30 septembre 1981 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion de la réception des Lettres de créance de S.E. M. Michel Dupuy, ambassadeur du Canada, Paris, Palais de l'Élysée, mercredi 30 septembre 1981

Monsieur l'ambassadeur,
- C'est avec un très grand plaisir que je reçois les Lettres vous accréditant auprès de moi-même et du Gouvernement français en qualité d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Canada.
- Votre connaissance de notre pays, la grande familiarité avec notre histoire et notre culture que vous confèrent les brillantes études que vous avez faites à Paris, l'expérience transmise par l'ambassadeur Pierre DUPUY, votre père, enfin vous désignaient tout particulièrement pour ce poste. Je veux voir dans le choix de votre personne le témoignage de l'importance que le Canada attache aux relations entre nos deux pays.
- L'amitié naturelle entre le Canada et la France, née d'une -communauté de culture et d'idéal et que les épreuves surmontées côte à côte sont venues renforcer, nous prédispose à nous tourner l'un vers l'autre. Des liens anciens et solides nous unissent. De multiples contacts à tous les niveaux se sont établis.
- Forts de notre passé, de votre expérience, de la compréhension et de la sympathie qui nous rapprochent, nous devons maintenant travailler pour développer encore nos relations et les orienter davantage vers l'avenir.
- Dans un environnement difficile où il nous faut lutter contre les tentations de repli sur soi, la France et le Canada doivent pouvoir trouver l'un dans l'autre un partenaire actif et bienveillant. A cet égard, je suis particulièrement sensible au message de sympathie que vous m'apportez alors que la France s'est résolument engagée dans une voie nouvelle et je suis sûr de trouver en vous un interlocuteur attentif.
- Nos relations bilatérales sont déjà très denses tant sur-le-plan de la coopération institutionnelle qu'en ce qui concerne les échanges "spontanés" et couvrent des domaines très différents. Pourtant, nous avons, comme vous, l'impression qu'elles ne sont pas à la mesure du potentiel humain et économique de nos deux pays. Il me paraît donc que, notamment dans les domaines où nos capacités et nos intérêts apparaissent complémentaires, nous devrions travailler ensemble à intensifier nos échanges et à mener à leur terme certains grands projets communs.\
Mais notre dialogue ne se limite pas à des relations bilatérales étroites £ nous avons également un champ d'actions communes plus vaste. J'ai pu constater il y a peu de temps lors de ma rencontre à Paris avec M. TRUDEAU puis au Sommet d'Ottawa - dont le Premier ministre canadien avait pris l'heureuse initiative - une vision convergente des grands problèmes internationaux. La France et le Canada partagent en effet la même foi dans les vertus du dialogue, de la concertation, de la confiance et de la franchise mutuelles.
- Nous avons le même souci d'apaiser les tensions. Par dessus tout, nous attachons l'un et l'autre une importance capitale à l'établissement de -rapports nouveaux et équilibrés entreles Etats industrialisés et les pays moins avancés `PMA`. Nos efforts peuvent, doivent donc se conjuguer pour une plus grande justice dans les relations internationales, pour la prospérité même de nos peuples.\
Il est un autre domaine auquel nos deux pays sont également intéressés, c'est celui de l'épanouissement de la langue française et des solidarités qui s'y attachent.
- Pour toutes ces questions, je trouve en vous, monsieur l'ambassadeur, un interlocuteur particulièrement averti, un brillant économiste, un familier des problèmes Nord-Sud - il me suffit ici d'évoquer votre rôle au-cours de la conférence de Paris en 1975 - et un canadien de souche française pour lequel cette arrivée à Paris est un "retour aux sources" selon votre propre expression.
- Vous savez que la France attache le plus grand -prix à la poursuite d'un dialogue confiant et constructif avec le Canada £ je me réjouis quant à moi, de toutes les occasions qui pourront m'être données de retrouver votre pays et la chaleur de son accueil, de mieux apprécier encore sa richesse et sa diversité.
- Je voudrais enfin que vous soyez assuré que dans l'accomplissement de la mission qui vous attend, vous trouverez toujours tant auprès de moi-même que du Gouvernement tout l'appui que vous pourrez souhaiter.
- Je vous prie, monsieur l'ambassadeur, de transmettre à votre gouvernement et au peuple canadien les voeux les plus chaleureux que je forme pour leur prospérité.\