5 janvier 1982 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion de la cérémonie des voeux des forces vives, Paris, Palais de l'Élysée, mardi 5 janvier 1982

Mesdames et messieurs,
- Cette cérémonie est pour vous inhabituelle et pour le Président de la République aussi. Dans mes fonctions de Président de la République française, j'ai reçu pour la cérémonie des voeux de Nouvel An les représentants des institutions ou des organismes qui représentent les grands corps de l'Etat.
- J'ai cru bon de vous inviter à venir en ce jour à l'Elysée, non pas spécialement pour me présenter vos voeux, ou en tout cas pour vous présenter les miens, mais surtout pour que, dans ce qui pourrait apparaître comme le visage ou le paysage de la France, les forces que vous représentez ne soient pas absentes. J'ai donc insisté pour que le Président de la République ait l'occasion de rencontrer officiellement l'ensemble des représentants des grandes associations, des grandes organisations, des grands syndicats, de toutes celles et de tous ceux qui participent éminemment à la vie du pays et dont l'absence me paraîtrait surprenante.
- Vous êtes donc venus jusqu'à moi dans ce Palais de l'Elysée, maintenant je viens à vous pour vous dire que je vous présente mes voeux. Mes voeux pour que vos associations et organisations connaissent dans le courant de l'année 1982 le développement que vous souhaitez. Ce que vous représentez est une si large part de la France que l'on ne peut que désirer, sur-le-plan de la démocratie, voir s'affirmer le fait associatif. Une grande, une très ancienne tradition veut que les classes sociales soumises à des lois très dures s'organisent, pour parvenir maintenant à un -état contractuel qu'il s'agit de parfaire. Et naissent tous les jours en France et selon les nécessités, les besoins, d'autres associations qui expriment les besoins nouveaux que l'on ne peut à l'avance définir. Il faudra bien qu'un jour, à-partir d'un certain degré de représentativité, toutes celles dont je parle, tous ceux dont je parle se sentent à l'aise dans la vie nationale. Voilà la signification que j'entendais donner à cette rencontre qui ne nécessitera aucun autre discours. Simplement quand j'aurai terminé ce bref exposé, nous pourrons rester un moment ensemble et avoir le sentiment d'avoir inauguré une manière de faire.\
Je vous rencontre, pour la plupart, dans d'autres circonstances lorsque dans de grands moments, il importe que je puisse débattre avec les représentants des grands intérêts légitimes de la France. Alors à ce moment-là, ce sont des conversations qui ne sont pas forcément spécialisées, la plupart du temps, nous parlons des intérêts généraux du pays mais à-partir du mandat dont vous êtes chargés. Il n'est pas mauvais que de temps à autre nous sortions de ce type de dialogue pour nous intéresser en commun à la vie du pays et quel voeu ne ferait-on pas pour les Français en ce début de 1982, pour les Français et pour la France ? Vous représentez des intérêts divers mais si l'on réunit l'ensemble de ces aspirations et de ces intérêts, vous représentez la vie nationale : tout ce qui nous intéresse dans le développement du progrès afin de surmonter les difficultés inhérentes à toute action nationale, tout ce qui touche aux intérêts plus généraux encore de la paix et du développement, de la défense des libertés, dont la France doit garder le souci constant pour perpétuer à travers le temps ce qui est le meilleur de son message et qui fût exprimé en de grandes circonstances et particulièrement dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Nous n'en sommes pas simplement les témoins, mesdames et messieurs, nous en sommes les acteurs, les acteurs contemporains. Il faudrait qu'après cette génération on ait le sentiment que la France ait aidé le monde à progresser au milieu des périls, des difficultés, parfois pour compenser tant de reculs. Plus que d'autres, vous y êtes attachés par le choix-même qui est le vôtre, le choix de vie qui est le vôtre. Si vous représentez les organisations dont je parle ce n'est pas par hasard, c'est parce que vous y avez milité, c'est parce que vous vous y êtes consacrés, c'est parce qu'à un moment de votre adolescence ou de votre âge mûr, vous en avez fait le choix. C'est ce volontariat que je tiens à célébrer en vous demandant de bien vouloir transmettre à vos adhérents les voeux que je forme pour eux, sans oublier bien entendu les personnes ici présentes pour que dans leurs affections, leur famille, les êtres qui leur sont chers et aussi les espérances que toute femme, que tout homme porte pour soi-même devant l'inconnu du temps, vous puissiez espérer que 1982 sera pour vous une bonne année.\