13 juillet 2008 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur l'Union pour la Méditerranée, à Paris le 13 juillet 2008.

Mesdames et Messieurs,
Ce n'est pas le moment des longs discours, ce n'est pas le moment des conclusions puisque les conclusions sur ce que nous avons décidé de faire, on les constatera année après année. Mais c'est certainement le moment des remerciements. Je voudrais vous dire combien j'ai conscience, ce soir, d'être aux côtés de femmes et d'hommes courageux. Et le courage, c'est peut-être ce qui a manqué le plus au monde ces dernières années. Il faut du courage pour réfléchir au fait que nous sommes au XXIe siècle et pas au XXe siècle. Et au XXIe siècle, on se dote des institutions de notre siècle, pas du siècle passé.
Je voudrais remercier mes amis de l'Europe d'abord. Les pays riverains de la Méditerranée pour leur ouverture d'esprit et je veux d'abord dire mon amitié au Premier ministre d'Espagne qui a eu la générosité et l'intelligence de comprendre que l'avenir du Processus de Barcelone, c'était de le transformer pour que ce processus initié à Barcelone porte tous ses fruits et non pas de le garder frileusement. Je voudrais dire à mes amis européens non riverains de la Méditerranée comme le Royaume-Uni, comme la Suède, comme les pays du Nord, comme le Danemark, que je les remercie de leur générosité d'avoir compris que l'immigration, que le terrorisme, que la sécurité ne s'arrêtaient pas aux seuls pays riverains de la Méditerranée. Je veux tout particulièrement dire à Angela ma reconnaissance pour ce que nous avons décidé ensemble à Hanovre. Comprendre que toute l'Europe était plus forte au service du développement de toute la Méditerranée.
Je voudrais remercier le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, pas simplement parce qu'il a la main sur l'argent, mais aussi parce qu'il a joué le jeu avec intelligence et avec ouverture. Je veux remercier le président du Parlement européen, président des Parlements de la Méditerranée de nous apporter le souci de la démocratie parlementaire et des Droits de l'Homme.
Je veux remercier l'ensemble des pays arabes ici présents. Je veux les remercier d'avoir compris que les Etats-Unis jouent un rôle essentiel dans le monde et que l'Europe pouvait jouer un rôle aussi parce que, maintenant, l'Europe voulait jouer ce rôle. L'Europe veut se mettre au service de la paix, l'Europe ne veut pas remplacer les Etats-Unis, l'Europe est amie des Etats-Unis. Mais l'Europe veut apporter ce qu'elle représente en puissance économique, en volonté politique, en moyens militaires également pour vous apporter les garanties dont vous avez besoin, vous, les pays arabes, dans votre multiplicité, dans votre diversité.
Je veux remercier l'Emir du Qatar qui vient représenter les pays du Golfe. Je veux remercier le président du Liban, le général Sleimane, et lui dire combien on a attendu son élection et tout ce que cela représente pour nous d'avoir le président d'un Etat indépendant ici.
Je veux remercier le président Bouteflika en face de moi et lui dire qu'il est - il ne m'en voudra pas - toujours aussi jeune mais il a en même temps la mémoire du XXe siècle, lui qui les a tous connus. Je sais qu'il a réfléchi jusqu'au dernier moment avant de venir. C'est pour cela qu'on l'a mis à côté de Silvio Berlusconi, au cas où il aurait envie de partir.
Je voudrais remercier le président Bachar Al Assad de ce qu'il a dit, des engagements qu'il a pris et de l'acceptation qui a été la sienne de notre invitation.
Je veux remercier l'ensemble des pays arabes d'avoir compris que dans le cadre du Sommet de la Méditerranée, il fallait avoir le courage d'accepter tous les pays de la Méditerranée.
Je veux remercier les représentants du gouvernement israélien d'être ici. Je veux remercier la Ligue arabe d'être membre. Je veux que chacun comprenne que ce n'est pas en continuant à se détester, à se haïr et à faire la guerre qu'on construira un avenir pour les peuples que nous avons la charge de représenter.
Je veux les remercier d'avoir mis de côté, pour quelques heures, les opinions publiques, les préventions, les habitudes pour être autour de la même table. Dans cette salle de conférence, il n'y avait pas plusieurs tables, il n'y avait qu'une seule table et il y avait des êtres humains, avec leurs difficultés, en charge de la paix et du développement.
Je veux remercier le Premier ministre turc d'avoir accepté de venir. Je veux remercier le Premier ministre de Grèce d'être ici. Je veux dire que nous sommes une grande famille et que, peut-être, nous avons connu dans le passé tant de guerres, ce n'est pas parce que nous sommes différents, c'est parce que nous sommes semblables et peut-être trop semblables.
Je voudrais terminer en vous disant une chose : la génération qui nous a précédés a su faire la paix en Europe, la génération qui est au pouvoir, c'est la nôtre, est-ce que nous saurons faire la paix en Méditerranée ? C'est la seule chose qui comptera une fois que l'on aura commencé à se reposer, nos enfants nous demanderons : "est-ce que vous avez fait la paix ou est-ce que vous avez continué à faire la guerre ?". Ceux qui nous ont précédés ont su faire la paix, il n'y a aucune raison que nous, nous ne sachions pas faire la paix. Il faut plus de courage pour faire la paix que pour faire la guerre. Je voudrais dire au frère du Roi du Maroc, avec les responsabilités qui sont les siennes, combien nous sommes heureux de l'avoir parmi nous.
Mesdames et Messieurs,
C'est un grand espoir que nous avons commencé à faire naître, tous, à notre place. Cet espoir, on n'a pas le droit de le décevoir. Cet espoir, il porte un nom, la paix, la paix et encore la paix. Cela c'est la feuille de route pour chacun d'entre nous. Si l'on réussit, tous, on aura gagné. Et si l'on échoue, tous, on aura perdu. C'est vous dire combien, avec mon épouse, Carla, on est honoré, on est heureux de vous recevoir, de vous recevoir comme des gens courageux, comme des amis et il n'y a pas de différence ici. Tous ceux qui sont ici sont des femmes et des hommes de bonne volonté. Je garderai dans mon coeur, bien longtemps après, quand je ne serai plus président de la République française, le souvenir de cette soirée, une soirée mise au service de la paix.
Je vous remercie.