20 juin 1983 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'hôtel de ville de Yaoundé (Cameroun), lundi 20 juin 1983.

Monsieur le président,
- monsieur le délégué du gouvernement, monsieur le président du conseil municipal, mesdames et messieurs les conseillers,
- C'est un grand plaisir pour moi de me trouver parmi vous ce matin, dans ce magnifique hôtel de ville dont l'architecture audacieuse est à l'image de l'ambition et du dynamisme de votre cité. Comment ne serais-je pas heureux, en effet, de rencontrer les représentants de Yaoundé dont la population me témoigne, depuis mon arrivée, des marques touchantes de sympathie et d'amitié. Un accueil tout à fait conforme à la grande tradition africaine.
- En traversant votre ville, j'ai pu me rendre compte de l'effort considérable consenti par les pouvoirs publics pour aménager l'espace urbain et pour doter Yaoundé des attributs d'une grande capitale. J'ai pu notamment admirer un florilège d'édifices publics rivalisant d'originalité les uns avec les autres, de larges avenues bien tracées, de beaux immeubles qui n'ont pas affecté le site splendide de votre ville mais qui, au contraire, l'ont mis en valeur. Et je constate, pour vous en féliciter, que partout l'on plante des arbres et des fleurs qui seront, demain, la parure de votre cité.
- Oh, certes, j'aperçois bien que l'afflux de la population vers cette belle et grande capitale crée chaque jour de nouveaux problèmes. Nombreuses, nombreux, sont celles et ceux d'entre vous qui doivent rapidement s'adapter aux conditions de la ville, à la -recherche d'un logement, pressant la municipalité de réaliser les travaux publics nécessaires. Je sais que vous aimez votre ville, comme vous aimez votre pays, cette ville qui est un reflet du pays tout entier et qui offre aux visiteurs étrangers de passage ou qui y résident - et parmi lesquels je compte beaucoup de mes compatriotes - une image aussi fidèle et aussi flatteuse que possible du Cameroun. Eh bien, vous pouvez être fiers, mesdames et messieurs, car vous avez réussi à placer Yaoundé à la hauteur des ambitions de progrès, de développement et de prospérité que le pays s'est assigné et que réalise - comme on le rappelait à l'instant - à travers plusieurs décennies des responsables de premier ordre, perspicaces et énergiques. Oui, on sent ici vibrer l'âme du Cameroun, la volonté de son peuple de rassembler toutes ses forces pour affronter l'avenir dans lequel vous avez raison d'avoir confiance.
- Pour avoir assumé moi-même pendant de longues années des fonctions municipales, je n'ignore pas, monsieur le délégué général, mesdames et messieurs les conseillers, les responsabilités qui vous incombent. La ville est par excellence un carrefour, un foyer spirituel en même temps que le rassemblement de toutes les forces économiques et sociales, sans que l'on oublie, dans le devenir du Cameroun, la permanence et la puissance de la vie rurale. C'est aussi et d'abord ici que se construit votre avenir.\
Je viens de recevoir, avec émotion, deux témoignages auxquels je suis sensible. Me voici citoyen d'honneur de Yaoundé et donc votre compatriote. Quand, il y a bien longtemps - il y a plus de trente ans - je venais parmi vous pour la première fois, aurais-je imaginé qu'un jour, sur cette place splendide, les foules du Cameroun viendraient saluer le Président de la République française que je suis et que j'aurai une dignité supplémentaire, citoyen d'honneur et désormais détenteur et porteur des clefs de votre ville ?
- Je veux aussi évoquer la grande histoire qui, avant et surtout depuis votre indépendance, s'est déroulée grâce à vous. Le Cameroun dispose d'une situation, d'une réputation et d'un prestige en Afrique et bien au-delà de l'Afrique, en Europe et dans mon pays, dont je tiens à rendre témoignage. Le Cameroun est un pays écouté, un pays estimé, respecté et dont on sait que les virtualités viendront bientôt rejoindre les acquis.
- Mesdames, messieurs, c'est sans appréhension que vous pouvez, grâce aux actions en-cours, aborder l'échéance qui n'est plus si lointaine de l'an 2000, comme le chante votre poète André-Marie Tala : "Paysan, étudiant, chauffeur et demoiselle venus du Cameroun tout entier se retrouvent et se retrouveront pour participer, unis, à l'édification de leur beau pays".
- Mesdames et messieurs, je suis venu de loin avec des compagnons de voyage parmi lesquels certains ont illustré à la fois votre pays et le mien, et je me trouve en cet instant comme chez moi, parce que vous m'avez réservé l'hospitalité africaine. Je forme des souhaits pour vous comme je l'ai fait pendant tout le temps qui m'a été donné de travail et de conversations, comme je le ferai après vous avoir quitté dans un moment, avec le président Paul Biya. J'apprends à mieux connaître votre vie et vos projets. J'y retrouve la grande inspiration des peuples du monde parfaitement exprimée ici, pour que soient enfin conquis les moyens du progrès et de la liberté.
- Salut à toutes et à tous, mesdames et messieurs ! Salut au nom de la France !
- Vive Yaoundé ! Vive le Cameroun ! Vive l'amitié franco - camerounaise !\