16 septembre 1992 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Mitterrand, Président de la République, à sa sortie de l'hôpital Cochin, Paris le 16 septembre 1992.

QUESTION.- Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris votre maladie ?
- LE PRESIDENT.- J'ai été très bien soigné, dans un milieu très sympathique mais je ne pouvais pas être assez ignorant pour ne pas savoir que dans ce genre de maladie, ça arrive une fois sur deux - enfin peut-être pas une fois sur deux - mais très souvent.
- QUESTION.- Et vous êtes en forme ? Vous vous sentez bien ?
- LE PRESIDENT.- Ce sera à vous d'apprécier.
- QUESTION.- Monsieur le Président, vous avez souhaité toujours beaucoup de transparence autour de votre état de santé. Est-ce que vous pensez aujourd'hui continuer votre activité ou avez-vous songé à l'abandonner, à démissionner ?
- LE PRESIDENT.- Non, je n'y ai pas encore songé. Non. Il n'y a pas de raison. Je ne pense pas qu'on m'ait enlevé un lobe du cerveau car ce n'est pas de côté-là que ça s'est passé.
- QUESTION.- Monsieur le Président, à quatre jours du référendum comme je pense que vous avez suivi la campagne dpeuis votre lit d'hôpital, est-ce que vous avez une appréciation sur l'issue du suffrage et comment est-ce que vous voyez les choses ?
- LE PRESIDENT.- Je n'ai pas d'appréciation. Je souhaite très vivement que les Français dans leur majorité optent pour le oui parce que pour moi, dans mon esprit, dans ma conviction, le sort de la France ne peut que s'en trouver grandi et l'Europe, c'est intéressant. C'est tout ce que je peux dire, je ne peux rien vous dire d'autre, mais je ne suis pas venu vous parler politique en cet instant bien que, j'ai bien l'intention d'en parler de temps à autre.\
QUESTION.- Vous comptez reprendre vos activités quand, monsieur le Président ?
- LE PRESIDENT.- Je vais à l'Elysée maintenant. Je vais me reposer un peu et je pense que dès le début de la semaine prochaine, enfin à partir du conseil des ministres de mercredi, je reprendrai normalement.
- QUESTION.- Et vous savez quand vous réagirez au résultat du référendum, vous avez dit dans les 24 heures ?
- LE PRESIDENT.- J'ai dit ça ? Oui ?
- QUESTION.- Je crois. Oui.
- LE PRESIDENT.- Eh bien, je réagirai dans les 24 heures.
- QUESTION.- Vous n'avez toujours rien arrêté, est-ce que vous avez eu le temps de réfléchir ?
- LE PRESIDENT.- Arrêté quoi ?
- QUESTION.- Je ne sais pas...
- LE PRESIDENT.- Moi, je vote tout seul, j'irai voter à Château-Chinon. Je n'entraîne que mon vote. C'est aux Français de décider maintenant. Je crois que c'est une grande épreuve de démocratie. Vous ne croyez pas ?
- QUESTION.- Est-ce que l'on peut vous demander ce que vous avez fait ? Est-ce que vous avez eu le temps de travailler ? Est-ce que vous avez eu le temps de lire ?
- LE PRESIDENT.- J'ai lu quelques journaux. J'ai lu un livre. Et le reste du temps, j'ai regardé le ciel plutôt. Je tiens simplement à vous dire que dans la hiérarchie des choses agréables, cela ne vient pas au premier rang. Il y a une grande compensation, c'est que l'on trouve une qualité humaine, une possibilité de conversation, un soin professionnel et psychologique formidables. Je suis très pour Cochin même si je n'ai pas l'intention de m'y installer.
- QUESTION.- Et vous réagissez bien à la maladie au fond ?
- LE PRESIDENT.- Comment voulez-vous que je fasse, je pense que c'est un combat honorable à mener contre soi-même.
- QUESTION.- Monsieur le Président, vous nous avez parlé de convalescence jusqu'à dimanche, est-ce que vous pensez que si vous allez à l'Elysée, ce sera une vrai convalescence ?
- LE PRESIDENT.- Oh, l'Elysée est bien tenu, vous savez. Je serai là-bas, je travaillerai un peu quand même, j'ai déjà éclusé une partie du courrier tout à l'heure. Et puis dimanche, ça va être une journée de vacances grâce au référendum, je serai donc à Château-Chinon. Lundi et mardi, ce sera un peu en demi-teinte et mercredi, si tout va bien, il n'y a aucune raison que ça aille mal, je serai au conseil des ministres.
- QUESTION.- Merci en tout cas.
- LE PRESIDENT.- Vous avez attendu beaucoup j'imagine ?
- QUESTION.- Oui, monsieur le Président.
- LE PRESIDENT.- Oui, mais comment vouliez-vous que je fasse, vous vouliez que je vienne plus tôt ?
- QUESTION.- Merci, merci d'être en pleine forme.
- LE PRESIDENT.- Au total, je suis prêt dans un délai très bref. Au revoir.\