
Cette deuxième journée à Hanoï a permis au Président Emmanuel Macron de faire plusieurs rencontres avec les forces vives du pays.
Il s’est d’abord entretenu avec les principaux acteurs vietnamiens du secteur de l’énergie avant de se rendre à l’Université des sciences et techniques d’Hanoï, où il a partagé un moment d’échange avec les étudiants vietnamiens.
Il a notamment rappelé l'importance de la mobilité universitaire et de la coopération académique entre nos pays. Il a également abordé les grands enjeux internationaux dont la transition énergétique et le développement économique.
Revoir les échanges :
27 mai 2025 - Seul le prononcé fait foi
Discours du Président Emmanuel Macron et échange avec les étudiants vietnamiens.
Emmanuel MACRON
Merci beaucoup pour vos mots,
Madame la rectrice,
Monsieur le recteur,
Madame la vice-présidente,
Mesdames, Messieurs les ministres,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
Messieurs les ambassadeurs,
Monsieur le président de l'Académie des sciences et technologies,
Mesdames et Messieurs les anciens élèves et chères étudiantes, chers étudiants.
Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui.
Je vais essayer de ne pas vous faire un long discours, je vais dire quelques mots sur la situation et au fond essayer de dire pourquoi je crois qu'on a un avenir commun et on va surtout essayer d'avoir quelque chose de plus interactif.
Si vous voulez bien, je vous demande de poser le plus librement possible les questions. Je sais que c'est toujours un exercice difficile, mais ce sera plus intéressant, y compris pour vous, parce que je serai à ce moment-là totalement sûr de ne pas dire quelque chose qui est totalement à côté de vos attentes.
En tout cas, vous l'avez rappelé, Madame la rectrice, Monsieur le recteur, cette université est le fruit d'une volonté commune et aussi du travail extraordinaire qui a été accompli à travers toutes ces années. En m'adressant à vous, en étant devant vous aujourd'hui, j'ai aussi conscience, avec beaucoup d'humilité, de tout le travail qu'il y a eu, génération après génération, pour construire ce partenariat par le savoir, la science, l'éducation, entre le Vietnam et la France.
Il y a cet accord intergouvernemental que vous avez évoqué de 2008, qui a fait aussi progressivement de cette université un pôle de la relation et de l'enseignement supérieur et de la recherche au Vietnam. Je crois qu'elle se classe environ cinquième en termes de recherche dans le pays. Mais c'est aussi un pôle dans le partenariat avec beaucoup d'universités et d'organismes de recherche, et je salue les directeurs généraux et présidents qui sont là. On a plusieurs universités qui sont très liées à vous, mais aussi le CNRS, l'IRD, le CNES, CIRAD, CEA, beaucoup d'entreprises qui sont partenaires aussi, Dassault et autre, de ce lien.
Je suis extrêmement heureux de pouvoir être là parmi vous, dans un pays qui a fait de la relation éducative, de l'enseignement, un des ciments de la relation bilatérale. Je regardais ça en venant, on a plus de 15 000 ingénieurs vietnamiens qui ont été formés à la française. On a plus de 3 000 médecins vietnamiens qui se sont spécialisés en France. On a des centaines, j'espère demain, des milliers de juristes qui vont continuer d'avoir des doubles diplômes et faire de nos avocats, magistrats, de l'ensemble aussi des professions du droit, des passerelles. Je le dis avec d'autant plus d'humilité que nous avons dans la salle certains des piliers de cette relation, Lê Kim Ngoc et Jean Trân Thanh Vân, avec leur rencontre du Vietnam et tout le travail qui a été fait au CNRS pendant de longues années, mais pour la relation bilatérale sont là et ont tellement œuvré pour cette relation, pour continuer à faire valoir le savoir entre nos deux pays.
Françoise Barré-Sinoussi a été aussi un des artisans patients de cette relation, et puis notre école de commerce commune, Monsieur le Directeur général, vous m'en parliez en arrivant, est aussi un de ces pivots. Je le dis, il y a là, au moment où je vous parle, des décennies de partenariats, de diplômes communs qui sont représentés et incarnés par les alumni, d'associations et d'excellences qui ont présidé à cette relation.
Au fond, qu'est-ce qui la caractérise ? Je crois pouvoir le dire, une forme de conviction dans un modèle humaniste, c'est-à-dire dans le fait que la compréhension réciproque est importante pour avancer, dans la conviction qu'il faut comprendre la philosophie, l'évolution de nos sociétés, les grandes technologies à l'œuvre, et qu'il y a, vous citiez Corneille à l'instant, une certaine idée de l'homme, au sens générique du terme, donc des femmes et des hommes et des générations que vous êtes, qui doivent tout à la fois embrasser des savoirs, mais le faire au service d'une certaine idée de l'humanité. C'est-à-dire, qui ne considère jamais qu'une technique ou une technologie serait supérieure aux principes qui nous fondent et, en effet, à ces valeurs humanistes qui font que nous mettons, au Vietnam comme en France, rien au-dessus de la dignité humaine, de cette conviction que l'individu libre et rationnel est celui qui permet de guider le monde. C'est ça qui met au cœur du projet de nos deux nations l'éducation.
C'est pour ça que je suis très heureux qu'à l'occasion de ce voyage, on ait pu signer de nouveaux partenariats scolaires, une nouvelle école. On continue de consolider ce partenariat universitaire de recherche et culturel entre le Vietnam et la France.
Une fois que j'ai dit ça, en essayant de me demander qu'est-ce qui peut vous intéresser et comment vous dire que ce partenariat n'est pas que, au fond, ce qui nous alliait pendant des décennies, mais qu'il est peut-être encore plus important aujourd'hui qu'hier, et je voulais vous parler des grandes transitions qui sont à l'œuvre et vous dire au fond qu'à mes yeux, ce que vos générations ont à vivre, à Hanoï comme à Paris ou à Toulouse ou à Angers ou dans toutes les villes de France ou du Vietnam qui vous ont vu naître et vous font faire vos études, c'est que nous avons des défis qui sont très communs dans un monde que vos générations ont à vivre et qui est sans doute un des plus bousculés, car résolument plus bousculé que celui que ma génération, quand on était à votre place, a eu à vivre, parce que vous êtes au croisement de transitions très profondes, et je crois qu'elles touchent ce que vous apprenez aujourd'hui, et je voudrais juste partager très rapidement quelques convictions à cet égard avec vous.
D'abord, on vit une très grande transition géopolitique, et je crois qu'elle structure beaucoup de choses, et elles expliquent, elles justifient pour partie ma présence aujourd'hui parmi vous. Transition géopolitique, parce qu'au fond, si j'étais venu vous voir il y a peut-être même simplement 10 ans, donc hier presque, je vous aurais parlé d'un monde confiant, sûr de lui-même, qui avait des très grands défis, je vais y revenir. Mais où au fond, quand même, à vrai dire, on a su bâtir, après la Deuxième Guerre mondiale, des grands principes. Et nous sommes dans un monde où le droit international prévaut, où la démocratie s'étend, où les valeurs, justement, qui mettent la dignité humaine au cœur du projet politique sont là et où on a réussi collectivement, depuis l'après-Deuxième Guerre mondiale, à stabiliser le monde.
