8 juin 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Conférence de presse de M. François Hollande, Président de la République, notamment sur les relations franco-japonaises, à Tokyo le 8 juin 2013.

LE PRESIDENT : « Mesdames, Messieurs, cette visite va bientôt se terminer. Tout à lheure, je madresserai à lAmbassade à la communauté française au Japon. Mais je dois vous dire combien je suis satisfait de cette visite dEtat. Dabord, par laccueil qui nous a été réservé. Quand je dis « nous », cest à la France.
Le Japon, avec lEmpereur, sa famille, le Premier ministre M. ABE, a voulu par cette hospitalité témoigner à la France de son amitié. Nous y avons été particulièrement sensibles. Nous avons saisi cette opportunité pour placer notre partenariat, celui entre la France et le Japon, au plus haut niveau et lui donner une nouvelle dimension.
Dabord, en matière de politique étrangère puisque nous avons convenu davoir une concertation régulière sur lensemble des dossiers internationaux, pas simplement ceux concernant lAsie, mais de toute la planète parce que nous portons ensemble, France et Japon, un certain nombre de priorités. Par exemple, jy reviendrai, sur la croissance économique dans le cadre dune meilleure gouvernance du monde, mais aussi sur la préservation de lenvironnement. Le Japon attend beaucoup de la conférence climat que nous allons organiser en 2015. Nous avons aussi sur le développement, le soutien aux pays les moins avancés, une même démarche. Nous allons dailleurs donner une preuve de cette solidarité avec lAfrique, le Japon ayant tenu une conférence particulièrement utile ces derniers jours et ayant participé à la conférence des donateurs pour le Mali. Il était donc nécessaire de donner un cadre à cette relation politique. Cest ce que nous avons fait.
Une dimension également par rapport à la question de la paix et de la sécurité. Nous avons deux objectifs, France et Japon, cest la lutte contre le terrorisme qui concerne tous les pays et aucun ne peut se sentir à labri ou protégé. Le Japon a été particulièrement frappé notamment par la prise dotages qui a eu lieu en Algérie. Nous sommes également mobilisés dans la lutte contre la prolifération nucléaire, aussi bien par rapport au dossier de lIran que par rapport à celui de la Corée du Nord.
Dimension aussi pour notre partenariat économique. Nous avons avancé, jallais dire, à grands pas. Nous avons démontré que les coopérations qui existent déjà, que les alliances industrielles qui ont été nouées, peuvent être de bons exemples de ce quil est possible de faire entre deux grandes économies, celle du Japon, celle de la France, à la fois pour multiplier les investissements sur nos territoires respectifs, augmenter les investissements japonais en France et favoriser les investissements français au Japon. Avoir également sur les échanges commerciaux la même position, notamment pour lentrée dans la négociation sur laccord commercial entre lEurope et le Japon. Mais être aussi capable de nouer des alliances, des coopérations sous toutes les formes, pour conquérir de nouveaux marchés. Ce que nous avons réussi notamment en Turquie en concevant ensemble un nouveau réacteur nucléaire. Ce qui a été possible dans le domaine de lénergie, doit lêtre dans les domaines du numérique, de lindustrie agro-alimentaire, de lélectronique. Dans tous les domaines, nous pouvons concevoir des opérations de haut niveau.
Dimension enfin, je lévoquais, pour porter les thèmes de la croissance. Il y a un débat au Japon, depuis plusieurs semaines, sur la politique économique. Nous ne voulons pas prendre notre part dans cette discussion mais les thèses qui sont aujourdhui avancées peuvent être utiles au monde entier. Sil sagit de donner justement davantage de place au soutien de lactivité, sil sagit davoir une conception des réformes structurelles qui vont dans le sens de la compétitivité et de thèses monétaires qui ne créent pas de distorsions de change mais donnent de la liquidité supplémentaire. Nous en avons discuté avec le Gouvernement japonais et je pense que nous pouvons nous féliciter de cette prise de conscience que le Japon comme lEurope sont des puissances économiques. Cest ce que jai dit devant les chefs dentreprise qui étaient réunis. Nous devons avoir une confiance en nous et ne pas simplement être hantés par les problèmes dhier ou par les concurrences des pays émergents. Si nous sommes davantage encore en confiance, Europe et Japon, nous conquerrons davantage encore de place sur les marchés extérieurs.
