2 septembre 1982 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'hôtel de ville d'Athènes, jeudi 2 septembre 1982.

Monsieur le maire `Dimitris Beys`,
- Mesdames et messieurs,
- Je vous remercie de m'accueillir ici ce matin en votre hôtel de ville, vous, les représentants du peuple d'Athènes. Athènes, monsieur le maire, que vous administrez aujourd'hui, vous la connaissez sous tous ses aspects puisque vous y avez exercé des responsabilités diverses, depuis bientôt trente ans, avant d'accéder - il y a quatre ans je crois - à la magistrature suprême.
- Là, plus qu'ailleurs, dans cette ville d'Athènes, on peut estimer que le chemin parcouru à travers les temps, depuis plus de deux millénaires, depuis la cité de jadis, dont le rayonnement a marqué l'histoire et nos esprits, jusqu'à la capitale, ici même, vaste ensemble urbain industriel qui forme, avec le Pirée, une agglomération de plus de trois millions et demi d'habitants.
- Est-ce une coincidence si le nombre des Grecs, installés partout dans le monde, est aussi de cet ordre : près de quatre millions de personnes ? Certes les causes de cette émigration sont différentes, de même que les pays d'accueil. Mais, ces colonies grecques qui ont fécondé tant de nos rivages aux VIIème, VIème et Vème siècles avant Jésus-Christ, trouvent aujourd'hui leurs continuateurs en vos compatriotes, particulièrement ceux qui vivent en France, soucieux de préserver leurs traditions nationales et la culture de leur pays.\
Vous-même, monsieur le maire, acteur des transformations modernes de cette ville, vous êtes le témoin de sa force d'attraction puisque, né dans la Grèce du Nord, c'est ici que vous avez fait vos études, le témoin de ses liens avec l'étranger, particulièrement avec la France où vous avez séjourné pendant au moins trois ans, témoin de l'attachement de notre peuple à la démocratie, votre hôtel de ville lui-même ne fut-il pas construit l'année qui précéda l'instauration dans votre pays d'un véritable régime parlementaire ? Ainsi vous trouvez-vous au carrefour des traditions et du renouveau, renouveau inspiré par les choix de la pensée et de l'action qui nous rapprochent encore, nous qui puisons aux mêmes sources l'inspiration de notre action. Mais je veux dire à l'ensemble des conseillers municipaux, ici présents, et particulièrement à monsieur le président du conseil municipal, combien il m'est agréable d'être parmi vous, dans cette maison du peuple. Je disais, hier soir, au président de la République ce qu'un Français peut ressentir dans cette ville prestigieuse, alors que notre mémoire, individuelle et collective, est marquée si profondément par l'histoire et la culture. On se trouve chez vous comme chez la mère tant chantée par les poètes et racontée par les écrivains.
- Je vous remercie pour ce parchemin qui porte une adresse élogieuse, flatteuse pour moi-même mais non pour mon pays que je représente ici et qui mérite bien, lui aussi, dans la longue suite des temps, après la Grèce mais avant beaucoup d'autres, de compter parmi ceux qui ont fait avancer la civilisation.
- Je vous remercie pour cette médaille d'or de la ville qui porte une effigie fameuse non seulement par la qualité de son travail, non seulement par la valeur de son métal mais aussi surtout par la qualité des sentiments qu'elle exprime. Sachez que j'y suis très sensible et qu'elle me rappellera un moment émouvant et fort de mon voyage en Grèce.
- Sachez-le, monsieur le maire, mesdames et messieurs, votre hospitalité contribue, au même -titre que les échanges de vues que j'ai eus et que j'aurai encore avec les responsables de votre pays, à développer les liens entre nos deux pays. Je vous en remercie.\