Vous voyez bien que ce n'est pas le discours que je peux vous tenir aujourd'hui. Ça s'est joué en quelques années. Parce qu'on a le retour des guerres, alors, votre continent a vécu des tensions, des guerres gelées, des tensions géopolitiques très fortes. Mais au moment où je vous parle, on a la guerre à Gaza, au Proche-Orient, on a la guerre sur le continent africain, on a la guerre en Europe avec la guerre d'agression russe en Ukraine. Au-delà de ces guerres, qui sont évidemment pour nous d'ailleurs des combats géopolitiques de chaque jour parce qu'on poursuit cet objectif de paix, nous avons des grandes puissances du monde qui ont décidé de ne plus respecter le Droit international et de ne plus vouloir la paix. Ça, c'est un changement très profond. Donc, la guerre est de retour, la souveraineté des peuples et l’intégrité territoriale deviennent contestées, y compris par des grandes puissances membres permanentes du Conseil de sécurité.
On a aussi le retour des tensions profondes, beaucoup plus qu'il y a 10 ans, et on trouve des moyens pudiques de les évoquer dans la région. Mais puisqu'on ne peut pas faire un discours diplomatique à mon niveau en disant que la liberté de navigation, la liberté maritime est importante pour la mer de Chine méridionale, c'est bien que quelque chose se passe, qui inquiète tout le monde. Et la conflictualité qu'il y a entre la Chine et les États-Unis d'Amérique est un fait géopolitique qui fait peser l'ombre portée du risque d'un conflit beaucoup plus large dans cette région majeure.
A cela s'ajoutent les dérèglements de la coopération internationale. Plusieurs puissances ont décidé de se retirer des accords de Paris, et maintenant le commerce international, qui était là aussi régi par des règles, où il y a 20 ans, dans votre région du monde, on se disait comment pleinement appliquer les règles de l'Organisation mondiale du commerce. Cette question est devenue caduque, puisque la première économie du monde décide de ne plus les respecter. Elle met des tarifs qui changent selon les matins où l'on se réveille. On est tous en ce moment à 10 %, mais vous, peut-être demain à 47, les Européens, peut-être à 50, et peut-être après-demain, ce sera un autre chiffre, parce que l'imprévisibilité est redevenue maîtresse.
C'est ça le monde où vous avez à vivre. Il est très différent de celui où moi, j'ai grandi. Mais c'est un état de fait. Quelque chose s'est déréglé. Nous vivons dans un monde où, en particulier par la désinhibition des superpuissances, tout peut basculer.
C'est dans ce contexte que je crois que l'alliance entre le Vietnam et la France est encore plus importante et l'alliance entre l'ASEAN et l'Europe encore plus importante. Parce qu'il y a quelque chose qui nous lie. Vous savez que nous, Français, je pense que les Vietnamiens sont un peu pareils. J'ai eu un de mes prédécesseurs qui a dit qu'on est une puissance moyenne. On n'aime pas tellement dire ça, en fait, on est assez fiers. Toujours dire qu'on est une grande puissance. On est une grande puissance militaire, géopolitique. Donc, on est une grande puissance. Mais enfin, on est lucide, nous ne sommes pas une de ces deux grandes puissances au monde et le Vietnam non plus.
Mais nous avons un intérêt qui est d'essayer de préserver, plutôt de rebâtir, des grands équilibres géopolitiques de paix et de prospérité. C'est ça, ce à quoi je crois. C'est le cœur de l'aventure de l'Union européenne, c'est au cœur du projet de l'ASEAN, c'est ça ce qui doit fonder notre partenariat. Donc, dans ce moment géopolitique, cette transition ou ce dérèglement, le Vietnam et la France doivent poursuivre un objectif qui est de rebâtir des partenariats de paix, d'équilibre, de prospérité. C'est ça, ce qui doit nous lier, et c'est ça, ce qui doit lier aussi l'ASEAN et l'Europe. Nous ne voulons pas dépendre des grandes puissances. Nous voulons coopérer, mais en choisissant. Et donc, dans tous les domaines du jeu, de notre éducation, notre innovation, nos industries, notre santé, notre énergie, notre géopolitique, notre défense, notre objectif pour les années qui viennent, et sans doute au moins pour la décennie à venir, ça va être de réduire nos dépendances et de bâtir un chemin de liberté, cette liberté de la souveraineté.
C'est ce projet qui est au cœur de ce que j'ai formulé pour la région en 2018, qui est notre stratégie Indo-Pacifique. Je l'ai présentée en 2018. On en a fait une stratégie européenne en 2020-2021, mais c'est ce qui, pour moi, est au cœur de cette relation, la liberté de la souveraineté. On ne veut pas dépendre. On veut pouvoir travailler avec les Américains, avec les Chinois, on veut avoir les meilleures relations du monde, mais nous ne voulons pas en dépendre. Nous voulons que notre souveraineté, notre stabilité, soit respectée partout, en Europe comme ici. C'est au cœur de ce projet géopolitique qu'est l'Indo-Pacifique, qui reconnaît aussi la centralité de l'ASEAN, et c'est au cœur aussi d'un projet qu'on a porté et dont nous sommes partie prenante, qui est ce que j'ai appelé le 4P, qui est ce pacte pour la prospérité des peuples et de la planète que nous avons fondé à Paris à l'été 2023, qui relie 70 pays et qui consiste à dire : on a des ambitions en commun qui consistent à vouloir la paix, la prospérité, donc lutter contre les inégalités, et lutter contre le réchauffement climatique, ses conséquences, les dérèglements et le dérèglement de la biodiversité, sans choisir, et ce qui réconcilie un agenda Nord-Sud, là où souvent on les avait opposés.
Ça, c'est le premier élément que je voulais poser. Nous vivons un moment de transition géopolitique. Votre génération a quelque chose d'inédit à vivre. Et l'alliance entre le Vietnam et la France est féconde, comme l'alliance entre l'Europe et l'ASEAN, parce qu'elle bâtit de nouveaux équilibres. C'est ça, la stratégie indo-pacifique.
Dans ce contexte, nous avons un défi à relever, nous tous dans la planète, et votre génération, elle va devoir encore accélérer ce qu'on a commencé et ce sur quoi on était très en retard, qui est le défi climatique, et qui, au fond, ce formidable défi qui est un défi environnemental, mais aussi un défi de santé, qui est de se dire comment on arrive à avoir cette vision humaniste, mais en respectant un partenaire de jeu qui est indispensable : la planète dans laquelle on vit, c'est-à-dire d'éviter, de réduire, d'atténuer nos émissions de CO2, mais aussi de nous adapter à un monde qui est déjà en train de se réchauffer, et donc à sortir d'économies qui sont trop dépendantes du carbone ; comment on a à préserver et aussi à régénérer la biodiversité, parce qu'elle joue un rôle fondamental, là aussi, pour réduire le CO2, mais pour nos équilibres et nos écosystèmes ; et comment on a à bâtir une nouvelle santé dans ce contexte.
Je lie les trois parce qu'ils sont inséparables, on le sait maintenant. C'est un nexus climat, biodiversité, santé, qui est absolument fondamental. On l'a vécu tous ensemble avec le Covid et on va continuer de le vivre de manière accélérée. Si on bouscule nos écosystèmes, on fera émerger de nouvelles pandémies, nous aurons l'incapacité de régler nos problèmes de santé. Cette transition, qui est à la fois une transition de nos écosystèmes, mais aussi une transition énergétique de l'organisation de nos sociétés, c'est un défi parmi les plus complexes à traiter. C'est celui qu'avec nos chercheurs, nos scientifiques, mais aussi toutes les parties prenantes, nous essayons de bâtir ces dernières années. Il y a eu une prise de conscience à la COP de Paris, il y a maintenant 10 ans, on fêtera l'anniversaire en fin d'année, mais on est en train de bâtir tous ensemble un agenda. Il est au cœur de ce 4P que j'évoquais, mais il est fondamental. Lui aussi, il est au cœur du partenariat entre le Vietnam et la France.
