29 août 1980 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution prononcée par M. Valéry Giscard d'Estaing à l'occasion du déjeuner offert en l'honneur de M. Ziaur Rahman, président de la République populaire du Bangladesh, lors de sa visite en France, Paris, Palais de l'Élysée, vendredi 29 août 1980

`Politique étrangère ` relations franco - bengalaises`
- Monsieur le président,
- La France est heureuse d'accueillir aujourd'hui, pour la première fois, le président de la République du Bangladesh pour laquelle elle éprouve amitié et considération.
- L'amitié franco - bengalaise est née avec votre pays. Héritier d'une brillante culture, conscient de sa spécificité, votre peuple a accédé à l'indépendance à l'issue d'un douloureux conflit dont vous fûtes l'un des héros.
- Cette longue épreuve a suscité à travers toute la France un profond mouvement de sympathie.
- A ce premier élan s'ajoute la considération que nous inspire le chemin parcouru par le Bangladesh depuis neuf ans.
- Votre pays a su affermir progressivement son indépendance et acquérir sur la scène internationale une audience qu'illustre son élection au Conseil de sécurité des Nations-unies. Dans un climat de stabilité restaurée, le Bangladesh s'est doté, sous votre impulsion, d'institutions qui témoignent de son attachement à la démocratie.
- Enfin, en dépit de terribles difficultés, telles ces inondations qui menacent en ce moment même vos villages, le peuple bengalais s'est engagé dans un important effort de développement, avec un courage et une ténacité dont vous donnez l'exemple.
- Dès votre indépendance, la France a tenu à s'associer à cette grande oeuvre de progrès économique et social. Les accords d'aide alimentaire et financière et de coopération nucléaire qui vont être signés dans un instant témoignent de la volonté du Gouvernement français de poursuivre son effort, et d'étendre notre coopération aux domaines scientifiques et technologiques qui sont les clés de l'avenir.\
`Politique étrangère ` relations franco - bengalaise`
- Votre visite, monsieur le président, donnera une nouvelle impulsion à nos relations économiques. Je souhaite qu'elle permette aussi d'engager entre nos deux gouvernements un dialogue politique approfondi.
- Nos deux pays trouvent un langage commun dans trois principes qui fondent leurs politiques et traduisent leur accord sur l'essentiel : l'indépendance, la paix et le développement.
- L'indépendance d'abord parce qu'elle est indispensable à la dignité des nations comme la liberté l'est à la dignité des hommes. C'est pourquoi, en Afghanistan comme au Cambodge, une solution politique comportant le retrait des forces armées étrangères et l'acceptation du droit des peuples afghan et khmer à choisir eux-mêmes leur régime politique, doit être recherchée avec détermination.
- La paix ensuite, car sans elle non seulement l'indépendance mais l'existence des Etats se trouvent menacées. Cela est vrai au Proche-Orient, où s'aggravent dangereusement les tensions. Profondément préoccupée par la situation actuelle, la France s'est engagée, avec ses partenaires européens, dans un processus de contacts avec toutes les parties concernées afin de déterminer les modalités possibles d'une initiative en_faveur d'un règlement juste et global du conflit israélo - arabe.\
`Politique étrangère ` relations franco - bengalaises`
- Le développement enfin, sans lequel l'indépendance et la paix ne peuvent être durablement établies. La France, qui est à l'origine du dialogue_Nord-Sud, apporte ses efforts pour obtenir que l'actuelle session spéciale des Nations-unies ouvre la voie à un progrès concret de la solidarité internationale, notamment en_faveur des pays les plus pauvres pour lesquels la France suggère des procédures particulières.
- Sur ces différents problèmes, le Bangladesh a pris des positions dont la France apprécie le caractère sage et constructif.
- Par son dynamisme et sa modération, la diplomatie bengalaise apporte aujourd'hui une contribution positive aux débats du mouvement non-aligné comme à ceux de la conférence islamique ou du Conseil_de_Sécurité `ONU`.
- Vous-même, monsieur le président, venez de plaider, avec un talent et une autorité auxquels je rends hommage, la cause des pays les plus démunis devant l'assemblée générale des Nations_unies. Appréciant comme moi vos qualités d'avocat, la communauté musulmane vous a choisi, à Casablanca, pour exposer au monde, avec le Roi du Maroc et le président de la Guinée, ses vues sur le problème de Jérusalem. C'est dire, monsieur le Président, le -prix que j'attache à notre entretien d'aujourd'hui et mon souci de le voir prolongé par des contacts réguliers entre nos deux gouvernements.
- Dans cet esprit, j'ai demandé à M. STIRN, secrétaire_d_Etat aux Affaires étrangères, de se rendre à Dacca dès cet automne.
- C'est avec la conviction que votre visite ouvre les perspectives prometteuses à notre entente et à notre coopération, que je lève mon verre en votre honneur, monsieur le président, en l'honneur des personnalités qui vous accompagnent, en l'honneur du peuple bengalais tout entier auquel je souhaite bien-être, paix et bonheur.\