30 juillet 1981 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion de la réception des Lettres de créance de S.E.M. Ogo Okwoche, ambassadeur du Nigeria, Paris, Palais de l'Élysée, jeudi 30 juillet 1981.

`Politique étrangère ` relations franco - nigérianes`
- Monsieur l'ambassadeur,
- C'est avec le plus grand plaisir que je reçois aujourd'hui les Lettres par lesquelles Son Excellence Alhaji Shehu Aliyu SHAGARI, président de la République fédérale du Nigeria, vous accrédite auprès de moi en qualité d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire.
- J'ai été particulièrement sensible aux très vifs sentiments d'amitié et de considération que vous venez d'exprimer à l'égard de la France. Ils reflètent, j'en suis convaincu, la qualité des liens que nos deux pays ont su nouer.
- Comme vous-même, je tiens à saluer le travail, la persévérance et le talent de tous ceux qui, Nigérians et Français, ont donné à notre amitié un contenu aussi concret que prometteur. Comment, il est vrai, pourrions-nous méconnaître le rôle éminent du Nigeria en Afrique et, bien entendu, dans la communauté mondiale ? Oui, monsieur l'ambassadeur, nous vous accueillons à Paris comme le représentant d'un grand Etat, ardent à discipliner les aléas du développement et les rudes transformations de votre société, et soucieux, non sans mérites de se doter des moyens de sa réussite. A preuve la volonté du Nigeria d'affermir - le président SHAGARI aidant - ses institutions régulières et démocratiques, ainsi que son ouverture sur le monde extérieur, non seulement sur ses partenaires linguistiques naturels, mais, au-delà, sur les nations d'autres cultures. Tels sont les atouts dont votre pays entend disposer pour marquer votre continent et les relations internationales d'une empreinte originale.
- A ce rendez-vous de la fraternité, de la justice et de la liberté en terre africaine, la France tient à être présente. Elle souhaite y demeurer sans aucun goût suranné d'hégémonisme.\
`Politique étrangère ` relations franco - nigéranes`
- Ainsi nos convictions rejoignent-elles les vôtres, car vos principes d'action sont les nôtres. Cela veut dire que nous saluons, d'abord, la place exceptionnelle du Nigeria dans lafondation et l'affermissement de l'OUA. Ensuite, cela vous assure que la France aura à coeur et à l'honneur d'être à vos côtés, et aux côtés du Tiers-monde, pour promouvoir, notamment avec l'appui de l'Europe, ce vaste mouvement de solidarité. Au nom de cette espérance, nous voulons, avec vous, achever la décolonisation, effacer l'odieux système de l'apartheid, reconnaître votre authenticité culturelle, vous aider à conquérir votre autonomie agricole et industrielle, notamment par de justes prix pour les matières premières, et, enfin, ce qui n'est pas le moindre objectif, faire en sorte que, de partout, l'on respecte le droit intangible à la sécurité de tous les Etats africains. Cette haute ambition de vérité, de justice et d'humanité, la France entend l'assumer grâce-au développement de nos considérables intérêts communs. Comme vous, je serai l'avocat de cette cause. Cependant, nos -rapports ne peuvent se borner à des réalisations culturelles, techniques, économiques ou financières aussi importantes et décisives soient-elles.\
`Politique étrangère ` relations franco - nigéranes`
- C'est que nos deux peuples et les gouvernements qu'ils ont choisis doivent avoir, maintenant, pour objectif principal d'approfondir leur dialogue - en un mot leur dialogue politique -. A cet égard, je suis sûr, monsieur l'ambassadeur, que vous serez, à Lagos, le fidèle interprète de l'amitié renouvelée de la France pour le Nigéria. A Paris, votre expérience de la vie publique acquise dans votre pays, votre sens du contact humain comme pédagogue, votre souci des faits en qualité d'homme de science, feront de vous un interlocuteur très écouté du gouvernement de la République et de toutes les autorités françaises. Sachez que, dans cette perspective, vous trouverez auprès de moi le soutien nécessaire au succès de votre mission. En effet, pour la France et pour le Nigeria, qui ont aujourd'hui une meilleure connaissance de leur poids et de leur densité respectifs, le temps est venu d'aller ensemble, directement et franchement, au coeur des vrais problèmes dont dépendent, pour longtemps, la prospérité et la sécurité, c'est-à-dire la liberté de nos nations et de nos continents. Je vous prie donc, monsieur l'ambassadeur, de transmettre à Son Excellence Alhaji Shehu Aliyu Shagari, président de la République fédérale du Nigeria, l'expression de nos sentiments de très haute et très cordiale considération, ainsi que tous nos souhaits les plus sincères pour le renforcement, entre nos deux pays, d'un dialogue constructif, si conforme aux aspirations des peuples amis de France et du Nigeria.\