Pourquoi ? Parce que le Vietnam est une très grande économie qui veut, justement, continuer de se développer, très rapidement passer à un revenu intermédiaire, mais être une économie riche. Elle a formidablement réussi ces 30 dernières années des résultats économiques remarquables, mais l'économie vietnamienne, elle a un défi, c'est qu'elle est trop dépendante du carbone et essentiellement du charbon. C'est pourquoi la France veut être un des partenaires de la décarbonation de l'économie vietnamienne. C'est ce qu'on a conclu il y a à peine deux ans, qui est ce programme pour la transition énergétique juste du Vietnam, c'est ces fameux JETP.
Nous, nous sommes partenaires, on a déjà investi 250 millions d'euros avec l'AFD, on va investir à nouveau 250 millions d'euros, mais on veut aider le Vietnam à bâtir justement cette stratégie d'avenir. Pourquoi ? Parce que nous avons des savoir-faire, parce que la France elle-même a une énergie, une électricité qui est assez décarbonée grâce au nucléaire et des savoir-faire, mais on veut ensemble réussir et relever ce défi, et qui est un défi de formation, de recherche, de développement et de partenariat industriel dans l'hydroélectricité, dans la sobriété énergétique, dans le nucléaire, et c'est ce qu'on est en train de bâtir.
Juste avant de vous retrouver, j'étais avec d'ailleurs le vice-premier ministre, plusieurs ministres et plusieurs entreprises. C'est aussi un défi de savoir-faire, de changement d'usage, de transformation.
Le deuxième défi qui est clé et où ce que vous êtes en train de faire est fondamental, c'est de réussir cela, c'est-à-dire à faire un en même temps auquel je crois aussi beaucoup, qui est la croissance et l'écologie. Pendant des décennies, dans nos sociétés, c'est toujours un risque qu'on a, on nous a expliqué qu'il faut choisir. Il y a ceux qui sont pour l'écologie, ils sont décroissants, et il y a ceux qui sont pour l'économie, ils sont forcément polluants. C'est une totale bêtise.
Nous avons, dans toutes nos sociétés à bâtir des modèles de croissance, des modèles productifs. Vous, pour réduire les inégalités et continuer de faire progresser le revenu, nous, pour créer de la richesse et continuer de financer un des modèles sociaux les plus généreux au monde, on a le même défi. On doit continuer à créer de la richesse. Simplement, on doit le faire en arrivant à la neutralité carbone en 2050, en préservant notre biodiversité et en tenant compte de ce nexus que j'évoquais : santé, biodiversité, CO2.
C'est possible par la réorganisation de nos manières de produire, de consommer, par notre recherche fondamentale et nos innovations. Ça, c'est un défi aussi du partenariat entre le Vietnam et la France.
La troisième grande transition que vous avez à vivre, et là aussi, c'est une formidable accélération à coup sûr des deux dernières années et que nous avons à vivre, c'est la transition, j'allais dire technologique, mais au fond, elle est plus que technologique. C'est la transition de l'intelligence artificielle. En disant ça, c'est, si je puis dire, une transition des transitions, si je devais donner une formule, parce qu'elle a quelque chose aussi d'anthropologique.
Je voulais vous en dire quelques mots. Nous avons tenu en février en France un Sommet de l'intelligence artificielle. On a essayé de bâtir justement, alors d'abord des projets pour la France, ce qui est, je crois, le premier pays d'Europe, avec sans doute la Grande-Bretagne, en termes d'intelligence artificielle, mais qui, là aussi, a un défi géopolitique parce qu'on ne veut pas dépendre de la Chine et des États-Unis qui sont, à coup sûr, les deux grands moteurs de l'innovation en la matière dans le monde.
Mais l'intelligence artificielle est, sans doute, une des révolutions les plus fondamentales qu'on a à vivre, à la fois à conduire, à bâtir, mais dont nous devons penser les conséquences. Alors là-dessus, on pourra en débattre, on peut y revenir, là aussi, dans les questions. Quand on écoute certains experts, on a l'impression que l'intelligence artificielle, c'est quelque chose qui va remplacer l'humain. Moi, je ne crois pas du tout. Je ne crois pas que ce soit une super intelligence alternative. Je ne crois pas à cela. C’est la continuation de quelque chose que les scientifiques qui sont là, certains sont beaucoup plus experts que moi, vivent depuis des décennies, c'est ce qu'on appelait le machine learning et qui a toujours… enfin pas toujours, mais qui, en tout cas, ces dernières décennies, s'est beaucoup développé, etc. La seule chose, c'est que nos capacités de calcul ces dernières années se sont transformées. On a des capacités de calcul qui ont augmenté de manière exponentielle et même davantage et qui nous ont donné la possibilité d'aller plus vite et plus fort, et que ces modèles de ce qu'on appelle machine learning sont venus toucher le langage. Ça a créé une forme de déstabilisation collective parce qu'on a l'impression que ces machines apprenantes qui étaient dans la robotique ou dans d'autres domaines sont en train de devenir des humains parce qu'elles traitent du langage, qui est la chose la plus intime que nous ayons. Mais elles traitent du langage, pas comme vous et moi, elles en traitent comme une capacité de calcul extraordinaire parce qu'elles savent associer les mots et les mettre de manière logique et même extrêmement intelligente.
Nous en sommes là. Et donc on est à un moment de l'humanité où on a, en effet, des capacités de calcul, d'innovation et une transformation de ces machines apprenantes et donc de l'intelligence artificielle qui révolutionnent beaucoup de choses : notre manière d'apprendre, elles sont au cœur de la révolution pédagogique, notre manière de produire parce qu'elles vont complètement commoditiser plein de fonctions, notre manière de nous organiser collectivement.
Le lien entre, justement, l'intelligence artificielle et la robotique va aussi profondément transformer les usages, ça, à coup sûr. Face à cette révolution, nous, notre stratégie, c'est quoi ? Et c'est un peu cela, ce qu'on veut faire avec le Vietnam. Nous n'avons pas peur. Et le « nous n'avons pas peur » a, si je puis dire, plusieurs traductions. Nous voulons en être, donc on veut être au cœur de la capacité à innover, donc on veut aller plus vite, plus fort, on veut attirer les investissements. On veut former les talents, et donc on les forme en France, on a une des meilleures écoles de data scientists, de mathématiciens, etc. On veut développer le partenariat avec le Vietnam à cet égard. On veut créer les capacités de calcul chez nous pour être plus souverains, c'est ce qu'on est en train de faire, c'est cette course pour les data centers, vous aussi, vous êtes dedans. Et on veut avoir les meilleures entreprises d'intelligence artificielle et celles qui en découlent parce qu'on veut être souverain.
Mais le « on n'a pas peur » signifie aussi, on n'a pas envie qu'il y ait un modèle d'intelligence artificielle qui émerge qui ne soit pas au service de l'humanité. On veut pouvoir en penser les équilibres, le développement et le mettre au service de nos sociétés, de nos équilibres et nous aider à aller plus vite pour penser ces transitions écologiques que j'évoquais, à aller plus vite au service de la science pour avoir une médecine plus personnalisée, plus préventive. Il y a des tas de moyens d'avoir une IA au service de l'homme. Mais on ne veut pas d'un modèle qui soit, en quelque sorte, un modèle fou ou désinhibé et qui ait une vision un peu post-humaniste qui vise à vassaliser l'homme au service de la machine. C'est un vrai débat philosophique, on pourra, là, y revenir, mais c'est ça ce qu'on porte.
