22 octobre 1982 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'issue du sommet franco-allemand à Bonn, vendredi 22 octobre 1982.

Je reprendrai sous forme de cinq énumérations ce qui vient d'être dit.
- Nous avons débattu des relations entre l'Europe et les Etats-Unis d'Amérique, et donc de l'alliance. Nous avons débattu des relations entre l'Est et l'Ouest, particulièrement au regard des relations de l'Allemagne fédérale et de la France avec l'Union soviétique. Nous avons évoqué, à cet égard, la situation dramatique où se trouve le peuple polonais. Je souscris assurément à ce qui a été dit à l'instant à ce sujet.
- Nous avons examiné les problèmes principaux qui se posent à la Communauté économique européenne, soit que ces questions nous soient posées par les autres ou par nous-mêmes.
- Nous avons enfin approfondi le dossier bilatéral, d'abord sur-le-plan militaire et sur-le-plan de la sécurité. M. le chancelier fédéral vient de faire le point là-dessus. Nous avons tout simplement mis en oeuvre une disposition en attente depuis la signature du traité de l'Elysée en 1963. Cette disposition prévoit, je cite : "le rapprochement des doctrines en-matière de défense, en vue d'aboutir à des conceptions communes". En application de ces accords et pour la première fois, comme vous le savez, les quatre ministres des affaires étrangères ou des relations extérieures et de défense se sont rencontrés. La décision de créer une commission permanente divisée en plusieurs groupes de travail a été prise. Cela n'implique aucune modification de fond sur-le-plan de la stratégie.
- Il n'a pas été question d'une association de la République fédérale allemande à la stratégie nucléaire de la France. Pas davantage d'un transfert de technologie nucléaire à l'Allemagne. Il n'a pas davantage été question d'obtenir, ni même de demander, ni même de songer à un -concours financier de l'Allemagne, pour le développement de la force nucléaire française. Je dis cela pour informer complètement, celles et ceux des journalistes - qui ne sont naturellement pas présents ici - et qui ont, dans la matinée d'aujourd'hui, écrit à ce sujet. Pas davantage il n'a été question des problèmes financiers du stationnement des forces françaises en République fédérale allemande. Pas davantage non plus de la réduction des effectifs des forces françaises en Allemagne.
- Mais essentiellement de la modernisation des forces françaises à caractère tactique, cont certains éléments peuvent dépendre de la première Armée française (sans que cela soit une règle), nous avons surtout considéré que les problèmes de sécurité propres à l'Allemagne et qui dépendent dela France, doivent être examinés préalablement par l'Allemagne et la France.\
Ces choses étant claires, on notera que cette mise en application d'un élément du traité de l'Elysée, 19 ans et plus après, constitue l'un des progrès les plus sensibles réalisés par ce sommet. Il a été traité, bien entendu, des relations bilatérales sur-le-plan économique, avec les implications de toutes sortes que cela suppose, particulièrement sur-le-plan industriel, sans oublier l'agriculture.
- Nous fêterons d'une façon qui sera précisée plus tard, le 20ème anniversaire du traité de l'Elysée. M. le chancelier fédéral `Helmut Kohl` a bien voulu me communiquer l'invitation du Président de l'Assemblée qui me fournit l'occasion de m'adresser au peuple allemand par le canal des ses élus.
- Bien entendu, le chancelier fédéral d'Allemagne sera invité dans des conditions qui seront déterminées, mais d'une manière égale et à Paris.
- Enfin, j'observerai pour terminer que je me suis réjoui de la qualité de l'accueil qui m'a été réservé, ainsi qu'à la délégation française. Nous avions eu l'occasion d'en parler avec M. le chancelier fédéral, qui avait fait le geste auquel nous avions été sensible, de venir nous voir à Paris à peine son gouvernement constitué. Nous avons continué sur cette lancée, qui est celle que l'histoire a déjà tracée d'une amitié, d'une alliance franco - allemande plus réelle et plus forte que jamais.\