6 janvier 2009 - Seul le prononcé fait foi

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Déclarations conjointes à la presse de MM. Nicolas Sarkozy, Président de la République, et Mohamed Hosni Moubarak, Président de la République arabe d'Egypte, sur les efforts en faveur du réglement du conflit à Gaza entre Israël et le Hamas, à Charm El-Cheikh le 6 janvier 2009.

M. MOHAMED HOSNI MOUBARAK - J'exprime mon estime pour les discussions que nous avons eues ensemble hier et aujourd'hui. La situation est extrêmement dangereuse dans la bande de Gaza. J'ai passé en revue avec le Président Sarkozy les efforts déployés par l'Egypte et sa vision pour contenir la situation. De son côté, il m'a informé de ses consultations hier en Israël. En raison de la situation détériorée à Gaza, pour la deuxième semaine, marquée par des agressions israéliennes continues, des destructions et des pertes humaines, et visant des civils innocents, ce qui a conduit à une montée des tensions et menace la stabilité de la région. L'Egypte, qui a ouvert la porte de la paix au Proche-Orient et a parrainé la cause palestinienne pendant 60 ans, ne peut absolument pas accepter la situation actuelle avec la persistance de la position des deux parties, israélienne et palestinienne, et les tergiversations du Conseil de sécurité qui doit assumer ses responsabilités.
L'Egypte a poursuivi ses efforts depuis le premier jour de l'agression. Aujourd'hui, je lance une initiative précise afin de contenir la situation. Elle est fondée sur les éléments suivants :
Premièrement, l'acceptation par Israël et les factions palestiniennes d'un cessez-le-feu immédiat pour une durée déterminée, ce qui permettra d'ouvrir des passages sécurisés afin de faire acheminer l'aide humanitaire à la population de la bande de Gaza et ce qui permettra également à l'Egypte de poursuivre son action afin de parvenir une cessation globale des hostilités.
Deuxièmement, l'Egypte appelle les deux parties, palestinienne et israélienne, à une réunion urgente afin de parvenir aux arrangements et garanties susceptibles d'éviter la répétition de l'escalade et de régler les causes d'une telle escalade, y compris la sécurisation des frontières, ce qui garantira la réouverture des points de passage et la levée du blocus. L'Egypte est disposée à discuter avec les deux parties, palestinienne et israélienne, et aussi avec l'Union européenne ainsi que les autres parties, dont le Quartet.
Troisièmement, l'Egypte renouvelle son appel à l'Autorité palestinienne ainsi qu'à toutes les autres factions palestiniennes à répondre positivement aux efforts égyptiens afin de réaliser l'entente interpalestinienne, qui est une nécessité pour faire face au défi auquel est confronté le peuple palestinien et qui menace la cause palestinienne dans ces circonstances dangereuses actuelles et dans l'avenir.
L'Egypte, en lançant cette initiative, assume ses responsabilités. Elle s'attend à ce que les parties israélienne et palestinienne, ainsi que toutes les parties régionales et internationales, assument également leurs responsabilités afin d'éviter l'effusion de sang et de faire revivre l'espoir de paix.
J'exprime à nouveau la bienvenue au Président Sarkozy et je l'invite à prendre la parole.
LE PRESIDENT - Mesdames et Messieurs,
C'est un moment très important dans le conflit que nous sommes en train de vivre. Je voudrais remercier très chaleureusement le raïs Moubarak d'avoir accepté cette nouvelle et longue réunion de travail. Qu'il me soit permis non pas de commenter ce qu'a dit le Président Moubarak, mais peut-être d'éclairer certains points qui ont fait l'objet de nos discussions. Le Président Moubarak invite sans délai, notamment la partie israélienne, à venir discuter de la sécurité aux frontières £ sans délai, c est peut-être dans les heures qui viennent.
Deuxièmement, le Président Moubarak indique qu'il faut que les tirs de roquettes cessent.
Troisièmement, j'ai eu le Premier ministre d'Israël Ehud Olmert pour l'informer de l'initiative qu'a prise le Président Moubarak après nos discussions. Il ne tardera pas à réagir. J'ai des éléments très précis qui me permettent de dire qu'une délégation israélienne rencontrera une délégation égyptienne sans délai pour parler de ces questions de sécurité. Je crois savoir qu'un collaborateur du Président Moubarak a eu le Président Abou Mazen pour que les dirigeants palestiniens soient informés et que, de ce côté-là, aussi, tout ceci est positif. J'ai bon espoir que la réaction des autorités israéliennes permettra d'envisager de mettre un terme à l'opération qu'ils ont engagée sur Gaza, c'est-à-dire pas seulement un cessez-le-feu, mais un retrait. La proposition égyptienne a ceci d'important : c'est que personne n'est humilié, personne ne perd la face, que ce n'est pas un retour au « statu quo ante » puisque les Egyptiens sont prêts à travailler sur la sécurité aux frontières, puisque qu'une pression est faite pour qu'il n'y ait plus de roquettes qui partent de Gaza, de façon à ce que les images abominables que nous avons encore vues aujourd'hui ne se reproduisent plus.
Voilà l'initiative qui a été prise par le Président Moubarak. Je voudrais le remercier et, bien sûr, lui et moi, nous informerons les dirigeants des différentes capitales que j'ai rencontrés du détail de ce qui a été proposé et discuté ce soir entre le Président Moubarak et moi. Chacun a sa manière de parler, mais l'objectif, c'est qu'il y ait une réunion, que les Israéliens comprennent que leur sécurité ne dépend pas de l'opération qu'ils mènent à Gaza aujourd'hui, mais de discussions qu'ils peuvent avoir sur la sécurité aux frontières et que chacun comprenne que les interventions de l'armée israélienne à Gaza ne peuvent contenter personne, ne peuvent conduire qu'à une impasse.
Vous savez que je suis très attaché à la défense et à la sécurité d'Israël. Par une discussion avec les Egyptiens, ils peuvent obtenir des résultats, notamment sur la contrebande des armes. Mais il faut que cela cesse, il faut que les victimes civiles s'arrêtent, il faut que les armes se taisent. J'ajoute que la France, en tant que Présidente du Conseil de sécurité - j'ai eu Bernard Kouchner au téléphone - , demandera à ce que tant que les discussions ont lieu entre les parties concernées, on ne se hâte pas d'obtenir une résolution qui compliquerait la tâche. C'est une chose que j'ai indiquée au Premier ministre Olmert il y a quelques minutes comme je l'avais déjà évoqué avec lui.
Ecoutez, c'est la première fois - je ne peux pas dire une « bonne nouvelle », parce qu'il est trop tôt - mais qu'un petit espoir naît grâce à l'Egypte et grâce au Président Moubarak que je voudrais remercier une nouvelle fois.
Javier Solana, que je veux saluer et remercier, restera dans la région. Il partira demain en Israël - je l'ai également annoncé au Président Olmert, - rencontrera un certain nombre de dirigeants et, bien sûr, l'Europe est à la disposition des différents protagonistes pour aider d'une manière ou d'une autre, afin que les armes se taisent. Voilà l'ambition qui est celle du Sommet de Charm El-Cheikh.