Pour cette transition, qui est aujourd'hui là et qui est dans une phase d'accélération, le Vietnam et la France ont beaucoup à faire en commun. Vous êtes un pays qui forme énormément de très grands scientifiques, de femmes et des hommes qui ont de très grandes expertises en commerce et en management, comme la France. Nous voulons ensemble porter cette même vision, participer de cette compétition et, en quelque sorte, on ne veut pas avoir à choisir entre une intelligence artificielle qui est totalement faite aux États-Unis ou totalement faite en Chine, ou avoir à choisir entre ces deux modèles. Nous voulons avoir, là aussi, un pluralisme des modèles qui seul permet des équilibres et qui sert la géopolitique que j'évoquais tout à l'heure.
Comme nous voulons une alliance, nous, qui ne soit pas hégémonique, qui respecte les indépendances, qui préserve la paix et les équilibres, nous voulons développer de manière partenariale de l'intelligence artificielle et des entreprises dans ce domaine, qui aillent d'ailleurs de la santé, comme on va le faire tout à l'heure, à la robotique, en passant par l'énergie ou d'autres, qui participent d'une même vision humaniste de cette transition.
Le dernier mot que je voulais avoir, c'est sur la transition démographique. On en parle insuffisamment, mais notre planète a à vivre une vraie révolution. On est 8 milliards et on va continuer à grossir. On est très loin des théories qui annonçaient qu'au-delà de tel ou tel chiffre, la planète n'était plus soutenable. Mais cette transition démographique collective qu'on a à vivre, elle a des visages, en fait, protéiformes.
On a d'abord un formidable défi alimentaire, 8 milliards de la planète, on a encore des centaines de millions de nos compatriotes, parfois, en tout cas des femmes et des hommes sur cette planète, qui sont dans la sous-nutrition ou la malnutrition. Mais surtout, on n'a pas pensé les équilibres pour cette démographie. Ça rejoint exactement ce que je viens de dire, c'est-à-dire il faut penser l'innovation qui nous permet d'avoir une planète à 8 milliards et même peut-être un peu davantage.
Surtout, quand je parle de ces 8 milliards, on a des défis qui sont très différents. On a une Europe et des États-Unis qui vieillissent, on a une Chine qui commence aussi son vieillissement, ce qui est une vraie révolution. Imaginez un pays à 1,4 milliard d'habitants qui est à vos portes, qui est en train de devenir vieux. Ce qui est une révolution. Et on a des pays extraordinairement jeunes, le vôtre en fait partie, où il faut donner des débouchés.
Cette transition démographique, elle nous oblige à faire quoi ? Bâtir des nouvelles formes de coopération. On est très loin de ça, parce que qu'est-ce qui est en train de se passer dans notre monde ? C'est en quelque sorte une peur de la démographie, c'est-à-dire que les pays qui, aujourd'hui, n'arrivent pas à donner un destin à leurs enfants sont dans l'immigration subie, et c'est tout ce qu'on voit sur le continent africain et ailleurs, et ça déstabilise, mais ça appauvrit aussi ces pays ce faisant. Les pays les plus riches devenus vieux ont de plus en plus peur de l'immigration parce qu'elle les déstabilise. Et donc, nous devons penser à de nouvelles formes de coopération en la matière parce que nous aurons besoin de migrations organisées, choisies, qui permettent de respecter les cultures de chacun, les équilibres de chaque pays, mais qui permettent, en même temps, de bâtir des équilibres à l'échelle de la planète.
Nous aurons besoin de — parce que je ne veux pas être plus long — deux choses essentielles. 1) Consolider les systèmes d'éducation, de formation dans les pays les plus jeunes et 2) conduire aussi les systèmes de formation et de transformation de nos systèmes sociaux dans les pays les plus âgés.
Je m'explique. Si on veut réussir la transition démographique que la planète est en train de vivre, il va nous falloir continuer de multiplier la formation, la pédagogie, tout ce que nous sommes en train de faire et qui est au cœur de ce partenariat. Parce que la clé, c'est que dans tous les pays où il y a une dynamique démographique, on forme bien cette jeunesse.
Le défi est là, si nous savons former cette jeunesse, elle sera un trésor. Si nous la laissons sans formation et sans opportunité économique, elle sera un problème pour ces pays, une menace, et elle sera à la main de toutes les idéologies, les fanatismes ou d'immigrations subies. Le défi pour la formation est clé. C'est pourquoi la politique éducative va continuer d'être au cœur du partenariat entre le Vietnam et la France, mais plus largement dans la région. C'est pourquoi nous allons continuer d'investir dans la formation de tous les talents et continuer aussi de le faire chez nous en France, qu'il s'agisse du premier cycle, comme du cycle universitaire, comme de notre recherche.
La deuxième chose, c'est qu'il nous faut penser le vieillissement de nos sociétés. Ça veut dire penser l'organisation du cycle de vie dans des sociétés comme la nôtre, penser aussi les systèmes de santé qui doivent être plus dans la prévention, dans la capacité à traiter des maladies chroniques, parce qu'elles vont se multiplier dans des sociétés qui vieillissent, et penser la place de chacun, parce qu'en fait, on est des sociétés qui ont été conçues, pensées dans leur organisation au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, c'est-à-dire avec une espérance de vie très différente et un cycle de vie très différent. Ça aussi, c'est une vraie révolution.
La transition démographique ne doit pas être sous-estimée dans ce que nous sommes en train de vivre. Fort de cela, c'est pourquoi la France va continuer d'investir dans son école, son université, sa recherche. C'est aussi pour ça que je suis très heureux qu'on ait une huitième école qui ait pu être parachevée à l'occasion de ce déplacement. Mais c'est aussi pour cela que, et je le dis ici avec beaucoup de bonheur à l'USTH, cette nouvelle ère dans laquelle nous sommes en train de rentrer, elle sera marquée par davantage d'échanges universitaires. Je viens ici avec l'ambition de multiplier par deux, d'ici à 2030, le nombre de nos échanges universitaires et des étudiants que nous voulons accueillir en France depuis le Vietnam. Parce que c'est, je crois, une ambition qui est essentielle si nous voulons réussir et poursuivre sur la base de ce partenariat très fort qui est déjà le nôtre. Nous continuerons d'avoir ce modèle unique qui est le modèle français, mais je veux qu'il puisse être au cœur de cette relation et qu'on multiplie par deux donc les échanges universitaires qui sont aujourd'hui les nôtres dans les 5 ans qui viennent.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les quelques convictions que je voulais partager avec vous. Nous rentrons dans une nouvelle ère. Elle est au cœur de cette transition géopolitique, climatique, technologique et démographique que je viens d'essayer de décrire.
Pour celle-ci, je crois très profondément que ce qui lie le Vietnam et la France est une chance, parce que nous avons une vision commune, nous ne voulons pas dépendre, nous avons une certaine idée de l'Homme, et nous voulons relever ces défis en croyant dans le progrès, en croyant dans les équilibres et en croyant dans la paix.
Ces croyances ne sont pas des vœux pieux, et ils sont exprimés ici par le président d'une République laïque. Ce sont simplement des croyances humanistes et ce sont des résolutions d'action pour l'avenir. Vous l'avez compris, nous ferons tout pour que votre génération puisse réussir, mais votre génération a d'immenses défis devant elle. Je vais maintenant répondre à toutes vos questions. Merci beaucoup.