Je veux terminer par la culture et les échanges humains que nous voulons développer. La culture comme un point commun entre la France et le Japon et nous en avons donné ici une illustration. Mais également comme un levier pour léconomie car tout ce qui contribue à lattractivité de nos pays va dans le sens du développement de lemploi. La culture cest à la fois lélévation de lesprit mais aussi un investissement avec des industries puissantes sur le plan culturel que nous avons en France et qui existent ici. Pas simplement à travers la fabrication de matériels mais de contenus. Lenjeu ce sont les contenus en matière culturelle. Nous pouvons y travailler ici avec le Japon. Dautant que nous avons voulu amplifier les échanges. Ici, tous les ministres ont été mobilisés pour que nous facilitions les mouvements, les mobilités aussi bien pour les jeunes étudiants, que pour les créateurs dentreprises, que pour les chercheurs, que pour les universitaires, que pour les créateurs culturels. Nous voulons donner une plus grande facilité dans les déplacements et dans les mouvements.
Je termine donc cette visite avec le mot que jai utilisé qui doit marquer notre relation : la confiance. Nous avons confiance, confiance dans le Japon, confiance dans la relation entre lEurope et le Japon et confiance dans notre avenir. »
QUESTION : « Bonjour Monsieur le Président, est-ce que vous pouvez à nouveau nous préciser ce qui, dans la recette japonaise pour sortir de la crise, peut intéresser lEurope ? Est-ce que la dévaluation du yen, est-ce que la politique de relance sont des choses qui peuvent faire méditer lEurope et surtout lAllemagne ? Une autre question franco-française, rien à voir »
LE PRESIDENT : « La première ne létant pas comme chacun la compris »
QUESTION : « mais celle-ci, vous allez voir, est très franco-française : vos vacances et celles du gouvernement. On se souvient que lété dernier, il y avait eu des critiques sur une présence insuffisante de vous et de votre gouvernement. Est-ce que vous avez des consignes particulières que vous avez passées à vos ministres ? Et pour vos vacances, comment vous allez les organiser ? »
LE PRESIDENT : « Le premier point : quest-ce qui nous intéresse ? Cest la croissance. Si le Japon, par une politique économique, parvient à soutenir davantage son activité, à mettre plus de facilités dans son économie sur le plan de la liquidité, arrive à créer ce climat de confiance chez les investisseurs, il y aura des retombées positives pour toute lEurope. Je rappelle que le Japon est la troisième économie du monde. Quand la troisième économie du monde repart, cest bon pour toutes les autres économies. Après, il y a forcément des regards quil conviendra de porter sur la politique monétaire parce que, autant la valeur dune monnaie doit correspondre à son économie, autant il ne convient pas de créer des distorsions de concurrence à travers des mouvements de change. Nous nen sommes pas là. Sur le plan budgétaire, nous ne sommes pas dans une situation comparable. Il ny a donc pas de leçon à tirer. Sur les réformes structurelles, le Japon a compris, comme nous, que la compétitivité était ?? pardonnez-moi lexpression une ardente obligation parce que si nous sommes pleinement dans la concurrence internationale, nous avons besoin dêtre en avance et pas simplement de nous livrer à je ne sais quel abaissement de notre protection sociale ou de nos éléments fondateurs du contrat social. Si nous pouvons élever le niveau de la recherche, de linnovation entre la France et le Japon, nous en tirerons que des bienfaits.
