20 mars 1985 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion de la remise du Prix 1984 de la productique, Paris, Palais de L'Élysée, mercredi 20 mars 1985.

Vous le voyez, nous fêtons ce soir les lauréats du premier concours de productique organisé par le ministère de l'éducation nationale. Productique, mot étrange, qui désigne l'ensemble des technolgies qui servent à automatiser les processus de production. C'est dire, à l'heure qu'il est, le rôle qu'elle joue dans l'économie de l'avenir et déjà du présent.
- On m'a dit que jamais l'enseignement technique n'avait été avant ce soir invité ici-même. J'ai cherché les raisons de cette lacune, mais j'en retiens l'explication la plus simple : je pense que l'on comprend de mieux en mieux, en France, le rôle capital, pour notre économie et notre société, d'une formation technique de tous les élèves, dispensée depuis longtemps déjà dans de nombreux pays étrangers. La qualité des réalisations que vous m'avez présentées est sans doute exemplaire £ je vous en félicite - je m'adresse en même temps aux établissements, bien entendu, qui ont su vous préparer de telle façon.
- Ce qui me frappe d'abord, c'est qu'il s'agit d'oeuvres collectives. Vous avez constitué des équipes, appris à dialoguer, vous vous êtes réparti des tâches, vous avez tiré parti des spécialités de chacun, et puis vous avez fixé des objectifs, vous avez défini une stratégie et vous l'avez menée à son terme.
- La seconde originalité de vos travaux, c'est la relation constante établie avec la production. Ces systèmes automatisés, vous en avez entrepris la réalisation sur la base de cahiers des charges, en collaboration avec des entreprises de votre région, de votre ville. Alliance intime que nous avons souhaitée et qui permet de préparer la modernisation conjointe de l'école et de l'industrie, seule façon, croyez-moi, de garantir les emplois de demain.\
Les lauréats de ce soir viennent de toute la France, il suffit d'en faire la liste sur ces panneaux. Je m'en réjouis. Vous représentez six lycées de six régions différentes, et j'ai plaisir à constater que plusieurs de nos provinces sont ainsi à l'honneur : le Midi, avec le lycée du Rempart à Marseille, le Limousin avec le lycée d'Egletons, les pays de Loire avec le lycée de Tours, la Picardie avec le lycée de Saint-Quentin, l'Alsace avec le lycée de Colmar, la Normandie avec le lycée de Dieppe. Peut-être un regret : parmi tous ces lauréats je n'ai aperçu aucune jeune fille £ c'est dommage, pour tout le monde. La technologie n'est pas un monopole masculin. Souhaitons que le prochain concours nous donne la preuve d'une orientation plus équilibrée dans les choix de carrière.
- Vous avez maintenant terminé votre scolarité. Vous avez obtenu de bons diplômes, de bonnes qualifications. Vous avez réalisé des travaux remarquables, et qui ont été remarqués, et même distingués, parmi plus de cent projets. Vous vous préparez à entrer dans la vie active, peut-être travaillez-vous déjà. Je vous souhaite de trouver dans ce travail les vraies richesses d'un accomplissement personnel.
- Pour conclure, je dirai que c'est d'un bon exemple pour le pays tout entier que de voir des industriels à la tâche ayant déjà une riche expérience, qui cherchent, qui veulent que l'entreprise soit de plus en plus en mesure de supporter la compétition mondiale. Et d'autre part ces jeunes ne seraient pas ce qu'il sont sans celles et ceux qui les enseignent, sans les directeurs d'établissements, porteurs de symbiose de l'entreprise et de l'école, de l'expérience et des débuts dans la vie, chacun apportant ses qualités. C'est comme cela que nous commençons à construire un pays moderne qui sera capable, dans les années prochaines, de supporter toutes les comparaisons dans les voies qu'il aura choisies. Il faut que ce choix soit vaste et il le sera je le constate en regardant le -fruit de vos travaux. Merci, merci au nom du pays, et bonne chance.\