8 février 1985 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'hôtel de ville de Roye, vendredi 8 février 1985.

Monsieur le maire,
- Mesdames et messieurs,
- Je me réjouis de me trouver dans cette commune parce qu'elle est très typique de ce pays et elle est même très typique de la France, de la France telle qu'elle s'est dévoloppée à travers le temps. Cette population qui reste, en effet, a une dimension conforme à ce que les temps ont produit depuis l'ère industrielle et qui reste, cpendant, dans sa vaste campagne très significative du point de rencontre de deux formes de civilisations. Et puis Roye est inscrite comme vous venez de le rappeler, monsieur le maire, dans l'histoire de notre pays. On dira que ce ne sont pas des faits extraordinaires mais tout de même ce pays était aux frontières jusqu'à ce que l'unité nationale se soit affermie dans cette partie du nord de l'Ile-de-France.
- D'autant plus que j'ai pu vous rencontrer dans un passé assez récent, car le maire de Roye fait partie de cette génération d'élus de la nation qui marque bien une forte transition dans la vie de la République et dans ses préoccupations où se mêlent, dans une symbiose indispensable, l'économique et le social sans oublier le culturel.
- Avant de venir ici, bien entendu, j'ai consulté les dossiers qui avaient été préparés à mon intention, et j'ai vu que vous affrontiez comme beaucoup d'autres une situation difficile mais vous l'abordez avec courage et détermination. Les chances de Roye s'affirment, même si le flot de la crise a déjà dépassé le temps où il battait à vos portes. Vos traditions ouvrières sont puissantes. Elles s'inscrivent autour de quelques industries typiques. Comme je le disais tout à l'heure, symbiose entre la France de toujours essentiellement rurale et celle d'aujourd'hui qui entre de plain-pied dans l'ère industrielle, et nous y contribuons, et nous essayons de balayer les hésitations, les peurs, les craintes, les refus. C'est la troisième révolution industrielle, celle qui a voulu qu'en l'espace de près de deux cents ans, la France soit enfin mise en mesure de gagner certains points essentiels de la bataille industrielle.\
Je suis déjà venu à Roye. C'est la première fois que j'y viens à titre officiel. Pour moi cela ne change pas grand chose, sinon que je verrai peut-être un peu moins de choses cette fois-ci que l'autre fois, mais cela est dû à un certain protocole, à des obligations, tout un cérémonial auquel il m'est difficile d'échapper, et après tout pourquoi y échapper ? Il est important que d'une façon officielle, le chef de l'Etat puisse visiter et connaître la France. C'est aussi un aspect des choses qui n'est pas négligeable.
- Je suis très sensible à l'accueil de la population, ici sur cette place par ce temps un peu difficile qui, je l'espère, ne m'a pas été réservé... Je pense qu'il pleut même quand je ne suis pas là...
- Je remercie monsieur le député-maire, et vous, mesdames et messieurs les membres du conseil municipal et vous, mesdames et messieurs, qui vous êtes déplacés dans cette salle de l'hôtel de ville. C'est pour moi toujours très important que de bénéficier des conseils, des avis, de l'expression des opinions, dans ce kaléidoscope qu'est la France où s'entremêlent - c'est çà le pluralisme - les opinions, les passions, les intérêts. Je suis là comme en un point central qui cherche à régler dans le sens de l'apaisement les tempêtes contradictoires, non que je n'aie moi-même mes propres opinions, mes préférences, mon souhait pour le devenir et le présent de notre société. Encore faut-il rechercher en toutes circonstances le dialogue et le préférer à l'affrontement, ce qui n'ôte rien à la fermeté dans les convictions, vous en êtes bien sûr, je suppose. Et les miennes, elles, sont les miennes, même si je n'entends les imposer à personne, j'entends aussi les défendre, ce qui fait partie de ma charge.
- Merci monsieur le député-maire pour votre accueil en cette salle de l'hôtel de ville. Vous êtes le premier ici à Roye pour représenter cette collectivité sur le -plan national. Je retrouve avec grand plaisir celles et ceux dont les pas ont déjà croisé les miens à travers ces années dernières £ je ne suis pas à la quête de souvenirs, pas du tout, mais quand je les rencontre je ne m'en plains pas. Je suis plutôt en quête du futur et j'essaie de le bâtir avec vous. Eh bien ! je crois qu'à Roye il existe assez d'énergie, de volonté, d'intelligence : ces qualités réunies feront la Picardie, feront la France, feront la France moderne à laquelle je m'applique. Vive Roye
- Vive la République
- Vive la France.\