22 septembre 2011 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur les relations franco-américaines, à New York le 22 septembre 2011.

Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
J'ai été honoré de votre invitation à venir célébrer ce 125e anniversaire. J'ai voulu venir avec le ministre d'État, Alain JUPPÉ, parce que les anniversaires doivent être célébrés. Les anniversaires, ce n'est pas simplement de la nostalgie, les anniversaires nous rappellent d'où nous venons, pourquoi nous sommes ce que nous sommes devenus.
Entre la France et les Etats-Unis, il y a les liens du sang et il y a l'amour de la liberté. Lorsque vous avez connu votre révolution, il y a des Français qui sont venus, qui ont traversé l'Atlantique et qui ont cru dans la révolution américaine. A l'époque, nous étions 18 millions et vous étiez 2 millions. Mais ils ont traversé l'Atlantique et ils ont dit « là-bas, sur ce territoire immense qu'allaient devenir les États-Unis d'Amérique, les femmes et les hommes qui s'y trouvent vont construire un pays libre ». Et petit à petit, vous, les Américains peut-être que vous ne vous en rendez pas compte, mais vous êtes devenus pour le monde entier le symbole de la liberté, première nation du monde. Et cette statue, dans le monde entier, tout le monde sait ce que cela signifie : un pays libre où les gens sont libres et où ceux qui y viennent sont accueillis.
Et quand il est arrivé, il y a dix ans, cet épouvantable attentat qui a fait tant de morts dans cette ville, si des barbares, si des criminels s'en sont pris, M. le Maire, à New York, c'est parce que New York est le symbole de la liberté. Et il y a un lien entre cette statue et ce qui s'est passé le 11 septembre ici.
Ce n'est pas simplement New York qui a été martyrisé, c'est l'idée que vous incarnez de la liberté à travers le monde et les 3 000 morts que vous pleurez encore.
Je voudrais vous dire que pour le peuple français, ils sont aussi nos morts. Parce que ce qui vous est arrivé, aurait pu nous arriver. Parce que nous partageons la même idée de la liberté. Et c'est pour cela qu'il faut célébrer les anniversaires, pour que les plus jeunes sachent ce qui s'est passé, pour que personne n'oublie ce qui s'est passé et que pour vous, grand peuple d'Amérique, vous continuez à incarner cette idée de la liberté.
Et vous savez, on a commencé le siècle avec la tragédie de New York, mais aujourd'hui, nous connaissons l'appel à la liberté des peuples arabes. Et encore cette statue, elle parle. Elle parle aux jeunes de Libye, elle parle aux jeunes de Tunisie, elle parle aux jeunes d'Egypte. Cette statue donnée par la France au grand peuple américain, elle peut être la statue de tous ceux qui à travers le monde préfèrent la liberté à la dictature. Ce n'est pas simplement une statue, c'est une idée et ce qu'ils ont voulu dire les Français et les Américains, c'est que cette idée de liberté, elle n'est pas simplement pour les Américains, elle n'est pas simplement pour les Français, elle l'est pour tous les peuples du monde.
D'ailleurs, M. le Maire, 50 millions de visiteurs par an pour la Statue. Ils viennent du monde entier. Quand ils reviennent chez eux, ils disent « j'ai vu la Statue de la Liberté et je la veux aussi pour chez moi ».
Je crois vraiment, je voudrais terminer par cela, que, les Français et les Américains, nous avons une responsabilité particulière, montrer que la liberté est pour tout le monde. Ne jamais combattre les adversaires de la liberté avec les méthodes des adversaires de la liberté. Défendre nos valeurs, rester ouverts, tolérants, la main tendue, rester deux peuples qui veulent vivre en paix avec les autres, prêts à défendre leurs valeurs, mais avec les convictions qui sont les nôtres.
Vous savez, les Français et les Américains, nous sommes engagés dans bien des conflits ensemble : en Afghanistan, en Libye. Mais, grand peuple d'Amérique, quand un jeune Américain meurt, je veux que vous sachiez que pour chaque Français, cela lui rappelle tous ces jeunes Américains qui reposent dans nos cimetières. Quand l'un des vôtres est tué, cela fait écho à notre histoire commune : à ces jeunes qui étaient vos grands-parents que vous nous avez envoyés, qui sont morts, qui sont dans nos cimetières et qui ont fait ce pacte du sang entre les Etats-Unis d'Amérique et la France. C'est pour cela, M. le Maire, que c'était le devoir du chef de l'Etat français d'être ici avec vous pour ce 125e anniversaire.
Mes chers amis,
Croyez à une chose : le peuple de France n'oubliera jamais ce qu'a fait le grand peuple d'Amérique pour lui. Entre la France et les Etats-Unis, c'est plus que de l'amitié, nous avons nos morts en commun. Et nos morts, ils nous obligent, ils nous obligent à rester des amis pour les siècles qui viennent.
Je vous remercie.