La pensée et l’action d’Edmond Maire auront changé le visage du syndicalisme français.

À contre-courant de son temps et avec une lucidité visionnaire, il sut par un syndicalisme moderne qui dépasse l'enracinement dans le catholicisme social comme l'utopie communiste définir de nouvelles voies et une nouvelle stratégie, dont la CFDT fut, sous sa direction, le porte-étendard.

Son influence sur le paysage syndical s’est accentuée avec le temps, tant la mondialisation et ses conséquences sur notre tissu économique ont démontré que la défense des intérêts des salariés devait emprunter le chemin d’une négociation sociale ouverte, pragmatique, dépourvue des a priori idéologiques qui parfois en déforment le projet.

Son compagnonnage avec Michel Rocard, dont il prononça l’éloge funèbre, mais aussi ses débats à distance avec Pierre Mendès-France, auront marqué la relation entre syndicats et partis politiques. Son souci de ne jamais mettre le syndicalisme au service du politique mais d’en faire constamment un aiguillon aura fait de la CFDT un interlocuteur de confiance des gouvernements successifs. Cela lui valut de nombreuses critiques mais permit des avancées sociales importantes. L’opposition formulée par Edmond Maire lors de son dernier discours, prononcé à Strasbourg en 1988, entre le syndical et le politique est encore aujourd’hui au cœur du questionnement syndical en France.

Le pragmatisme d’Edmond Maire fut celui d’un homme d’idées. De l’autogestion des années 70 au « recentrage » des dernières années de son mandat à la tête de la CFDT, son action fut constamment guidée par une réflexion profonde sur la situation sociale des travailleurs, par la volonté de repenser la donne économique et sociale de manière structurelle, enfin par la certitude que le combat social n’a de sens que guidé par une vision d’ensemble. Même après qu’il eut quitté ses fonctions à la tête de la CFDT, son influence intellectuelle et la pertinence de ses analyses demeurèrent une référence pour les dirigeants syndicaux comme pour les acteurs politiques.

Cette exigence intellectuelle doublée d’un engagement constant dans l’action, son humanisme profond et sa foi inébranlable dans le progrès resteront le modèle de générations de responsables publics nourris de son exemple.

Le 2 juillet 2016, il prêtait à Michel Rocard deux combats essentiels : l’intérêt général et la justice sociale. Ces combats furent aussi les siens. Ils sont, plus que jamais, ceux de notre temps.

Le Président de la République adresse ses sincères condoléances à la famille d’Edmond Maire et à tous ceux qui furent les compagnons de son remarquable cheminement.

 

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