Quant aux vacances, nous sommes au début du mois de juin et il nest pas dans mes intentions de partir. »
QUESTION : « Monsieur le Président, avant vous, lun de vos prédécesseurs à lElysée, M. Jacques CHIRAC, avait noué des relations très fortes avec le Japon. Vous avez énormément parlé de culture pendant ce voyage, déchanges culturels avec le Japon. Est-ce quil y a une volonté de votre part dinscrire votre démarche dans celle de Jacques CHIRAC et est-ce que dans les entretiens que vous avez pu avoir, les représentants japonais vous ont demandé de ses nouvelles ? »
LE PRESIDENT : « Je pense quil y a toujours une continuité et je nai jamais conçu la politique étrangère comme une rupture. La France est la France parce que de président en président, nous avons porté un certain nombre dobjectifs. Après chacun le fait dans les circonstances qui, elles, peuvent évoluer mais avec ses propres objectifs. Pour ce qui concerne Jacques CHIRAC, cest vrai quil avait avec le Japon une relation particulière et, effectivement, les autorités du Japon mont demandé comment il allait. Je leur ai répondu. »
QUESTION : « Monsieur le Président, une récente étude du cabinet Ernst & Young fait état dune baisse dramatique de lattractivité de la France pour les investisseurs étrangers. Est-ce que cette situation vous inquiète ? Est-ce que vous avez déjà pensé au remède ? »
LE PRESIDENT : « Oui cette étude porte sur une période où nous nétions pas aux responsabilités. Il me serait donc commode de tirer un certain nombre de conclusions sur ce qui na pas été fait ou sur les retards qui ont été pris. Mais il ny a dattractivité que sil y a compétitivité. Lattractivité cest bien sûr des équipements publics, cest des soutiens qui peuvent être apportés par lEtat, les collectivités locales, un certain nombre dimplantations. Cest aussi le savoir-faire, la qualification des salariés. Cela peut être des éléments de coûts mais cest aussi une politique globale de compétitivité et la France reste un territoire où le niveau dinvestissements est très élevé, investissements étrangers venant en France. Mais nous devons faire attention car tout décrochage peut être une alerte et nous navons, de ce point de vue, pas perdu de temps puisque depuis un an nous avons multiplié les réformes - je les ai dailleurs présentées ici au Japon - pour favoriser linvestissement des entreprises étrangères en France, créatrices demplois. Prenons quelques exemples. Sur linnovation, sur le crédit dimpôt, sur la compétitivité, sur la réforme du marché du travail et, dune manière générale, sur une politique daccueil que nous avons voulu justement développer depuis un an autour de la notion de diplomatie économique. Cela vaut pour nos exportations, cela vaut aussi pour les investissements étrangers en France. Cette notion dattractivité, nous y sommes extrêmement attentifs et une de mes motivations en venant ici cétait justement de convaincre les investisseurs japonais de lutilité, pour eux et pour nous, davoir cette localisation en France. Pourquoi une localisation en France ? Parce que nous sommes le pays encore lun des plus attractifs en Europe. Venir en France, cest aussi venir en Europe pour conquérir un certain nombre de marchés. Cest ce point-là que nous devons aussi favoriser. Enfin, lattractivité cest aussi lattractivité touristique. Nous sommes la première destination au monde et nous entendons le rester et avec un volume de dépenses qui devrait être, lui aussi, augmenté.
Par rapport à ce qui na pas été fait, cest vrai que ce rapport est un réquisitoire. Mais je constate, depuis un an, on nous demande de restaurer une compétitivité qui a été dégradée et on nous demande de faire vite. Quand les mêmes sont restés aux responsabilités pendant 10 ans et viennent découvrir létat du pays, même si certains avaient eu, disons, une plus précoce conscience, en parlant de faillite. »
QUESTION : « Monsieur le Président, vous évoquiez à linstant lattractivité. Cette attractivité concerne également les étudiants puisque vous y faisiez allusion, votre volonté dencourager léchange étudiant dans les deux sens mais notamment des étudiants japonais venant en France. Quel message vous avez à leur faire passer aux étudiants pour leur dire de venir étudier en France, chez nous, plutôt que dans un autre pays dEurope ? »
LE PRESIDENT : « Nous en avons parlé avec le Premier ministre japonais car la tradition au Japon nest pas davoir beaucoup détudiants à létranger. Ils en sont conscients, les Japonais. Ils veulent, eux-aussi, favoriser les études dans la plupart des grandes universités mondiales. Mais, nous-mêmes, nous devons nous mettre en état de répondre à cette possible sollicitation et vous avez parfaitement raison, il y a aussi une compétition entre les universités. Pour cela, il faut dabord faciliter la circulation des étudiants. Depuis un an, cela vaut pour le Japon, pour la Chine, pour lInde, nous avons dit que nous ferions tout pour que tout étudiant, bien sûr avec lappui de son université, qui veut venir travailler en France pour poursuivre ses recherches ou ses études nait aucune contrainte pour atteindre cet objectif. Je ne peux pas être plus clair. Nous mettrons en uvre cette orientation avec constance sur les prochaines années. Restent les questions que nous connaissons : les bourses, le logement. Nous faciliterons les démarches pour un certain nombre détudiants que les universités auront à cur de nous présenter, afin quil y ait cet accompagnement.