Animateur
Monsieur le Président, tout d'abord, un grand remerciement pour ce discours, cette vision stratégique sur les grandes transitions qui vont, je pense, marquer les esprits.
Etudiante
Merci beaucoup. Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs. Je suis une thésarde du laboratoire à l'USTH. Maintenant, je travaille sur le changement climatique et les bases de données historiques de la météorologie du Vietnam.
Je tiens à vous remercier de votre discours, à la fois très engageant et très inspirant. C'est un véritable honneur, non seulement pour moi, mais pour l'ensemble des étudiants de l'USTH, de pouvoir vous écouter et vous accueillir parmi nous aujourd'hui.
Ensuite, dans votre intervention, je voudrais vous poser une question. Comme vous l'avez mentionné, la transition de la technologie, l'intelligence artificielle et les technologies numériques, prend un rôle très central dans nos vies. Mais c'est aussi quand on dépend plus souvent d'un petit nombre de grands fournisseurs de nos données, nos logiciens, nos infrastructures. Cela soulève des vraies questions de nos indépendances, nos souverainetés numériques. Pensez-vous que l'open source puisse être la solution pour l'avenir ? Selon vous, devrions-nous investir davantage dans ce domaine ? Merci beaucoup, Monsieur.
Emmanuel MACRON
Vous avez parfaitement raison. C'est ce qu'on essaie de faire et c'est pour ça qu'il faut essayer de se mettre ensemble pour le faire. Et s'il y avait besoin de se dire que c'est un problème de trop dépendre d'une seule entité, ce qu'on est en train de vivre dans votre domaine de recherche, avec le choix américain d'un seul coup de tout couper, le montre. Les décisions qui sont prises par le gouvernement fédéral américain sur la NOAA, par exemple, mettent en péril une partie de votre domaine de recherche. Parce que vous avez un gouvernement fédéral qui ne croît plus dans le climat, la transition climatique. Il dit, « j'arrête complètement, mais je mets en risque les bases de données de calcul et aussi des équipements qui étaient des équipements essentiels pour tous les chercheurs de surveillance du climat, de la planète, des océans ».
Face à ça, qu'est-ce qu'on doit faire collectivement ? C'est un peu ce que je disais, c'est le fil rouge de mon discours. On doit tout faire pour moins dépendre. On veut coopérer avec tout le monde, mais il ne faut pas dépendre. Donc, oui, dans votre domaine, climat, météorologie, on a des capacités extraordinaires aujourd'hui d'observation satellitaire. On a des capacités de calcul, l'image avec l'intelligence artificielle, qui permettent aujourd'hui à certains laboratoires, certaines entreprises, de prévoir, je dis ça avec beaucoup de prudence parce que je suis sous votre contrôle, et puis là, il y a des scientifiques beaucoup plus éminents que moi, donc j'essaie de mal répéter ce que j'ai appris d'eux.
Mais on peut, avec l'intelligence artificielle, beaucoup mieux modéliser les choses et donc prévenir. C'est formidable pour la connaissance de la planète, mais imaginez aussi pour prévoir des événements qui vont arriver, c'est-à-dire un tremblement de terre ici, un cyclone là, etc. C'est un progrès considérable.
Simplement, on est encore trop dépendant de certains pays, certaines capacités d'observation. Il y a deux grands champions : les Américains et les Chinois. Il faut que tous les autres continuent de travailler avec les Américains et les Chinois, mais d'abord qu'on s'assure toujours que le système est ouvert. Je le dis ici, je vais répondre spécifiquement à l'open source, mais la clé, nous, nous défendons un modèle de science libre et ouverte. C'est-à-dire que ça ne soit jamais aux dirigeants de dire : on n'a pas le droit de chercher là ou on n'a pas le droit de chercher là. Et ça, ça doit être une garantie universelle.
C'est pour ça qu'on a lancé, d'ailleurs, il y a quelques semaines, « Choose Europe for Science », pour dire à tous les chercheurs qui sont empêchés sur ces programmes, venez rejoindre la France et l'Europe, parce que vous avez là un havre de paix et on vous laisse chercher librement.
La deuxième chose, on doit réduire nos dépendances. C'est-à-dire qu'on doit, en Europe, en Asie du Sud-Est, dans le continent latino-américain, en Afrique, construire des capacités de recherche, des capacités de calcul et d'observation qui soient moins dépendantes des Américains et des Chinois. C'est absolument fondamental. Donc, on veut, être des partenaires, mais pas dépendre. Et sur ce qui est de l'intelligence artificielle, on doit continuer d'abord de former des talents dans nos pays. C'est le premier élément clé.
Le deuxième élément clé, on doit avoir des data centers et des capacités de calcul dans nos pays pour ne pas dépendre des capacités uniquement américaines et chinoises.
La troisième, oui, il faut ensuite que des modèles, qu'il s'agisse des LLM mais de tous les modèles, soient des modèles dits d'open source. Vous avez parfaitement raison, c'est ce qu'on développe en France. C'est au cœur de la première stratégie d'intelligence artificielle qu'on a lancée en 2018, puis de la deuxième qu'on a rénovée, c'est-à-dire, on veut lancer, au niveau français et européen, des modèles ouverts. On a besoin de ces derniers. On a besoin pour qu'ils ne soient pas fermés sur des bases géopolitiques. On en a besoin aussi dans la coopération qui sont les nôtres.
Je le dis ici parce que vous avez parlé en français, je vous en remercie. La francophonie est aussi un élément clé dans cette stratégie. Je ne veux pas être trop technique et s'il y a d'autres questions là-dessus, on pourra y revenir. Mais quand on a un modèle de langage, par exemple, quand on a ensuite de l'IA qui permet de faire des recherches, la manière dont vous avez entraîné votre intelligence artificielle, c'est un biais. Si vous ne laissez que des intelligences artificielles anglophones, sinophones, exister, vous aurez un gros problème, parce que leurs biais seront anglophones.
C'est pour ça qu'on veut aussi développer, avec l'open source, des modèles d'intelligence artificielle qui sont entraînés sur le français, c'est-à-dire qui ont la connaissance des références, du thésaurus, des biais de langage, des intraduisibles, ne fonctionnent pas si vous les avez complètement entraînés sur l'anglais. De la même manière, il faut en entraîner sur le vietnamien. Avec l'open source, il y a aussi l'idée, là, pour ce qu'on appelle les Large Language Model, d'avoir des modèles qu'on entraîne sur le plurilinguisme. Moi, je défends la francophonie, je la défends ici avec vous, mais la francophonie, c'est une langue de passage, c'est-à-dire qu'elle est ouverte aux autres. Donc, formidable révolution, et oui à l'open source, oui à, en quelque sorte, des modèles ouverts, et oui à des partenariats entre l'ASEAN, l'Europe, le Vietnam, la France, sur les talents, les data centers et la coopération scientifique là-dessus.
Étudiante
Le monde est, comme vous l'avez mentionné aussi, bousculé dans ces mutations technologiques et dans ces équilibres internationaux. Avec votre expérience, quelles sont pour vous les compétences sur lesquelles nous, les étudiants et les jeunes diplômés, doivent se concentrer ?
