30 juin 1984 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à Clamecy (Nièvre), samedi 30 juin 1984.

Monsieur le maire,
- Mesdames et messieurs,
- Je suis très heureux de me trouver ce matin parmi vous à Clamecy. A la fois, j'ai l'occasion de retrouver bien des visages connus, bien des amitiés ancienn es et qui le restent. Mais aussi je vois cette ville s'équiper, s'organiser, progresser en dépit des difficultés que vous avez soulignées, monsieur le maire, à l'instant. Ce qui prouve bien que vous mettez en pratique mes citations que vous venez de rappeler.
- En effet, Clamecy, depuis longtemps déjà, dans ses oeuvres industrielles, est menacée par l'inadaptation de nombreuses structures et il a fallu, et il vous faut encore constamment inventer des formules nouvelles pour permettre à une ville comme celle-ci dotée de travailleurs sérieux, compétents, qui aiment leur pays, qui aiment leur travail, d'avoir les moyens de persévérer.
- A cela, je suis attaché, comme vous-même. Des réalités économiques souvent s'imposent, mais aussi la volonté de l'homme, vous l'avez dit, permet de repartir chaque fois que le vieillissement abat ici ou là un pan de mur. Il est vrai que très souvent on doit constater une certaine incurie, une certaine façon d'oublier ses devoirs, de condamner les entreprises par la faute de ceux qui n'ont pas compris qu'ils devaient assurer la modernisation pour supporter la concurrence. De tout cela, il faut aujourd'hui se préoccuper et lorsqu'on dit, que ce sont les responsables dans une société comme la nôtre qui doivent d'abord faire l'effort qui convient, ils sont parfois surpris de constater que c'est du côté de l'Etat qu'on se retourne : l'Etat abhorré, l'Etat dénoncé, l'Etat que l'on accuse toujours de vouloir dépasser sa propre mesure ! Et voilà que c'est à lui qu'on dit "pourquoi ne faîtes vous pas ce qui nous permettrait de survivre", étant bien entendu que les intérêts, en la circonstance les intérêts privés, ont été garantis et bénéficieront de ce côté-là puisque c'est à l'Etat qu'on demande de payer les pertes...\
J'ai observé avec beaucoup d'intérêt aussi sur le -plan national que l'ensemble des entreprises, des sociétés qui ont rejoint le secteur public depuis 1981 sur la base de ce qui avait été annoncé, -ni plus ni moins, ni moins ni plus, c'est fait, c'est fait-, en dépit des difficultés que vous connaissez, la quasi totalité de ces groupes, avec des difficultés particulières et donc des retards pour la sidérurgie, connaîtront l'équilibre alors qu'en dehors de l'un d'entre eux, à la limite de deux, ils allaient vers le désastre. Eh bien, vous viviez vous-mêmes à votre façon avec des données naturellement plus simples, des interrogations de ce genre et la puissance publique se trouvera auprès de vous pour faire ce qu'elle doit faire. Elle, non plus, pas plus ici qu'ailleurs, ne pourra se substituer à cela près qu'elle peut davantage pour une ville comme celle-ci, insérer des possibilités de redressement dans une planification de développement industriel par la -nature même des industries qui sont ici. On n'y manquera pas.\
Quand à cette construction, dans un quartier nouveau que je ne connaissais pas, je vais participer à l'inauguration et au projet d'une première partie de ce quartier. Mais j'en ai constaté tout de suite le continuel développement. C'était important pour Clamecy qui est une des cités qui compte dans la Nièvre et qui ne disposait pas des équipements nécessaires. Il vous a fallu mobiliser des financements fort importants que la population a sans doute compris puisqu'elle vous a toujours répété sa confiance. Enfin, effort lourd qui vous permet cependant d'offrir à toutes les générations une façon de vivre, dont vous avez dit que c'était tout simplement vivre mieux, ce qui rejoint des thèmes que je connais bien. Cette grande salle nous change en effet.
- C'était même impressionnant de venir à Clamecy pour y trouver pratiquement des salles vieillottes et trop restreintes pour permettre à une population de 6000 habitants de s'épanouir comme il eût fallu. Maintenant c'est fait et je vous en félicité.
- Je dois vraiment adresser au maire, au conseil municipal, à la municipalité tout entière de cette ville, mes remerciements et l'expression de la gratitude à retardement que je dois à une circonscription que j'ai longtemps représentée, donc qui m'a fait confiance, et que je n'oublie pas à cela près qu'il ne m'est impossible de me substituer aux élus locaux -et un caractère déjà aussi national, dans la mesure où vous siégez au Parlement- mais dans la mesure où vous agissez, où vous innovez, où vous imaginez. Non seulement mon devoir mais aussi le goût que j'en ai, me conduit et me conduira à soutenir vos efforts.\
Nombreux sont ici les représentants de la puissance publique dont vous avez dit à l'instant, monsieur le maire, qu'ils avaient été compréhensifs et qu'ils avaient apporté l'indispensable connaissance technique et administrative hors de laquelle il serait impossible d'avancer. Je sais qu'ils sont animés par un esprit de travail et de réussite et je m'en réjouis, monsieur le Commissaire de la République. Vous le direz à chacun d'entre eux. C'est la preuve que l'on travaille dans la Nièvre. Quand on dit que l'on ne peut pas aller contre la crise, si. Simplement, il ne faut pas en attendre des résultats immédiats simplement parce qu'on l'a dit. Tout se démontre avec des faits et c'est sur les faits que l'on appréciera l'effort considérable de ce gouvernement et de l'ensemble des pouvoirs publics sur les faits, sur la réduction de tous les indices de crise qui ont prévalu depuis maintenant onze ans, secteur par secteur. Les Français sont de bonne foi et constateront que tous les paramètres du succès succèdent peu à peu aux paramètres de la crise. Mais dans l'intervalle, cela exige un effort. Cet effort est souvent dur à soutenir. Il exige aussi parfois des sacrifices et il nous est parfois difficile de répartir ces sacrifices en raison de la vétusté de cette société exactement comme la justice commanderait. Enfin, nous y veillons et de ce point de vue la politique sociale menée par un élu nivernais, nous permet de penser que nous y parviendrons.\
Voilà, je vais rester dans la Nièvre encore puisque j'irai rejoindre Corbigny pour le reste de ma journée. C'est pour moi une journée un peu de détente après une semaine, et même un mois de juin un peu chargé. Je connais assez les Nivernais, les Clamecycois, pour savoir comment ils sont faits.
- Il est difficile de trouver une ville, une région où l'on a autant de dons pour la constestation. Difficile même vous me permettrez d'entrer dans vos affaires, même d'un quartier à l'autre ! Mais en même temps quelle capacité de patience, de ténacité et finalement si on s'y met, si on le veut, de cohérence ! Et je dois dire qu'après avoir passé une longue partie de ma vie parmi eux, c'est de la gratitude que je vais exprimer, en même temps le sentiement qu'on peut toujours réussir avec eux. C'est ce que vous êtes en train de démontrer, monsieur le maire, et je vous en remercie.\