans ce cadre-là que j'ai toujours voulu aborder ces sujets.

Le président a mentionné l'importance, aujourd'hui peut-être plus criante encore qu'hier, de la région … le sujet de la sécurité du lac Tchad et donc de la présence de Boko Haram. Nous sommes, sur ce sujet, très inquiets et donc je veux ici, d'une, part redire l'engagement de la France pour accompagner et renforcer la coopération régionale sous toutes ses formes et nous serons en particulier présents pour accélérer les soutiens de l'Union européenne. 55 millions d'euros doivent être débloqués, on fera en sorte que ce soit rapide et comme je l'avais annoncé au Nigeria, nous sommes en train d'accompagner plusieurs projets en faveur des populations du lac Tchad, des projets concrets à hauteur de 20 millions d'euros qui sont indispensables si on veut éviter la déstabilisation des populations dans la région, éviter que les djihadistes ne gagnent du terrain.

Plus largement, je partage l'analyse du président DEBY qui insiste sur une plus grande implication de la communauté internationale et nous aiderons donc à ce que celle-ci advienne, c'est aussi un sujet que nous allons évoquer dans un instant avec l'Union africaine.

 

Enfin sur le Sahel, je l'évoquais, je suis venu depuis le début de mon mandat à six reprises au Sahel et me suis beaucoup engagé pour que nous développions le G5 Sahel. Il est un complément indispensable sur le plan sécuritaire de l'implication de Barkhane. J'ai rendu hier hommage à nos forces, à nos soldats. Et je le fais ici à nouveau, ils assurent la sécurité de vos pays avec beaucoup de courage, ils le font au service des populations et ils le font avec un esprit de partenariat unique avec l'ensemble des forces du G5 et donc nous avons des échéances dans les prochaines semaines et avec le président DEBY, nous sommes, je crois, parfaitement en conformité. Donc nous allons continuer les échanges pour que, au moment de la transition de présidence en février, des opérations concrètes rapides soient déployées à nouveau sur le terrain dans les fuseaux que nous avons décidés.

Nous accompagnerons cet effort également par un travail en matière de développement, l'alliance Sahel lancée ensemble en juillet 2017 contribuera à hauteur de 1,3 milliard d'euros au financement des projets prioritaires. La France a apporté 220 millions d'euros et donc ces projets seront déployés au fur et à mesure de nos avancées sur le terrain, sur le plan sécuritaire.

Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je voulais rappeler en complément et en parfaite entente avec le président DEBY en vous remerciant à nouveau, cher président, pour votre accueil, pour l'amitié qu'il y a entre nos deux pays et pour la parfaite coopération qu'il y a tout particulièrement entre nos forces armées.

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