22 juin 1984 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, devant la communauté française à Moscou, vendredi 22 juin 1984.

Mesdames et messieurs,
- Mes chers compatriotes,
- Chaque fois qu'il m'est donné d'aller à l'étranger je rencontre les Français qui s'y trouvent, ceux qui veulent bien venir jusqu'à moi.
- Il en va de même aujourd'hui à Moscou, en raison même de l'importance que représente à mes yeux ce pays où vous êtes et donc du rôle - bien que vous soyez peu nombreux - que vous pouvez remplir au service de notre pays, par la connaissance, l'expérience que vous en avez. A cet égard, je pense que vous êtes toujours pour notre pays des Français capables de lui rendre les plus grands services, où que vous soyez.
- Vous êtes je crois environ 1500 en Union soviétique dont 500 - disons le tiers - résident à Moscou. J'imagine une certaine diversité de professions : certains sont dans les services diplomatiques ou dans l'enseignement, d'autres représentent les nombreuses sociétés qui ont des contrats en Union soviétique, ou représentent toutes les formes d'activités justifiées par nos échanges - qui ne sont pas assez importants mais qui ont le mérite d'exister.
- J'imagine aussi qu'il y a parmi vous quelques anciens qui se trouvent en situation mixte, d'origine à la fois russe et française. Tandis que la plupart sont venus pour des contrats plus brefs mais qui permettent cependant de connaître, d'apprécier et de rapporter en France, ensuite, une capacité de compréhension qui nous est fort utile.
- Pour vous comme pour les autres Français résidant dans d'autres pays, je sais bien quelle est la brève litanie des problèmes importants. J'ai constaté que le premier de ces problèmes c'était généralement l'éducation et l'enseignement des enfants. Assurément, on n'aime pas se séparer de ses enfants pour pouvoir leur permettre de poursuivre leurs études. Dans une ville comme celle-ci vous pouvez l'éviter - sur la surface du globe, ce n'est pas toujours le cas. Un autre problème se pose dans les pays où il existe une coopération : quelle sera la situation en rentrant ?
- Quant aux problèmes sociaux, nous n'allons pas nous attarder sur ce sujet. Simplement, pendant les quelques quarts d'heures qui vont suivre, j'espère pouvoir tenir avec vous quelque conversation particulière, même s'il s'agit de projection rapide, de quelques mots échangés. Les points de repère sont suffisants pour que j'ai une meilleure perception de votre façon de vivre et de vos préoccupations.
- Je vous répète à quel point je suis sensible à votre présence dont je vous remercie. C'est toujours pour moi utile et important, parce que vous êtes des Français loin de notre pays. A partir de là, quels que soient vos choix personnels - par -rapport à la politique intérieure de la France, cela m'est tout à fait indifférent - vous représentez une certaine façon d'être, une certaine façon de penser. Il se dégage forcément une certaine pensée commune, sans parler naturellement du sentiment avivé par l'éloignement des réalités nationales. Et à cet égard je tire le meilleur profit de ce type de rencontre.\
Enfin, sans trop m'attarder, je puis vous dire que je suis venu accompagné de quatre membres du gouvernement - M. Cheysson, ministre des relations extérieures, Mme Cresson, ministre du commerce extérieur, M. Fiterman, ministre des transports et M. Laurain, secrétaire d'Etat aux anciens combattants - et que je suis, comme vous, ici, reçu par M. l'ambassadeur de France `Claude Arnaud`.
- J'ajouterai que nombreux sont les hauts fonctionnaires qui ont contribué à l'organisation de ce voyage et que j'ai pu avoir des échanges de vues avec les plus hauts responsables de l'Union soviétique.
- Nous avons parlé franchement, la franchise permettant de mettre à nu les difficultés, lorsqu'il y en a, permettant aussi les rapprochements, lorsqu'ils sont possibles, le tout sur un fond historique qui perpétue la relation particulière entre la Russie, l'Union soviétique - même si ce n'est pas la même chose - et la France.
- La notion d'Union soviétique étendue à travers toute l'Europe et toute l'Asie prend une dimension considérable dont nous devons tenir le plus grand compte - et j'en tiens le plus grand compte -. Je m'efforce de perpétuer, en dépit de ce qui est dit ou de ce qui est cru, ce qui représente une relation cordiale historique - qui ne peut pas empêcher naturellement les contradictions qu'il faut bien gérer - en cherchant à percevoir le plus clairement possible les chemins de la paix et de l'entente internationale.
- J'ai rencontré tout à l'heure un certain nombre de lecteurs dans nos universités. C'était pour moi très intéressant de voir de quelle façon pouvait se propager ou se diversifier les moyens de notre présence culturelle. J'en tirerai aussi quelques observations utiles.
- Je n'ai rien d'autre à ajouter sinon pour me réjouir de vous avoir vu, en m'excusant du retard dû au fait que les conversations avec M. Gromyko, tout à l'heure, se sont un peu prolongées - ce qui marquait au demeurant leur intérêt - et vous dire tout simplement que je suis ici, comme Président de la République française, ce qui implique un certain nombre de devoirs pour moi, qui se résument en quelques mots très simples et banals mais qui ont gardé tout leur sens : "je suis au service de la République et au service de la France".\