Enfin, pour attirer des étudiants qui ne sont pas francophones, il en existe, mais qui veulent étudier en France vous savez quune disposition a été introduite et elle a fait débat pour que ces étudiants pendant un court moment, puissent être formés toujours en langue anglaise mais ensuite être formés en langue française. De façon à ce quil ny ait pas dobstacle et aucun frein à larrivée détudiants étrangers en France parce que cest un enjeu. De la même manière, cest un enjeu quand on a ces étudiants, qui ont poursuivi leurs cursus jusquà un certain point, de pouvoir les faire travailler pendant un temps. Cest la raison pour laquelle nous avons abrogé une circulaire qui existait et qui freinait, qui empêchait même que ces étudiants puissent faire un stage ou un contrat de courte durée dans une entreprise française pour ensuite revenir dans leur propre pays. Nous allons donc montré ces partenariats aussi avec ces étudiants et ces universités. »
QUESTION : « Monsieur le Président, il y a eu une séance de signature de contrats dont un accord sur le nucléaire qui a été accueilli dune façon assez mitigée par une certaine, par une grande partie de la population qui reste très sceptique face au programme de relance du nucléaire dans ce pays. Comment vous réagissez à ce scepticisme et au fait que certains disent que la France est un petit peu utilisée pour faire passer un programme qui nest pas encore accepté par tout le monde ? »
LE PRESIDENT : « Chaque pays détermine souverainement sa politique énergétique. Nous ne voulons, en aucune manière, intervenir sur les choix, en loccurrence, du Japon. Le Japon fera ce quil pensera avoir à faire en matière dapprovisionnement énergétique ou de production dénergie. Mais de toute manière, quel que soit son choix, nous avons à coopérer pour plus de sûreté, pour avoir le plus haut niveau, France, Japon, dautres pays, pour quil ny ait aucun doute sur la fiabilité des centrales. Lautorité de sureté française est reconnue comme lune des meilleures du monde, je ne vais pas dire la meilleure. Quil y ait donc une coopération entre notre autorité de sûreté et les autorités de sûreté dans le monde, nous y sommes favorables.
Deuxièmement, il y a des démantèlements de centrales à imaginer. Il y a des centrales qui vont fermer dans le monde. Et là encore notre industrie doit être à la pointe. Elle lest dailleurs. Reste la question de la production nucléaire. Nous sommes en coopération avec le Japon pour un réacteur. La preuve, cest que nous le présentons à la Turquie. Nous travaillons donc ensemble et, ensuite, chaque pays décide de poursuivre ou darrêter son programme nucléaire. Il ny a pas de doute à avoir. La France ne fait pression en aucune façon et permet à notre technologie, à nos ingénieurs, à nos entreprises dêtre en coopération avec toutes les entreprises qui le voudront. »
QUESTION : « Monsieur le Président, vous avez parlé tout à lheure de langoisse des Japonais et des Français face à lavenir, face à la concurrence des pays émergents, face à cette croissance qui ne revient pas. Parmi ces angoisses en France, il y a la retraite, le rapport MOREAU sera remis la semaine prochaine au Premier ministre. Il demande des efforts à tous, des entreprises aux retraités en passant par les fonctionnaires. Dans quel état desprit abordez-vous cette réforme qui sannonce comme très importante de votre quinquennat ? Merci. »
LE PRESIDENT : « Je suis toujours admiratif sur la capacité que vous avez à poser des questions. Vous auriez pu par exemple dire : quest-ce que vous pensez du système de retraites au Japon ou du vieillissement de la population ? Il y un rapport qui va être bientôt publié. Il va mettre sur la table toutes les options. Il ne va pas en sélectionner quelques-unes, il va mettre tout, de manière à ce que la concertation puisse être engagée avec les partenaires sociaux sur toutes les solutions possibles. Le gouvernement, ensuite, fera ses choix après concertation. »
QUESTION : « Monsieur le Président, les mauvais chiffres de la participation aux élections partielles des Français de létranger récemment ont laissé entendre quil pouvait être remis en question la représentativité des Français de létranger et notamment peut-être la suppression de cette représentation. Que pouvez-vous nous dire sur ce sujet pour éventuellement rassurer les Français de létranger ? »
