28 septembre 1983 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, devant les fonctionnaires français des Nations unies, New York, mercredi 28 septembre 1983.

Mesdames,
- Messieurs,
- Mes chers compatriotes,
- Je vous prie de m'excuser pour ceux d'entre vous qui seront derrière moi, mais à défaut de voir ils entendront. Je suis très sensible à votre présence. J'ai souhaité vous rencontrer comme je le fais d'ailleurs ordinairement dans les pays étrangers où je me rends ou dans les institutions internationales : cela a été le cas récemment à Genève, où j'ai rencontré bon nombre de vos collègues, non seulement des institutions internationales, mais aussi de l'Organisation des Nations unies `ONU`. J'ai déjà eu l'occasion de leur dire un certain nombre de choses que je vous rappellerai ici.
- Je passe rapidement à New York, puis je repartirai dès demain matin, mais j'ai souhaité insérer dans cet emploi du temps assez strict, cette brève rencontre. Je n'ai pas l'ambition de traiter l'ensemble des problèmes de caractère professionnel, je m'en entretenais encore à l'instant avec l'ambassadeur de France auprès des Nations unies.\
Je sais que vous êtes souvent préoccupés par des problèmes de carrière. Vous pouvez vous inquiéter du nombre de Français, de leur présence dans cette institution, d'un éventuel tassement de ce nombre, des problèmes de promotion à l'intérieur de cette institution ... toutes choses réelles dont il faut se préoccuper. Je sais que vous êtes soucieux de l'éducation de vos enfants, il paraît que c'est très cher. Nous sommes tous d'accord pour estimer que si le dollar pouvait être moins cher, cela vaudrait mieux.
- Il y a aussi des aspects psychologiques ou moraux. Vous êtes ici des fonctionnaires, vous n'êtes pas des fonctionnaires français : vous êtes des Français, fonctionnaires, ailleurs. Mais il se lie naturellement pour quelques-uns d'entre vous, pas pour tous, des problèmes de fonction entre la carrière ici et la carrière en France, et tout ce qui organise une coupure entre les deux carrières est très gênant pour vous, y compris sur le -plan de vos droits sociaux. J'ai demandé au Premier ministre `Pierre Mauroy`, lorsque nous avons rencontré vos collègues de Genève, de s'en préoccuper. Je sais qu'il a écrit précisément à ce propos une lettre qui a dû parvenir à son destinataire, M. Perez de Cuellar `Secrétaire général de l'ONU`, il y a quatre jours. C'est dire que vous n'êtes pas absents de notre pensée sur ce -plan, ni sur les autres.
- Un délégué aux fonctionnaires internationaux `Jeanne Penaud` a d'ailleurs été nommé par le dernier Conseil des ministres car nous nous étions aperçus qu'en-raison de la dispersion de ces fonctionnaires dans de vastes institutions, plus personne ne finissait par s'en occuper. Alors, il y aura désormais une de vos collègues quia beaucoup vécu votre vie et qui va s'y consacrer. Elle ramassera l'ensemble des éléments que vous pourrez lui communiquer et les transmettra au ministre des relations extérieures `Claude Cheysson` ainsi qu'au ministre de la fonction publique `Anicet Le Pors`, enfin à tous les ministres compétents selon le sujet à traiter.
- Voilà pour ce qui concerne les problèmes qu'il ne faut pas négliger, qu'on pourrait appeler d'une façon un peu négligente, matériels, mais ça compte aussi dans la vie, et ça compte beauoup.\
Quant à l'aspect moral, je suis bien convaincu que ce n'est pas parce que vous appartenez à une institution internationale `ONU` que vous oubliez pour autant notre collectivité nationale. Vous êtes des citoyens français, vous avez vos convictions, votre pensée, vos choix .. Ce n'est pas mon affaire. Et je peux vous dire tout de suite, bien que je sois sans illusion excessive, que je considère que chacun d'entre vous a exactement auprès de moi le même droit d'être entendu. Ca va de soi, et vous m'êtes tous également proches.
- C'est important pour nous que d'avoir, quel que soit leur rang dans leur hiérarchie, que j'ignore d'ailleurs, que d'avoir des Français qui se fassent respecter et entendre au sein d'institutions aussi importantes que celle-ci. Il est également tout à fait remarquable que le no 2 de cette institution soit un Français `François Giuliani`. Mais que ce soit celui-ci, dont j'apprécie les qualités, jusqu'au plus modeste dont je ne connais pas le nom, vous faites partie d'un ensemble qui m'importe au même -titre. Je suis venu quelques instants, je ne vais pas vous faire un discours plus long, je voudrais pouvoir m'arrêter encore quelques instants parmi vous, parce que si cette réunion se transforme en monologue, cela perdra une partie de son sens. Peut-être entendrai-je quelques échos, comme cela, de ce que vous sentez de mieux que moi, qui touche à votre vie personnelle et professionnelle, et je me contenterai pour conclure de vous dire très simplement que, pour moi, c'est un grand plaisir d'être ici.\