16 octobre 1985 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, devant la communauté française à Rio de Janeiro, mercredi 16 octobre 1985.

Mes chers compatriotes,
- Je dois d'abord excuser ce retard. La journée n'a pas été interrompue, beaucoup de choses étaient à faire, d'autres s'y sont ajoutées de telle sorte que vous voyant si nombreux j'éprouve quelques regrets à vous avoir exposé à cette attente qui devait être fatigante.
- Je suis très heureux de me trouver parmi vous ce soir à Rio, vous êtes nombreux venus de cette ville ou d'un peu plus loin en cette circonstance assez rare.
- J'ai déjà eu l'occasion de voir quelques-uns d'entre vous, du moins je reconnais quelques visages et tous ensemble ce soir et de cette façon c'est pour moi une excellente occasion de connaître mieux ceux qui, Français vivant très loin de leur pays, aiment à se retrouver sans pour autant se sentir en quoi que ce soit éloignés du pays ami où ils vivent.
- Qui êtes vous, eh bien des Français de toutes sortes, de toutes opinions, venus de toutes régions c'est-à-dire une image de la France dans sa diversité. Sans doute avez-vous de la France l'idée qu'on en a de plus loin quand on est attaché à un travail. Sans doute aime-t-on réussir pour soi même, pour la société ou l'entreprise qui vous emploie mais aussi en ayant le sentiment de faire avancer les affaires de la France. Je dois dire que dans un pays comme le Brésil, nombreux sont celles et ceux d'entre vous qui ont illustré notre pays même dans des domaines apparemment modestes, ils témoignent pour la France qui est un pays aimé et estimé. On n'a pas oublié au Brésil que des Français y vinrent tout à fait au début, y fondèrent plusieurs villes et dès le point de départ imprimèrent une certaine forme de culture, la leur, l'âme même de ce peuple. Aujourd'hui, il nous faut lutter pour préserver le rayonnement de notre langue et de notre culture et à ce point de vue vous êtes vous les pionniers, ceux qui sur place doivent entretenir ce que nous sommes. J'imagine que vous êtes assez nombreux ici à être membres de l'enseignement, à consacrer votre vie pour que se perpétue, et s'accroisse le rayonnement de notre pays mais chacun d'entre vous dans son domaine administratif, affaire, industrie, de toutes sortes, vous êtes un peu nos délégués.\
Je vais rester un moment avec vous. Il est impossible de circuler parmi vous parce que je vois que la place manque plutôt, mais enfin on s'arrangera, on y arrivera.
- Je ne pourrais pas sans doute avoir de longues conversations avec chacun d'entre vous faute de temps et de moyens mais le peu que j'en saurai sera déjà fort important. Oui, comment vivez-vous, comment élevez-vous vos enfants, comment préservez-vous ce qui vous tient à coeur, comment vit-on au Brésil ? Vous êtes là tout de même dans un environnement ayant eu l'occasion d'aller dans pas mal d'endroits du monde, là je peux dire dans un environnement, dont la forme de langue romane, venue pour l'essentiel du Portugal, si proche de nous avec tout un certain nombre de caractères qui font que il est assez facile de se comprendre et de se connaître mais malgré tout il faut faire un long chemin pour venir jusqu'ici même avec la rapidité des transports et peu à peu j'imagine que vous devez avoir besoin de retrouver quelque chose de votre pays.
- Quels sont vos soucis matériels ? C'est très différent me direz-vous, nous ne sommes pas dans le même cas. C'est vrai, vous n'êtes pas dans le même cas mais malgré tout, il est quelques domaines qui se retrouvent toujours. J'ai parlé de l'éducation des enfants c'est vrai quand on est comme l'on dit à l'étranger, les Français de l'étranger, comment faire pour que ces enfants puissent être éduqués comme l'on souhaite qu'ils le soient, c'est-à-dire dans une certaine forme de tradition française. Ici encore je sais que l'enseignement, les écoles, la langue française, tout est actif, tout est vivant, tout cela est présent. Mais malgré tout certains sont là depuis très longtemps. Une religieuse à l'instant me disait qu'elle était là depuis plus de cinquante ans. D'autres sont presque de passage, arrivés pour le temps d'un contrat mais tous vous êtes des Français de l'extérieur et moi j'éprouve le besoin de venir à vous, peut-être de mieux comprendre ce que vous êtes et ce que vous souhaitez.\
Je suis venu faire un voyage de cinq jours au Brésil, puis de deux jours en Colombie en compagnie de ma femme qui est là, et de plusieurs ministres dont deux sur trois sont présents, M. Roland Dumas, ministre des relations extérieures et Mme Georgina Dufoix, ministre des affaires sociales, M. Jack Lang est quelque part par là, je pense qu'on le retrouvera d'ici demain.
- Je ne vais pas vous en dire davantage du moins pour l'instant. En France aussi on travaille, on veut que notre pays parmi les grands pays du monde tienne son rôle aussi bien par ses progrès à l'intérieur, par la diffusion de ses idées et de sa présence au dehors. On ne fait pas la France sans les Français, c'est vous, c'est moi aussi, c'est nous tous ensemble.
- Je vous souhaite réussite dans vos entreprises, succès, je vous souhaite équilibre et bonne santé dans votre vie personnelle et dans votre vie familiale. Il y a toujours un moment où quand le chef de l'Etat ou de la République française rencontre ses concitoyens il entre un élément officiel bien entendu. Ici, monsieur l'ambassadeur ce sera une Marseillaise ? Oui, vous allez l'écouter comme moi.
- Laissez-moi vous dire combien je suis sensible au fait que vous soyez ici présents comme vous l'êtes, dans un très bel hôtel mais d'une façon qui, pour vous, n'est pas très confortable, debout par une journée et une soirée chaudes. Enfin, vous êtes un peu habitués si j'ose dire.
- Les voeux que je forme pour notre pays, je veux que vous en soyez vous-mêmes les porteurs, les interprêtes et l'expression. Il m'est très facile mesdames et messieurs, mes chers compatriotes de vous dire pour terminer avant je le répète de rester un bon moment parmi vous de vous dire :
- Vive la République,
- Vive la France.\