LE PRESIDENT : « Cest un système nouveau qui a été proposé avec lintroduction de 11 circonscriptions qui représentent les Français de létranger. Il ny a pas eu une participation considérable lors du scrutin général. Encore moins pour les élections partielles. Mais il nest pas aujourdhui dactualité de changer les modes de scrutin. Cela sinscrira dans une réforme globale. »
QUESTION : « Monsieur le Président, jai une question sur votre politique énergétique, surtout nucléaire de votre pays. Est-ce que vous avez changé votre cap cest-à-dire de diminuer la dépendance nucléaire puisque vous avez uniquement évoqué les fermetures de Fessenheim ? Est-ce que vous allez continuer pendant votre premier mandat ou pas ? »
LE PRESIDENT : « Merci dabord de parler du premier. Jai pris des engagements, ils seront tenus. Il y un débat qui est ouvert sur ce que nous appelons la transition énergétique. La ministre qui est ici présente, Delphine BATHO, le mène. Nous en aurons la conclusion vers la fin de lannée avec déjà des premiers éléments lors de la conférence environnementale du mois de septembre. Nous allons tirer tous les enseignements de ce qui sera dit par, à la fois les organisations non gouvernementales, les grandes associations, les élus locaux, les industriels, mais il y aura une réduction de la part du nucléaire dans la production délectricité. Après, à quel rythme, cest le débat qui le dira. »
QUESTION : « Monsieur le Président, je voulais poser une question sur la relation de la France avec la Chine. Les Chinois ont annoncé louverture dune enquête anti-dumping sur les importations de vins européens, contre la taxe urbaine sur les panneaux solaires chinois. Dabord, que pensez-vous de cette mesure ? On dit que vous avez proposé un sommet européen pour aborder ce sujet. Mais M. BARROSO semble être réticent. Comment assurez-vous la cohésion de lEurope ? »
LE PRESIDENT : « Nous aurons un Conseil européen à la fin du mois de juin. Nous en parlerons à lévidence car nous devons avoir une position commune. Cest la Commission européenne qui nous représente pour la politique commerciale. Nous en débattrons aussi avec la Commission européenne. Car ce qui est important, cest que ce soit tous les pays européens qui défendent les mêmes thèses mais en laissant la Commission prendre sa responsabilité. »
QUESTION : « Hier, dans votre conférence de presse, vous avez expliqué que, ici, ils navaient pas de commission asiatique pour surveiller les budgets. On y a vu une critique de la Commission européenne »
LE PRESIDENT : « Vous avez eu tort Mais il y a des faits. Nous, nous avons des engagements. Nous participons à une zone monétaire. Nous avons signé et ratifié des traités. Nous devons donc les respecter. Cest aussi simple que cela. Le Japon a dautres libertés mais dautres contraintes aussi. Je veux simplement dire que nous ne pouvons pas adopter les mêmes politiques économiques. Vous auriez pu me dire : nous avons une politique monétaire différente. Oui, bien sûr puisque nous avons leuro. Le Japon a le yen. Ce nest pas la même chose même si, ici, la Banque centrale est également indépendante. Face à des situations différentes, quest-ce que nous pouvons faire ? Aller dans la même direction, avec des instruments qui peuvent être distincts. Mais aller dans la même direction, plus de croissance, plus de soutien à lactivité, ce qui nempêche pas davoir des politiques de compétitivité. Ici, au Japon, ils parlent aussi de réformes structurelles. C'est un mot gigogne où on met tout ce quon ne sait pas nommer ou que lon nose pas nommer dans les politiques structurelles. Je pense que cest toujours la difficulté de passer à lacte. Nous lavons fait pour une partie avec laccord entre les partenaires sociaux, nous le ferons aussi dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle, où les partenaires sociaux seront également appelés à discuter sur les indemnisations du chômage, en faisant en sorte que ce ne soit pas au détriment des demandeurs demploi mais en faveur de lemploi. Chacun, même sil a de la liberté, budgétaire ou monétaire, est donc obligé de faire tout pour que la compétitivité, au meilleur sens du terme, cest-à-dire la compétitivité pour prendre de lavance, pas pour reculer, puisse être privilégiée. Voilà Mesdames et Messieurs le terme de ce voyage, je vous en remercie. ».