3 juin 2016 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur l'OTAN, à Paris le 3 juin 2016.


Mesdames messieurs, j'ai accueilli aujourd'hui Jens STOLTENBERG, une nouvelle fois, parce que c'est sa deuxième visite officielle en France en tant que Secrétaire général de l'OTAN et je n'oublie pas qu'il était là pour la marche du 11 janvier l'année dernière.
Aujourd'hui, l'objet de notre rencontre, vous l'imaginez, c'était la préparation du Sommet de l'OTAN qui va se tenir à Varsovie les 8 et 9 juillet prochains. Sommet très important dans le contexte international que nous connaissons et il était donc nécessaire d'échanger sur les attentes des priorités de la France par rapport à ce rendez-vous.
Le message le plus important que je veux délivrer avant ce Sommet de Varsovie est la nécessité de la cohésion de l'Alliance. C'est ce qui fait sa force, c'est ce qui lui donne son sens.
Sa raison d'être, je le rappelle, c'est l'article 5 du Traité qui a fondé l'Alliance et qui prévoit qu'une attaque armée contre un ou plusieurs alliés serait considérée comme une attaque dirigée contre tous £ c'est la clé de l'alliance. Cette réaffirmation est à mes yeux essentielle.
L'OTAN ne cherche pas des ennemis, elle n'est pas dans une posture agressive, et encore moins de provocation. L'OTAN doit travailler et évoluer dans un seul objectif, celui de la protection des alliés. C'est pourquoi la solidarité ne doit pas être remise en question et chacun des pays qui constitue l'alliance doit être attentif à préserver la cohésion.
L'alliance, et c'est aussi une position constante de la France, doit poursuivre le développement de sa relation avec l'Union européenne. Je suis favorable à une Europe de la défense, je veux que la défense de l'Europe puisse être assurée d'abord par les Européens dans le cadre de l'Alliance, donc la relation entre l'OTAN et l'Union européenne est essentielle, et je me félicite d'ailleurs que les rapports entre Jens STOLTENBERG et Frédérica MOGHERINI soient bons et aient pu permettre qu'il y ait cette clarté entre nous.
D'ailleurs, il y a déjà des progrès. La France soutient le projet de cyber défense pour que chaque allié soit davantage impliqué sur sa propre défense dans ce domaine. Ce sera l'effort de chaque pays, qui devra d'ailleurs être amplifié, qui permettra la sécurité de l'Alliance. La cyber défense fait partie des priorités de la France dans le cadre de la Loi de Programmation Militaire, et c'est encore plus nécessaire par rapport à la lutte contre le terrorisme.
L'OTAN doit rester aussi une enceinte où les Alliés évoquent toutes les questions de sécurité, mais il n'est pas question que l'Alliance intervienne partout £ ce n'est pas sa fonction, ce n'est pas son mandat et ce n'est pas son intérêt.
Certes nous devons aborder ce qui se produit au Moyen-Orient, en Afrique, les menaces terroristes, mais ce n'est pas à l'OTAN, ce n'est pas sa vocation d'intervenir, même si au cas par cas il peut y avoir des appuis qui peuvent être apportés à des pays qui en feraient la demande.
A Varsovie, nous devons faire en sorte que nous soyons également tout à fait clairs sur certains programmes dont celui de la défense antimissile. Ce qui compte là-aussi, c'est que notre action s'inscrive dans la cohérence £ et je veux le redire ici avec clarté, comme je l'avais fait au lendemain de mon élection - c'était en 2012 à Chicago - je l'avais rappelé à Newport en 2014 « la défense antimissile de l'OTAN n'est pas dirigée contre la Russie, elle ne portera pas atteinte aux capacités russes de dissuasion. Elle n'est destinée qu'à assurer la défense de l'Alliance contre des menaces potentielles n'émanant pas de la zone euro Atlantique ». Ce point doit être absolument rappelé avant la conférence de Varsovie. D'ailleurs, là encore, il y a eu des consultations entre l'OTAN et la Russie qui vont dans ce sens et ce dialogue doit nous permettre de transmettre clairement le message et d'éviter les malentendus ou quelquefois des incompréhensions qui sont un peu excessives, délibérément excessives.
Voilà ce que je voulais dire en accueillant et en échangeant avec le Secrétaire général de l'OTAN. La France prendra toutes ses responsabilités dans l'Alliance, dans le respect des positions qui sont les siennes et qui sont rappelées aujourd'hui.