17 février 2010 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur l'action des Martiniquais et Guadeloupéens face au tremblement de terre à Haïti, à l'Aéroport Aimé Césaire le 17 février 2010.

Monsieur le Préfet,
Amiral,
Mes Chers Compatriotes,
Haïti vient d'être frappé par l'un des pires séismes de son histoire, une catastrophe qui a plongé tout un peuple dans le chaos, une catastrophe qui nous a tous bouleversés. C'est un pays frère, pays proche de la France par l'histoire, la langue et la culture, un pays parmi les plus pauvres du monde, qui vient d'être cruellement frappé.
Je ne peux commencer sans exprimer ma plus profonde sympathie pour les familles et les proches de ceux de nos compatriotes qui ont disparu dans cette catastrophe. Qu'il me soit permis d'avoir une pensée particulière pour nos deux gendarmes qui ont péri là-bas, alors qu'ils étaient en mission pour l'ONU.
Dès le 13 janvier à 14h, vous, Martiniquais, Guadeloupéens, vous avez été le premier détachement de la sécurité civile à poser le pied sur le sol de Port-au-Prince.
Sur place, grâce à votre action opiniâtre, 16 personnes ensevelies ont pu être retirées des décombres. 11 000 consultations ont été réalisées dans les hôpitaux où les équipes médicales de sapeurs-pompiers français. 1 000 interventions chirurgicales, 2 000 hospitalisations ont été effectuées. Votre travail témoigne d'un engagement hors du commun.
Au même moment, les services de l'Etat se mobilisaient, ici, au sein de la cellule de crise mise en place par la préfecture, et je remercie notre préfet. Dans la nuit du 13 au 14 janvier, la préfecture, la police, la gendarmerie, les pompiers, les établissements hospitaliers s'organisaient pour permettre l'accueil, au petit matin, de nos premiers compatriotes évacués du chaos de Port-au-Prince.
Au total, ce sont près d'une centaine d'agents de l'Etat, appuyés par des bénévoles des associations de secouristes, qui se sont relayés pour accueillir en Martinique et en Guadeloupe 2.700 personnes, dont 250 blessés. 372 enfants haïtiens adoptés ont transité par vos deux îles avant de rejoindre leurs parents adoptifs.
Ces opérations n'auraient pas été possibles sans l'engagement des moyens militaires. Dès le lendemain du séisme, trois avions de l'escadron de transport acheminaient les premiers secours depuis la Martinique. Aussitôt, ils ont reçu le renfort de trois avions supplémentaires venus de métropole. Les marins du " Francis Garnier " ont appareillé deux jours plus tard avec du fret grâce au travail acharné de la base navale. Puis, le Siroco, bâtiment de la Marine nationale, est venu les renforcer avec ses hélicoptères, ses deux blocs opératoires et du fret humanitaire. Je veux remercier nos militaires, qui ont joué un rôle crucial.
Je voudrais dire un mot tout particulier de l'action de nos jeunes du Service militaire adapté. Votre générosité, votre efficacité et votre professionnalisme ont forcé l'admiration de tous. Votre maîtrise du créole vous a en outre permis d'intervenir là où d'autres auraient été ralentis.
Je viens d'annoncer, en Haïti, que 150 d'entre vous retourneront prochainement sur le terrain pour contribuer à l'effort de reconstruction.
Mais je souhaite également, Mes Chers Compatriotes, rendre hommage à la mobilisation de la société civile martiniquaise et guadeloupéenne, dans un élan de générosité à la mesure de la catastrophe. Je n'oublie pas non plus l'implication de nos compatriotes guyanais. Tous les acteurs économiques, les collectivités territoriales, les associations, tous ceux qui ont participé à la collecte des dons, à leur conditionnement, à leur chargement à bord des avions et des navires en partance pour Haïti. 2 000 tonnes de fret humanitaire, collectées en Martinique et en Guadeloupe ont ainsi été envoyées en Haïti, témoignant de l'extraordinaire solidarité qui unit toutes les îles de la Caraïbe.
C'est pour cela que j'ai tenu, en revenant d'Haïti, à ce que mes premiers mots soient pour vous tous. Je souhaitais que la République française, par mon intermédiaire, vous exprime sa gratitude et vous rende à chacun d'entre vous le juste hommage qui vous est dû. Votre exemple, Mes Chers Compatriotes, montre à quel point les outre-mers sont une composante stratégique du rayonnement de la France dans le monde, un point d'appui essentiel pour le déploiement de la solidarité et de la générosité de notre Nation.
La Martinique et la Guadeloupe ont été exemplaires. En tant que chef de l'Etat, mon devoir était de le souligner et de vous remercier. Et sachez que ces remerciements viennent du fond de mon coeur, bouleversé que j'ai été par les images que j'ai vues en Haïti. Vous avez bien agi, vous avez agi avec coeur. Vous avez démontré la générosité des Martiniquais et des Guadeloupéens. A tous, fonctionnaires de l'Etat, militaires, bénévoles, élus, soyez assuré de la gratitude de la Nation. Vous avez dignement représenté la République française. Vous avez fait votre devoir mais vous l'avez fait avec un coeur et un dévouement qui ont fait la fierté des Français. Je tenais à vous le dire. Et je veux que chacun garde ces mots en sa mémoire.
Je vous remercie.