3 octobre 1980 - Seul le prononcé fait foi

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Interview accordée par M. Valéry Giscard d'Estaing à TF1 à l'occasion de l'inauguration du salon de l'automobile, Paris, Porte de Versailles, vendredi 3 octobre 1980

QUESTION.- Monsieur le Président, vous venez de visiter ce salon 80 `1980`, vous avez vu notamment les nouveautés au-niveau des constructeurs français, est-ce que selon vous l'industrie de l'automobile française est bien armée aujourd'hui pour la compétition internationale ?
- LE PRESIDENT.- Cette question, il faut la poser d'abord aux constructeurs, c'est eux qui sont les plus qualifiés pour porter un jugement. Je suis entouré du ministre de l'Industrie `André GIRAUD`, qui suit de très près naturellement l'activité et l'avenir de l'industrie automobile française et du nouveau ministre des Transports, M. Daniel HOEFFEL, qui prend précisément ses fonctions ce matin.
- La France est le seul pays d'Europe à disposer de deux grands groupes automobiles `Renault ` Peugeot` qui sont l'un et l'autre de taille à affronter la concurrence internationale £ concurrence internationale qui n'est plus seulement européenne mais mondiale. Alors pour que l'automobile française continue de progresser, il faut naturellement qu'elle ait de bons produits au point de vue technique, que ces produits soient compétitifs et en même temps que la concurrence internationale soit juste.\
`Réponse`
- Sur le premier point, c'est-à-dire la qualité des produits, je crois qu'il y a à nouveau un effort de renouvellement, d'adaptation de ces produits, c'est-à-dire des voitures automobiles. Nous avons vu le perfectionnement des modèles qui ont déjà réussi, dont certains sont les plus grandes séries qu'ait jamais produite l'industrie automobile française, et puis nous voyons apparaître de nouveaux produits.
- Je dis aux Français, parce que les Français ont le choix quand ils achètent leur véhicule automobile, qu'ils peuvent trouver dans la production nationale l'ensemble de ce qui répond aux besoins des consommateurs, il faut donc qu'ils soient très attentifs à ce fait que la production nationale, c'est-à-dire l'emploi des travailleurs français peut leur fournir l'ensemble des produits dont ils ont besoin, à l'heure actuelle, et qui se compare à tout ce qui se produit de meilleur dans le monde.
- Naturellement, cette industrie doit être compétitive, elle doit donc continuer à s'équiper, à s'améliorer, - il y aura des efforts d'investissements encore cette année - et elle doit s'orienter vers les économies d'énergie puisque nous savons très bien que les modèles qui seront commercialisés dans quelques années seront très largement jugés à la fois sur leur prix mais aussi sur leur consommation d'énergie. C'est pourquoi il y a un effort de diminution de consommation du carburant. Presque tous les modèles fabriqués en France, à l'heure actuelle, sont fabriqués avec des normes de consommation inférieures à ce qu'elles étaient, par exemple, il y a deux ans.
- Puis la perspective de nouveaux modèles : deux véhicules de recherche sont présentés, ils préfigurent ce que pourra être sans doute l'industrie automobile française dans dix ans. Ce qui est frappant, c'est que ces modèles finalement ressemblent à ceux auxquels nous sommes habitués. Souvent les gens se disent que pour obtenir des économies_ d'énergie, nous n'aurons plus les mêmes commodités, facilités auxquelles nous sommes habitués avec nos automobiles actuelles. En fait, ce sont des modèles qui ressemblent aux modèles actuels pour leur ligne, pour leur habitat, pour leur vitesse mais qui seront conçus avec des matériaux et avec des techniques qui permettront de réduire de près de moitié la consommation d'essence par voiture.\
QUESTION.- Monsieur le Président, au-cours de votre visite, vous avez rencontré plusieurs patrons, vous ont-ils fait part de leur préoccupation à propos de la poussée japonaise ?
- LE PRESIDENT.- A propos de la poussée japonaise, je voudrais dire deux choses :
- Lorsque j'étais ministre de l'Economie et des Finances, j'avais indiqué que la pénétration des voitures automobiles en France ne devrait pas dépasser un certain niveau `3 % du marché`. Ce niveau a été fixé par moi-même à l'époque. Il n'a jamais été dépassé depuis, il ne sera pas dépassé car nous n'admettrons pas qu'il soit dépassé aussi longtemps que les conditions d'accès réciproques des marchés ne seront pas substantiellement transformées, donc je vous indique comme Président de la République ce que j'avais indiqué il y a quelques années comme ministre de l'Economie et des Finances, le pourcentage que nous avons fixé ne sera pas dépassé.
- Il y a un autre problème, qui est celui de l'organisation de la compétition automobile en Europe et dans le monde, nous nous concertons avec nos partenaires européens parce que nous acceptons la compétition, bien entendu, mais nous voulons qu'elle s'effectue sur des bases équitables, c'est-à-dire que les conditions d'accès aux différents marchés soient comparables. Si elles ne sont pas comparables, il n'y a pas d'égalité dans la compétition.\
QUESTION.- Monsieur le Président, que pensez-vous de la moto française, la BFG ?
- LE PRESIDENT.- Je suis allé voir les différents autres véhicules qui sont présentés dans ce salon. Il y a la motocyclette, très performante, et également les petites cylindrées. Je souhaite que là aussi nous reconquérions une partie du terrain qui a été gagné par d'autres producteurs dans le monde. Autrefois il y avait des motocyclettes françaises très performantes, nous avons connu, le temps où la gendarmerie française était équipée de motocyclettes françaises. Il est souhaitable que peu à peu nous reconquérions ce terrain. C'est le cas pour les petites cylindrées mais il faut que les Français puissent disposer de la gamme complète des productions. Je ne vois pas pourquoi nous avons deux des plus grandes entreprises mondiales en-matière automobile et que la motocyclette, qui comprend des moteurs voisins de l'automobile, des équipements voisins de l'automobile, des pneus pour la fabrication desquels nous sommes les meilleurs, ne pourrait pas être, elle aussi, fabriquée en France.\