Emmanuel MACRON
Je ne veux pas être prescriptif parce que je pense que toutes les disciplines dans lesquelles vous êtes engagé permettent, dans ce monde en changement, de trouver un repère et de réussir. J'aurais tort si je vous disais c'est ceci ou cela, sans doute aussi parce que je ne suis pas capable de prévoir le monde où vous aurez à vivre dans 10 ans, dans 15 ans. Mais au fond, c'est un peu ça la vision qu'on porte. C'est une vision humaniste et c'est celle qui consiste à vous encourager à avoir la meilleure formation possible. Et donc, je ne vais pas répondre à votre question. Plutôt, je vais essayer d'y répondre à côté. Je ne vais pas vous dire qu'il faut que vous fassiez de la biologie ou des data science ou je ne sais pas, parce qu'en fait, je n'ai pas la bonne réponse. Mais je voudrais vous dire juste quelques convictions.
Faites des études et faites-les avec passion parce que c'est ce qui vous permet d'apprendre dans un domaine, dans une discipline, mais aussi dans beaucoup d'autres en fait, parce que la démarche qui consiste à apprendre ou à chercher, ça dépend du cycle d'études dans lequel vous êtes, vous pouvez ensuite le déployer dans beaucoup d'autres secteurs. C'est une démarche qui consiste à douter, à apprendre des livres, de vos maîtres, et donc à avoir un rapport aussi avec et une humilité par rapport au savoir qui vous précède, à reconnaître une autorité académique qui est plus forte que vous, à remettre en cause ces savoirs lorsque vous aurez ensuite la capacité de les critiquer et de les questionner.
Je crois que cela, quelle que soit la discipline que vous embrassez, c'est plus que jamais utile dans le monde où nous sommes entrés, qui est un monde, vous le voyez bien, où les incertitudes sont constantes, mais où il y a un risque, c'est d'entrer dans la post-vérité. Il y a un risque, c'est d'entrer dans le nivellement de tout et dans une forme d'hyper-relativisme qui va, à mes yeux, conduire le monde à une forme de désespoir. Pour moi, un des risques qu'il y a dans votre génération, c'est qu'on se dise, comme j'ai accès à Twitter et que je peux insister ou dire au meilleur professeur de chimie du monde ou au meilleur philosophe : « tu es un imbécile » et avoir plus de gens qui likeront mon tweet ou qui suivront mon Instagram, je suis plus fort que lui. C'est un peu ça le monde dans lequel on vit. Ce monde est affreux. Ne pensez pas qu'il est désirable. C'est un monde d'imbéciles.
Je pense que celui ou celle dont vous ne comprenez pas la pensée, ne la critiquez pas, ne la commentez pas par un message de 140 signes. Essayez de la comprendre. Je pense que le moment dans lequel on est est un moment qui, ou se consumera, ou devra faire une transition. Faire des études vous permet d'avoir des repères. Moi, je ne crois pas que toutes les paroles se valent. Je pense qu'il y a des gens qui savent et qu'il y a des gens qui savent moins bien que d'autres. C'est ça, ce que vous apprenez dans les études. C'est le principe de l'autorité académique, de la reconnaissance des pairs, ça a de la valeur. Je crois qu'on ne doit pas être dans un monde de l'invective, on doit être dans un monde du doute, parce qu'on est dans un monde de plus en plus complexe. Apprendre vous apprend le doute, ça a beaucoup de valeur.
Il y a toujours eu des controverses dans le monde universitaire entre les anciens, les modernes, entre telles théories qui voulaient revenir sur une telle autre. On est dans un monde de l'invective. Apprenez la controverse respectueuse. Ça, ça a beaucoup de valeur.
Nous sommes, je le disais, dans un monde de la post-vérité. On a l'impression que tout se vaut, les images, les choses. Le rapport à la vérité que vous apprenez dans vos études a une valeur immense. Immense parce que c'est celui qui permet de vivre dans une société avec des cadres de référence communs. Pour toutes ces raisons, je vous dirais de continuer d'apprendre, puis de chercher. Quelle que soit la discipline, que ce soit la médecine, la gestion, la biologie ou autre, ça, c'est fondamental pour votre génération.
La deuxième chose, je voudrais vous dire, continuez d'apprendre au-delà. Et en fait, le secret, c'est que vous ne finirez jamais d'apprendre. Alors, peut-être serez-vous chercheuse, ou enseignante, enseignante-chercheuse, alors vous pourrez le faire dans un cadre académique, mais où que vous soyez et quoi que vous soyez, considérez que ça n'est jamais fini. Parce que le savoir humain est en expansion et que je pense que toutes celles et ceux qui continuent d'essayer d'apprendre, et bien parfois essayer, parce qu'on a peut-être moins le temps, c'est une démarche personnelle, mentale qui est formidablement importante. Parce que justement, elle permet de continuer ce que je viens de dire là : l'humilité, le respect, et l'ambition de mieux savoir, de mieux comprendre et donc de servir un monde meilleur.
Mon troisième conseil, c'est aussi de dire, ne pensez jamais qu'une discipline vaut mieux qu'une autre, ayez ce goût en quelque sorte humaniste qui consiste à être le plus complet possible. Et si vous êtes en train aujourd'hui, je ne sais pas quelle est votre discipline, mais d'apprendre les technologies ou autre, soyez curieuse de la poésie et de la philosophie. Si vous êtes dans les sciences du management, essayez de comprendre l'intelligence artificielle et le calcul quantique. On a tous les limites, moi le premier, mais s'intéresser au reste, essayer d'avoir une approche la plus universaliste des choses, je crois, est important. Voilà quelques conseils et un viatique.
Mais mon plus grand conseil, c'est : faites ce que vous croyez bon, soyez libre parce que c'est le savoir qui rend libre. Et la liberté commence – pour paraphraser Victor Hugo - à chaque fois que l'ignorance commence à s'arrêter. C'est ça, la véritable liberté, par le savoir, et pas autrement.
Étudiante
En 1971, le sixième plan d'investissement de l'État français, lancé par le président Pompidou, avait mis en avant le nucléaire, l'industrie et le train à grande vitesse. Il existe des similitudes avec le projet actuel du Vietnam, initié par le secrétaire général Tô Lâm et donc, considérez-vous avec le recul et l'expérience d'un grand pays comme la France, que les planifications de l'État sont de nature à faire progresser les pays et les inscrire dans la durée ?
Emmanuel MACRON
Le secrétaire général Tô Lâm m'a présenté, m'a expliqué sa stratégie et je dois dire que, d'abord, il a été un formidable hôte et ami pendant cette visite d'État avec mon épouse et moi-même. Et je suis très impressionné par ce que votre pays est en train de faire, de réussir et, en quelque sorte, là aussi, la nouvelle ère, l'accélération dans laquelle votre pays est entré. La France, après-guerre, a eu plusieurs planifications qui étaient nécessaires parce qu'il fallait reconstruire et qu'il y avait une part de l'État très importante. Ensuite, on a abandonné les planifications dans notre pays. Pourquoi ? Parce qu'à mesure que la part du secteur privé devenait importante, qu'on rentrait dans une économie mature, riche, avec de plus en plus d'innovations, c'est sans doute très difficile d'avoir une planification de tous les secteurs.
Vous êtes à un moment de votre vie économique et avec une organisation politique et économique qui est différente et donc qui justifie ces planifications. La planification en France a permis de faire des grands projets et elle permet de faire de grandes choses. Et vous avez raison, tout ce que vous avez cité est vrai, les grands projets ferroviaires, spatiaux, industriels. Et d'ailleurs, parfois, la sortie de planification nous a conduits à ne pas voir des choses et à rater des portes. D'autres fois aussi, on s'est trompé dans la planification, vous savez. Donc, je ne dirais pas qu'il y a un seul modèle qui marche. Mais je vais vous dire quelques convictions depuis un pays qui a fait la planification et l'a abandonné.
Par exemple, pour l'écologie, on a repris une forme de planification légère, mais depuis 2022, on a une planification écologique environnementale, mais qui n'est pas du tout ce qu'étaient les plans d'après-guerre. Premièrement, c'est normal dans certains secteurs que la puissance publique ait un rôle d'impulsion. C'est une bonne chose et il le faut, parce qu'il y a des secteurs où il faut tellement mettre les partenaires dans la même direction, il faut mettre tellement d'argent, etc., qu'ils le font. Ça, c'est oui. Mais il ne faut pas, dans une économie, que la puissance publique soit partout et à tous les étages, parce que parfois, c'est plus efficace d'avoir des structures privées. Donc, il y a un bon équilibre à trouver.
Deuxièmement, on a besoin d'avoir une impulsion politique, mais elle doit toujours pouvoir être questionnée par le secteur privé et par la science. Pourquoi ? Parce que vous avez cité des très bons arguments où la puissance publique a décidé grand programme nucléaire, d'ailleurs très alimenté par les très grands scientifiques. D'autres fois, vous savez, on s'est trompé. Vous avez vu ce qu'on a appelé le programme calcul et autres. On a fait des grands programmes publics et on est parti de travers. Peut-être que quelque chose de plus ouvert, plus contradictoire avec la science aurait pu marcher. Je pense que c'est très bon, même quand on a de la planification ou autre, d'avoir cette dialectique de constamment questionner. C'est pourquoi le dialogue avec les universités, les chercheurs, toutes les parties prenantes est bon.
Troisième élément, en vrai, qu'est-ce qu'on est en train de se dire ? Le bon équilibre, c'est de garder une capacité de mobilité qu'offre le secteur privé, mais avoir un certain rapport au temps long. Au fond, ce qu'apporte l'État, ce qu'apportent les planifications, c'est un rapport au temps long, c'est plutôt une bonne chose, parce que nous sommes dans un monde qui peut partir dans toutes les directions très vite. Est-ce que pour autant, je pense qu'aujourd'hui, il faut remettre de la planification dans tous les secteurs de l'économie ? Je ne suis pas totalement persuadé, parce qu'il faut de la flexibilité et de la souplesse qu'apportent le secteur privé. Voilà, donc je crois à une complémentarité. Mais, en quelque sorte, les leçons que j'ai retenues, nous, de notre passé, c'est, il faut un rôle d'impulsion de l'État face à certains grands défis technologiques. L'État doit être là pour assurer des missions régaliennes et financer aussi une formation, une recherche libre.
Ensuite il est très bon, même quand on a de la planification ou quelques autres systèmes, d'avoir des débats ouverts, publics entre la science, le secteur public, le secteur privé. Et même si on est dans un monde qui va de plus en plus vite, il est bon de garder un certain rapport au temps long. On a réussi à rallumer la lumière.
Étudiante
Quand on doit choisir une destination pour faire des études internationales, la France est certainement un des pays où les droits de scolarité sont les moins chers au monde par rapport à la qualité des formations. Alors, pourriez-vous expliquer le mécanisme financier spécifique voulu par la France que si peu de pays dans le monde l'adoptent ? Merci beaucoup.
Emmanuel MACRON
Je pourrais dire cela, être heureux comme un étudiant du Vietnam en France. Merci par cette question qui pourrait paraître naïve, mais en fait, tant de Françaises et de Français ne se posent plus. Et vous avez raison. En fait, si ce n'est pas l'étudiant qui le paye, c'est que c'est le contribuable français qui le paye. C'est un modèle qu'on a choisi, mais on oublie cela. Et d'ailleurs, dans notre pays, on oublie totalement de le dire. Quel autre pays au monde a en effet, des études gratuites, quasiment, à un tiers des étudiants qui sont boursiers, un tiers, n'a plus de Sécurité sociale étudiante, et elle est prise en charge par la puissance publique ? Il n'y en a pas.
Alors, chez nous, on a des débats parce que le logement, ce qui est vrai, est encore trop cher, ceci, cela. Mais votre question rappelle que dans tous les pays où est un étudiant comme vous doit voyager, les études peuvent parfois coûter des dizaines de milliers d'euros, pas simplement pour les étudiants étrangers et pour chez nous, mais pour les étudiants du pays. Donc, le modèle qui est le nôtre, c'est un modèle où on considère que c'est, en quelque sorte, à la puissance publique et donc aux contribuables français de payer des études supérieures. Je défends ce modèle. Alors, je pense qu'après, il faut laisser des souplesses aux établissements. Je crois à la liberté, à l'autonomie des universités, pour que le modèle soit multiple. Mais je pense que ce modèle, en tout cas, où le cœur du financement vient du contribuable, est un bon modèle.
Parce qu'il permet d'avancer et qu'il a permis aussi un accès plus juste aux études supérieures. Et je pense que c'est une force. Simplement, la difficulté qu'on a, c'est que parfois, on l'oublie chez nous. Donc, il faut le rappeler. Parce que c'est un choix collectif. On est content de ne pas payer l'université, on n'est pas content de payer des impôts, si je devais résumer les choses et des problèmes quotidiens que nous avons à vivre. Donc voilà, ça, c'est le modèle français. À côté de ça, on a Campus France qui fait un travail remarquable et qui permet d'accompagner des étudiants étrangers. Et après, il y a toujours le prix du logement, des choses qui sont à payer par l'étudiant. Mais je crois que ce modèle est un bon modèle et on va continuer de le développer et de le consolider dans les années qui viennent pour essayer d'avoir les meilleurs talents du monde entier, pour essayer d'irriguer aussi à travers le monde ces talents. Parce que si une étudiante comme vous vient en France apprendre dans une université à Paris 6 ou à Montpellier ou que sais-je, elle va nouer un contact extraordinaire avec la France.
Évidemment, d'abord, c'est une aventure humaine, académique, qui est justifiée par elle seule. Mais même pour la France, en fait, c'est un investissement dans l'avenir de faire ça. Parce que j'aurai à travers vous quelqu'un qui va aimer la France, qui va ensuite peut-être former des tas d'élèves à son tour et qui les fera aimer la France, qui aura peut-être des responsabilités au Vietnam demain et qui n'aura jamais ou oublié Paris ou Montpellier, qui aura connu nos auteurs, qui va... Et ça, ça n'a pas de prix. Ça n'a pas de prix. Donc voilà, le modèle français, je pense que c'est un bon modèle. Il est assez atypique et vous avez raison d'en faire la publicité, mais je voudrais vous dire qu'en effet, on a l'accès en tout cas à l'université qui est parmi les moins chères au monde, mais on a aussi et surtout une formation qui est parmi les meilleures au monde.
Et c'est la réconciliation des deux parce qu'à côté de ça, il y a une très grande qualité de recherche d'enseignement supérieur. C'est la combinaison des deux qui fait sens. Je crois beaucoup à ce modèle et merci de l'avoir ainsi promu.
Étudiante
Comme vous le savez, l'architecture est une expression culturelle profonde, mais aussi à la fois un levier économique, et la France est surtout dans le contexte de transition écologique et de la transformation des territoires. Donc comme on le sait, la France est un pays de diversité et aussi de singularité. Et pourriez-vous développer davantage ? Et comment se manifeste cette diversité ? Et quels en sont les avantages pour les étudiants ?
Emmanuel MACRON
Merci beaucoup. Et je vais donc conclure sur ce point et peut-être avoir un dernier mot. C'est un continent que vous avez ouvert. Non, la France est une grande nation d'architecture et on est très fiers de nos architectes. Il y a eu plusieurs Prix Pritzker encore récemment des architectes de toutes les générations. Et on est très fiers que, d'ailleurs, ils s'exportent dans le monde entier et viennent travailler ici et partout ailleurs. Et vous l'avez dit, les transitions dans lesquelles nous vivons font aussi repenser le modèle d'architecture. Alors, je serais bien en peine, enfin d'ailleurs, je serais injuste de caractériser l'école française. Je pense qu'elle est diverse et qu'on a toutes les générations d'architecture et que nos architectes sont dans un dialogue permanent avec leurs homologues, leurs partenaires, leurs amis du monde entier. Mais l'architecture dit quelque chose de la société qu'on veut. Et j'ai parlé beaucoup de transition, peut-être en un langage abstrait, mais l'architecture donne un contenu sensible au projet de vie qu'on a. C'est ça qui fait de votre discipline un art véritable. C'est pour ça qu'on le promeut en France avec Madame la ministre. C'est que nous croyons dans nos architectures et nos architectes sont des artistes.
Ils permettent de penser la ville. Vous êtes dans un pays qui continue de s'urbaniser et penser par l'architecture la ville, c'est penser ses équilibres, c'est-à-dire la capacité à remettre du vert, des équilibres entre le naturel et l'urbain. C'est penser aussi les services, comment on a une ville durable, intelligente, qui pense mieux les mobilités et autres. Donc tout ça, nos architectes sont en train de le concevoir. Et on a beaucoup d'architectes qui sont des architectes d'un urbanisme nouveau, très présent dans votre région et qui pensent un urbain qui soit, en effet, plus à l'échelle humaine et qui redonnent une place aux végétales. La deuxième chose, c'est qu'on a — là, c'est plus pour certains quartiers chez vous et beaucoup de capitales qui ont déjà été surconstruites — on a à penser la ville sur la ville, c'est-à-dire comment on retrouve de la hauteur pour éviter l'étalement, qui est mauvais pour le climat, mais comment on pense aussi des ville-palimpsestes, parce que beaucoup de nos villes, en fait, ont plusieurs générations. Et donc, on a de plus en plus d'architectes qui ne détruisent plus, mais qui sont des architectes du respect des générations passées, des architectures passées, de ce qui a habité et existé dans les lieux. Et donc, ce n'est plus une architecture, si je puis dire, triomphante ou qui écrase, mais plutôt qui réhabite et qui réinvente.
Tout ça pour vous dire qu'il y a plusieurs modèles, vous l'avez dit, mais l'architecture française a plusieurs écoles, mais elle croît… en fait, elle habite ces transitions que j'évoquais. Et elle essaie de penser de nouvelles formes d'urbanisme, elle essaie de penser le vieillissement des populations quand elle est chez nous, elle essaie de penser la transition climatique en étant plus vertueuse sur le plan thermique, en étant moins dans l'étalement urbain, etc. Mais enfin et surtout, elle donne du beau au milieu de ce monde qui change. Et ce faisant, elle est la plus belle marque de respect pour celles et ceux qui auront à habiter dans les œuvres de nos architectes. C'est de se dire que chacun a droit au beau et à accéder au beau. Donc c'est pour ça aussi que nous défendons l'architecture.
Alors, elle s'est illustrée dans des grands chantiers qu'on a pu avoir, à Villers-Cotterêts ou à Notre-Dame de Paris, on a de grands architectes et tous les métiers d'art qui se sont exprimés, mais elle s'exprime aussi dans tous les grands chantiers internationaux où nos architectes font partie, justement, des candidats souvent des primés et des projets que nous poussons, et des bourses que nous donnons aux jeunes architectes. On l'a fait dans le monde nouveau, on continue à le faire dans nos programmes d'architecture. Et donc merci au sein de cette université, Madame la professeure, de porter cette magnifique discipline.
Je voudrais terminer en vous remerciant pour votre attention, pour vos questions, pour aussi faire vivre ce partenariat entre le Vietnam et la France. Et vous l'avez compris, je pense que nous avons, en effet, cet avenir en commun. Mais je voudrais vous dire un tout dernier mot sur la langue française. D'abord, pour vous inviter, quand vous viendrez aussi, vous avez à venir à Paris, enfin en France, dans les mois ou les années qui viennent, nous venons de faire un lieu extraordinaire à une demi-heure de train de Paris qui s'appelle Villers-Cotterêts, qui est la Cité internationale de la langue française. Villers-Cotterêts, peut-être que vous ne connaissez pas ce lieu, c'est la ville où François Ier a fait du français la langue de l'administration de la France. Puis, plusieurs centaines d'années après, c'est la ville où Alexandre Dumas est né. Il y avait un château, ce château où François Ier a signé ses ordonnances, qui était en ruine. On l'a complètement refait avec la ministre, là aussi des architectes, des scientifiques, des chercheurs. Et nos chercheurs y ont inventé une Cité internationale de la langue française. Et d'ailleurs, on y fait beaucoup de choses sur l'intelligence artificielle et sur la possibilité…
Enfin, la nécessité d'avoir des modèles francophones. On forme des enseignants, on fait de la recherche sur la langue. C'est un lieu extraordinaire. Venez-y ! Mais surtout, continuez d'apprendre le français, d'apprendre en français et de convaincre vos camarades d'apprendre le français. Pourquoi ? Parce que c'est une langue qui habite les 5 continents. Il y a très peu de langues qui sont sur les 5 continents de manière native, par l'histoire de la France, par ses territoires ultramarins. La deuxième chose, c'est parce que c'est une langue qui n'est pas hégémonique, il y a très peu de locuteurs français qui ne parlent que le français. Le français se pense, continuera de se penser, dans le multilinguisme, le plurilinguisme, l'échange permanent. C'est d'ailleurs comme ça que nous concevons notre stratégie de la francophonie. Et le monde que nous avons, dans lequel on aura évolué, est multilingue.
La troisième chose, c'est que cette langue à horizon 2050, elle sera la deuxième ou la troisième la plus parlée au monde. Pourquoi ? Parce qu'il y a une dynamique démographique extraordinaire des pays de langue française, en particulier sur le continent africain. Et si vous, étudiants, vous voulez aller chercher, travailler, faire du commerce en Europe, en Afrique, dans le Pacifique, en Amérique latine, le français fait partie des rares langues parlées sur ces continents. Et si je parle par exemple du continent africain qui a devant lui un avenir extraordinaire, c'est de très loin la première langue de ce continent et la passerelle entre toutes les langues. Donc le français est une langue de cet avenir en commun. Donc, je vous invite vraiment à l'épouser avec cette générosité qui l'accompagne. Et je ne veux pas être long, je voulais vous remercier. Et merci d'avoir parlé français aujourd'hui. Je veux dire ma culpabilité de ne pas être capable de faire la même chose dans votre langue. Mon très grand respect pour la langue vietnamienne.
Cette visite a également été marquée par des rencontres avec des personnalités du monde culturel, une illustration de la richesse des liens artistiques et historiques qui unissent la France et le Vietnam.
En fin de journée, le Président et Mme Brigitte Macron ont quitté le Vietnam pour se rendre en Indonésie, poursuivant ainsi leur tournée diplomatique dans la région.
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